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dimanche 31 juillet 2011

Expo: la Vieille Pinacothèque dans les photographies historiques

 
Blick in den Rubenssaal (Aufnahme von 1926)
La salle Rubens en 1926

28.07.2011 - 18.09.2011
Alte Pinakothek

Les collections de tableaux du Land de Bavière recèlent des trésors photographiques, dont des négatifs sur plaques vieux de près de cent ans. Il s'agit de photos des tableaux mais aussi de photographies des salles et de l'extérieur du bâtiment tels que le Roi Louis Ier et Leo ont pu les connaître, ainsi que les innombrables visiteurs qui ont parcouru le musée avant que les bombardements de la deuxième guerre mondiale ne les détruise. Les documents photographiques montrent le travail des décorations en relief de plâtre et d'or des plafonds et le cycle de fresques peintes par Peter von Cornelius dans les loggias, à l'endroit où se trouve aujourd'hui l'escalier de Hans Döllgast. On peut aussi voir les statues des artistes du passé sur la balustrade du côté sud de l'édifice. L'exposition présente un choix de photographies en noir et blanc et en grand format, qui ont été réalisées par digitalisation des plaques photographiques anciennes.

Heures d'ouverture

Alte Pinakotek, tous les jours sauf le lundi de  10.00 à 18 heures
Les mardis jusqu'à 20 heures




La balustrade des artistes en 1943
 ( statues exécutées selon les modèles de Schwanthaler)


Statue de Jan Van Eyck


Et ce qu'il en reste...



Une fresque perdue de Peter von Cornelius

Posted by Picasa

samedi 30 juillet 2011

Le Roi Baudoin Ier de Belgique visitait Munich il y a 40 ans

Nous commémorons aujourd'hui le dix-huitième anniversaire du décès du Roi Baudoin Ier de Belgique. A cette occasion, les Munichois se souviennent peut-être que le Roi des Belges avait effectué du 27 au 30 avril 1971, il y a quarante ans, une visite d'état avec une halte dans la capitale bavaroise. Le souverain belge était accompagné de la Reine Fabiola. Au programme de la visite figuraient notamment le château de Nymphenburg,  le Deutsches Museum, les entreprises Siemens, et pour la reine la Alte Pinakotek. Les souverains se sont également rendus au Théâtre national (National Staatstheater).

Les archives d'état allemandes en ont gardé le souvenir photographique.


File:Bundesarchiv B 145 Bild-F033775-0010, München, Staatsbesuch König von Belgien.jpg
Arrivée à l'aéroport de Riem


File:Bundesarchiv B 145 Bild-F033776-0002, München, Staatsbesuch König von Belgien.jpg

File:Bundesarchiv B 145 Bild-F033776-0008, München, Staatsbesuch König von Belgien.jpg
Au château de Nymphenburg



File:Bundesarchiv B 145 Bild-F033797-0003, München, Staatsbesuch König von Belgien.jpg
La reine Fabiola visitant la Alte Pinakotek

File:Bundesarchiv B 145 Bild-F033779-0009, München, Staatsbesuch König von Belgien.jpg
Au National Theater

Source des photographies et plus de photos en cliquant ici

Un tabou brisé à Bayreuth: l'orchestre de chambre d'Israel y a joué du Wagner!

Un énorme tabou vient-il  d'être brisé hier à Bayreuth? On sait que Wagner et sa musique sont indésirables en Israël. Et pour cause: Richard Wagner était anti-sémite, Adolf Hitler adorait sa musique et s'est rendu fréquemment sur la 'Colline verte' de Bayreuth. Il était l'ami intime de Winnifred Wagner, certains vont même jusqu'à avancer qu'il fut son son amant, elle fut une des premières femmes à adhérer au parti national-socialiste et c'est elle qui fournit à Hiler le papier sur lequel il écrivit Mein Kampf alors qu'il était en prison. La musique de Wagner rappelle à de nombreux Juifs le temps abhorré du nazisme et de l'holocauste.

Roberto Paternostro
Pourtant hier midi, un orchestre israélien a pour la première fois joué du Wagner à Bayreuth, dans le cadre du Festival : l'orchestre de chambre d'Israël y a donné avec au programme la Hatikva, l'hymne national israélien,  des oeuvres de compositeurs juifs et israéliens et de la musique de Richard Wagner. Le concert a été organisé à l'initiative conjointe  de Katharina Wagner, l'arrière-petite-fille du compositeur qui codirige le festival et a accepté de parrainer le projet, et du chef d'orchestre Roberto Paternostro. 

L'orchestre de chambre d'Israël a exécuté des oeuvres de compositeurs juifs (Tzvi Avni, Gustav Mahler, Felix Mendelssohn-Bartholdy), une oeuvre de Franz Liszt et, pour terminer,  la Siegfriedidyll (Idylle de Siegfried),  un poème symphonique pour orchestre de chambre de vingt minutes que Wagner avait composé comme cadeau d'anniversaire pour sa seconde femme, Cosima, après la naissance de leur fils Siegfried en 1869. Il avait été joué le matin de la Noël 1870 en Suisse, sur les marches de la villa Tribschen et avait réveillé Cosima, elle aussi anti-sémite...

700 personnes ont suivi ce concert qui s'est déroulé sans incident et fut longuement applaudi, avec standing ovation. Les applaudissements ne s'interrompirent que lorsque le premier violoniste donna aux musiciens le signal qu'il était temps de quitter la scène!

Les personnalités suivantes étaient présentes à ce concert: la Directrice du festival de Bayreuth Katharina Wagner, le Maire de la Ville de  Bayreuth, le  Dr Hohl, Jonathan Livny, le fondateur de la première association Wagner en Israel, Jonathan Livny, et le président des assocations Wagner allemandes, Nicolaus Richter.

Ce type d'initiative, qui se veut apolitique et manifeste une volonté de réconciliation dans le chef des organisateurs, ne fait pas l'unanimité. L'annonce du concert avait  provoqué une polémique en Israel et  le Ministre israélien de la Culture  avait dû intervenir pour que les subventions à l’orchestre ne soient pas coupées. Les musiciens avaient le choix de venir en Allemagne ou non, ainsi un des musiciens a refusé d'accompagner l'orchestre. La musique de Wagner n'a pas été répétée en Israel, par respect pour les survivants et leur famille.

Plus d'infos:

On trouvera des photographies et un compte-rendu de l'événement sur le site de Roberto Paternostro.
Sur l'anti-sémitisme de Wagner, les relations de Hitler et du nazisme avec la musique de Wagner et avec Bayreuth, sur l'anti-wagnérisme, etc., on pourra  consulteravec profit  le Dictionnaire encyclopédique Wagner (Actes Sud). De nombreux articles touchent à la question.

Un tabou brisé à Bayreuth: un orchestre israélien joue Wagner, le musicien favori d'Hitler

Un énorme tabou vient-il  d'être brisé hier à Bayreuth? On sait que Wagner et sa musique sont indésirables en Israël. Et pour cause: Richard Wagner était anti-sémite, Adolf Hitler adorait sa musique et s'est rendu fréquemment sur la 'Colline verte' de Bayreuth. Il était l'ami intime de Winnifred Wagner, certains vont même jusqu'à avancer qu'il fut son son amant, elle fut une des premières femmes à adhérer au parti national-socialiste et c'est elle qui fournit à Hiler le papier sur lequel il écrivit Mein Kampf alors qu'il était en prison. La musique de Wagner rappelle à de nombreux Juifs le temps abhorré du nazisme et de l'holocauste.

Roberto Paternostro
Pourtant hier midi, un orchestre israélien a pour la première fois joué du Wagner à Bayreuth, dans le cadre du Festival : l'orchestre de chambre d'Israël y a donné avec au programme la Hatikva, l'hymne national israélien,  des oeuvres de compositeurs juifs et israéliens et de la musique de Richard Wagner. Le concert a été organisé à l'initiative conjointe  de Katharina Wagner, l'arrière-petite-fille du compositeur qui codirige le festival et a accepté de parrainer le projet, et du chef d'orchestre Roberto Paternostro. 

L'orchestre de chambre d'Israël a exécuté des oeuvres de compositeurs juifs (Tzvi Avni, Gustav Mahler, Felix Mendelssohn-Bartholdy), une oeuvre de Franz Liszt et, pour terminer,  la Siegfriedidyll (Idylle de Siegfried),  un poème symphonique pour orchestre de chambre de vingt minutes que Wagner avait composé comme cadeau d'anniversaire pour sa seconde femme, Cosima, après la naissance de leur fils Siegfried en 1869. Il avait été joué le matin de la Noël 1870 en Suisse, sur les marches de la villa Tribschen et avait réveillé Cosima, elle aussi anti-sémite...

700 personnes ont suivi ce concert qui s'est déroulé sans incident et fut longuement applaudi, avec standing ovation. Les applaudissements ne s'interrompirent que lorsque le premier violoniste donna aux musiciens le signal qu'il était temps de quitter la scène!

Les personnalités suivantes étaient présentes à ce concert: la Directrice du festival de Bayreuth Katharina Wagner, le Maire de la Ville de  Bayreuth, le  Dr Hohl, Jonathan Livny, le fondateur de la première association Wagner en Israel, Jonathan Livny, et le président des assocations Wagner allemandes, Nicolaus Richter.

Ce type d'initiative, qui se veut apolitique et manifeste une volonté de réconciliation dans le chef des organisateurs, ne fait pas l'unanimité. L'annonce du concert avait  provoqué une polémique en Israel et  le Ministre israélien de la Culture  avait dû intervenir pour que les subventions à l’orchestre ne soient pas coupées. Les musiciens avaient le choix de venir en Allemagne ou non, ainsi un des musiciens a refusé d'accompagner l'orchestre. La musique de Wagner n'a pas été répétée en Israel, par respect pour les survivants et leur famille.

Plus d'infos:

On trouvera des photographies et un compte-rendu de l'événement sur le site de Roberto Paternostro.
Sur l'anti-sémitisme de Wagner, les relations de Hitler et du nazisme avec la musique de Wagner et avec Bayreuth, sur l'anti-wagnérisme, etc., on pourra  consulteravec profit  le Dictionnaire encyclopédique Wagner (Actes Sud). De nombreux articles touchent à la question.

vendredi 29 juillet 2011

Le 'mariage gay' fête ses dix ans en Allemagne: 23000 couples se sont unis depuis l'entrée en vigueur de la loi

Le premier août 2011, cela fera dix ans que les gays et les lesbiennes peuvent conclure un contrat d'union civile (Eingetragene Partnerschaft/ Partenariat enregistré) Le premier août 2001, les premiers couples gays et lesbiens ont pu s'unir officiellement et légaliser leur relation. Depuis lors, 23000 couples se sont unis officiellement en Allemagne, mais le partenariat enregistré n'accorde toujours pas l'égalité des droits avec le mariage.

Bien du chemin a été parcouru depuis 1994, année pendant laquelle la Ministre fédérale de la justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (FDP) fit supprimer le tristement célèbre paragraphe  175, qui avait été inscrit dans le Code pénal impérial. Le paragraphe 175 pénalisait les relations sexuelles entre hommes.

En novembre  2000, le  Bundestag vota en faveur de la loi sur le partenariat des couples du même sexe, gauche contre droite. Les socialistes et les écologistes votèrent la loi,  contre l'avis des chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et des libéraux (FDP). Mais cette loi, dans la forme qu'elle avait en 2001, entraînait des devoirs et n'octroyait que peu de droits.

Aussi, à l'été 2004, à l'initiative du politicien écologiste Volker Beck, la loi fut-elle modifiée, sans pour autant octroyer une égalité totale avec le mariage. Mais depuis lors, les choses se sont encore améliorées, surtout dans les Länder où gouvernent des coalitions de gauche, et aussi grâce aux actions entamées en justice. La Cour Suprême de Karlsruhe émet quasi systématiquement des jugements qui plaident en faveur d'une égalité totale avec le mariage. Ainsi les partenaires enregistrés bénéficient-ils enfin de droits identiques à ceux des couples mariés en matière de succession. Mais la question de l'adoption n'est pas tout à fait réglée, et reste très complexe. Par ailleurs, les partenaires enregistrés ne sont pas encore traités comme les couples mariés en matière d'imposition fiscale. Le gouvernement au pouvoir freine des quatre fers, surtout les chrétiens-démocrates soumis aux diktats des églises, et principalement de la très puissante église catholique.

Beaucoup de gays et de lesbiennes espèrent un changement de gouvernement, mais les élections fédérales n'auront lieu que dans deux ans. Les sondages donnent aujourd'hui une confortable majorité à une alliance rouge-verte. Les Verts, qui viennent de déposer un projet de loi en ce sens, les Socialistes du SPD et la gauche ultra (Die Linke) se disent favorables à l'instauration d'un mariage sans référence au sexe des conjoints. Dans deux ans peut-être, l'Allemagne deviendra enfin égalitaire.

En attendant, le combat continue patiemment, tant au niveau des Länder que par le dépôt de plaintes à Karlsruhe ou à la Cour de justice européenne de Strasbourg. Le prochain rendez-vous donné par les associations gays et lesbiennes est en septembre, lors des manifestations qui auront lieu le 22 septembre pour protester contre la visite du pape Ratzinger, qui combat avec virulence la légalisation du mariage pour tous.




mardi 26 juillet 2011

Münchner Opernfestspiele: le Mitridate de Mozart couronné

Anna Bonitatibus (Sifare), Patricia Petibon (Aspasia)
Mozart avait à peine 14 ans en 1770 lorsqu'il composa en cinq mois seulement son Mitridate, re di Ponto pour le Teatro ducale de Milan, et ce fut déjà alors une belle réussite, puisque la première représentation fut suivie de 22 autres. Mais ce jeune opéra fut ensuite oublié et ne fut plus monté pendant deux cents ans jusqu'à ce qu'en 1971 le Festival de Salzbourg de ressuscite. Et c'est à nouveau dans le cadre d'un festival, celui de Munich, que cette oeuvre de jeunesse est montée avec un immense succès. L'oeuvre n'avait plus été montée à Munich depuis la mise en scène d'Everding en 1993.


Barry Banks (Mitridate), Patricia Petibon (Aspasia)

Pourtant, monter Mitridate tient de la gageure. Et d'abord sur le plan musical. On est encore loin des  compositions complexes et structurées des grands opéras mozartiens: Mitridate est un opéra pour virtuoses qui enfile les arias pour solistes et les récitatifs comme autant de perles rares sur un long collier, quatre heures avec les entractes. Il n'y a qu'un seul duo (entre Aspasia et Sifare, Se viver non degg’io) et un quintette fort bref qui termine l'opéra. Pour réussir le pari musical, il faut réunir un plateau d'artistes rares. Et il faut aussi un chef d'orchestre visionnaire. Ensuite le défi se déplace sur le plan narratif. On se rappelera que le livret est largement inspiré de la traduction italienne du Mithridate de Racine, avec un final adouci puisque dans la versionb mozartienne, Farnace finit par se repentir de ses crimes et recevoir le pardon paternel. Si cette pièce fut la préférée de Louis XIV, elle fut par la suite parmi les moins jouées du répertoire racinien. Si l'on peut comprendre que la volonté de puissance de Mithridate fascina le Roi Soleil, l'argument en est devenu aujourdhui surréaliste: sur fond de guerres, le Roi Mithridate, un roi jaloux et cruel,  met ses deux fils et sa future épouse à l'épreuve en se faisant passer pour mort. Les deux fils sont eux aussi éperdûment épris de leur future belle-mère, ce qui fait beaucoup d'amoureux.

L'Opéra de Munich a su réunir les ingrédients de ce cocktail rare: un chef d'orchestre visionnaire, des chanteurs d'exception et un metteur en scène qui a su jeter un regard enfantin rafraîchissant mais profondément dérangeant sur un sujet cruel et pervers.

Alexey Kudrya (Marzio),
Lawrence Zazzo (Farnace)
Ivor Bolton est parfaitement qualifié pour diriger cette oeuvre de jeunesse de Mozart. Grand connaisseur de la musique baroque, il sait faire jouer cette oeuvre avec toutes les subtilités et la  brillance, quand ce n'est pas une fureur inspirée et passionnée, qui conviennent à ce long ensemble de numéros de virtuoses. L'orchestre s'enrichit d'un invité de marque avec le corniste Zoltran Macsai pour le fameux solo de cor obbligato  qui accompagne la plainte de Sifare. Un moment magique que le metteur en scène a bien saisi en rapprochant le corniste du fils puyné de Mitridate pour un duo dans lequel l'instrument et le chant se répondent 'dans une merveilleuse et profonde unité'!

L'oeuvre est longue, surtout quand elle est exécutée dans son entièreté, ce qui est l'option d' Ivor Bolton; mais ce choix devient un pur bonheur quand on est soumis au feu ardent de la virtuosité de chanteurs dignes de l'Olympe. Patricia Petibon impressionne tant par la voix que par le jeu scénique dans le rôle d'Aspasie et, après avoir fait scintiller d'entrée le lyrisme clair et cristallin de sa voix, avec une perfection dans le staccato,   sait lui donner les couleurs et les profondeurs tragiques aux deuxième et au trosième actes. Elle  sait passer de manière abrupte des notes les plus hautes à une note grave et profonde pour des effets aussi époustouflants qu'appropriés. Son interprétation bipolaire du Nel grave tormento est tout simplement inoubliable. Le contre-ténor Lawrence Zazzo, qui  n'était pas encore monté sur les scènes munichoises, campe un Farnace puissant, odieux et torturé. Connu pour sa maîtrise du répertoire haendélien, il fait une remarquable prise de rôle tant par l'élocution et le contrôle de la voix, le vibrato et le phrasé sont parfaits, que par manière d'habiter ce personnage dans sa folie de pouvoir et de  possession amoureuse. La très  belle colorature et la douceur vocale de l'extraordinaire mezzo qu'est Anna Bonitatibus donne des tendresses touchantes au personnage de Sifare. Elle éblouit aussi par sa technique parfaitement maîtrisée et un tant soit peu posée tant dans le magnifique Se il rigor d'ingrata sorte... que dans le duo avec Aspasie. Le ténor américain Barry Banks fait lui aussi une prise de rôle  remarquée avec son Mitridate: un jeu d'acteur avec une grande souplesse et une vigueur d'interprétation   des noirceurs multiples du rôle: la vaillance de la voix, souveraine dans les plus hautes notes, et la richesse  du timbre confondent. Dans les rôles secondaires, le très beau soprano de Lisette Oropesa captive dans le rôle d'Ismène, Eri Nakamura convainc en Arbate. Enfin si  Alexey Kudrya a de beaux accents dans son interprétation du romain Marzio, il peine un peu dans le staccato.

Faut-il souligner qu'à force d'un travail aussi passionné que rigoureux, Ivo Bolton, l'orchestre et les chanteurs ont su donner à cette oeuvre de jeunesse une ampleur insoupçonnée qui en fait un des points d'orgue de la saison d'opéra munichoise. L'orchestre au grand complet fut appelé à monter sur la scène du Prinzregententheater pour recevoir une part plus que largement méritée d'applaudissements nourris, dont l'enthousiasme confinait au délire.

La mise en scène de David Bösch joue la carte du jeune Mozart contraint à l'écriture par un père qui se fait pressant. Le parallélisme avec la paternité tyrannique de Mitridate était tentante. Bösch est connu et très apprécié à Munich pour sa mise en scène coloriste de L'Elisir d'amore de Donizetti. Il porte ici le même regard d'enfant, mêlant cette fois l'émerveillement à l'horreur qu'inspirent les folies personnelles de Mitridate et de Farnace qui se déroulent sur fond de guerre et de destructions. Les choix scéniques de Bösch sont simples et efficaces: l'utilisation accomplie des techniques de projection video, des dessins d'enfants, fixes ou animés, une unité d'action placée sous le ciel nocturne, et une économie dans le choix d'objets symboliques polysémiques: des mouettes, deux bittes d'amarrage, un bateau (un canot pneumatique), des tableaux et quelques couteaux tranchants.

Le spectateur qui entre dans le Prinzregententheater y trouve quelques touches de l'atmosphère d'un port: des mouettes ont nidifié dans les niches  ou  les tripodes dorés qui décorent les murs latéraux du théâtre, quelques mouettes se reposent sur les barres des grands spots lumineux ou dans les cordages de deux bittes d'amarrage. La fin rejoindra le début, on s'apercevra lorsque les musiciens salueront que les terribles volatiles ont largué leurs flots de guano sur leusr jaquettes.

Le rideau à l'allemande reçoit d'abord la projection d'un dessin animé en ligne claire enfantine avec un générique, où l'on voit un très jeune homme, Mozart en l'occurence,  qui  rédige hâtivement un opéra. Le ton est donné, le regard sur l'action sera celui d'un enfant voire d'un jeune adolescent. Et c'est sans doute ce qui  tout au long du spectacle nous met de plus en plus mal à l'aise, ce regard d'enfant sur les horreurs de la guerre, sur les turpitudes éhontées et maladives  de Mitridate ou de Farnace. Mais ce qui répugne tant aux adultes n'est peut-être pas si étranger au monde adolescent: Mozart a quatorze ans quand il compose son Mitridate, Wagner, qui n'a rien d'un génie précoce, compose une pièce de théâtre à quinze ans, Leubald et Adélaïde, dans laquelle il fait mourir pas moins de 42 personnages. Mais le public de l'opéra n'est sans doute pas toujours en phase avec la violence et les cruautés du monde.

David Bösch crée un monde nocturne dans lequel presque tout est noirceur, le fond de scène est un immense écran concave qui reçoit la nuit parfois étoilée, parfois traversée de mouettes plus chieuses que rieuses. les personnages des dessins blancs qui s'animent sur la toile noire tiennent des dessins du Petit Prince, mais un Petit Prince de la Nuit, dans un monde infiniment plus cruel dans lequel l'amour véritable est interdit, sauf au final, mais au prix de quel charnier. David Bösch et  son équipe( Patrick Bannwart pour les décors, Falko Herold pour les costumes et  Michael Bauer pour les lumières) réalisent un travail d'imagerie scénique à la technique parfaitement maîtrisée.

Lawrence Zazzo (Farnace)

La dimension symbolique multifonctionnelle des objets doit elle aussi être soulignée: l'action  se déroule en Mer Noire (Pont Euxin, il Ponte ) à Nymphée, un port de la Crimée. Pour évoquer le port et l'empire maritime de Mitridate, Bösch procède par touches minimalistes: deux bittes d'amarrage, les mouettes, un canot gonflable. Le canot symbolise la tempête et le naufrage que sont la vie d'Aspasie, entraînée loin des siens vers les bras d'un roi qu'elle n'aime pas et qui veut la posséder, partagée entre le devoir et l'amour, intransigeante sur l'honneur. Le canot fait aussi  débarquer Mitridate vaincu par les Romains et il pourrait aussi  ramener Ismène dans son pays, alors qu'enceinte des oeuvres de son fiancé  , ce dernier, l'immonde Farnace la rejette.  Même traitement multiple pour un lustre d'apparat, symbole des fastes du luxe de l'empire de Mitridate lorsqu'il est couvert des serpentins de la fête, mais qui devient l'expression de la rage de Farnace qui le balance frénétiquement pour finir par s'y accrocher, s'y balancer pour finalement le détruire, comme il détruira un tableau représentant Mitridate en y passant la tête, devenant ainsi calife à la place du calife.

Bösch et son équipe  accentuent les vices des personnages: Mitridate débarque vaincu, moralement cocufié et ensanglanté et se comporte comme un borderliner avec des pratiques d'arrachage de cheveux et d'automutilation qui reviendront comme un leit motiv chez d'autres personnages. Farnace s'aveuglera en s'énucléant les yeux, tant Aspasie que Sifare sont proches de la tentative de suicide. Le Farnace de Bösch a rendu Ismène grosse de ses oeuvres. Cela semble dans l'air du temps: on vient d'apprendre que Baumgartner à Bayreuth vient de présenter une Vénus enceinte d'un enfant de Tannhaüser.

Le  parti pris de la  mise en scène ne dessert pas l'oeuvre, mais contribue au succès musical, elle donne une lecture que l'on ne partagera peut-être pas mais qui est cohérente et qui souligne l'emphase psychologique de la tragédie. Elle contribue aussi à faire passer la lenteur des récitatifs qui, malgré les remarquables performances des chanteurs, pourraient sans elle révéler leurs longueurs.

Ivor Bolton, David Bösch, un plateau de chanteurs exceptionnels et les musiciens du Bayerische Staatsoper ont élevé l'oeuvre du jeune Mozart au rang d'un grand opéra et donné de nouvelles  lettres de noblesse aux Münchner Opernfestspielle

Crédit photographique © Wilfried Hösl



It get's better! Cela va de mieux en mieux!



De nombreux jeunes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres n'arrivent pas à s'imaginer leur futur, vivant ouvertement leur orientation et identité sexuelles. Onze jeunes vidéastes originaires de toute l'Europe ont interviewé des personnes LGBT sur leur adolescence, dans différents pays d'Europe.
Un projet du réseau Transeuropa/European Alternatives: http://www.euroalter.com/

lundi 25 juillet 2011

Le Lohengrin de Neuenfels en direct de Bayreuth sur Arte le 14 août

Pour la première fois à la télévision,  un direct du Festival de Bayreuth, le dimanche 14 août 2011 à 17H15. Attention: il s'agira de vérifier l'info vu qu'àBayreuth les spectacles commencent à 16H.


Le Musée d'Art égyptien de Munich entrouvre ses nouvelles salles d'exposition



Hochschule für Fernsehen und Film, 33, Gabelsbergerstrasse

 Le Musée d'Art égyptien de Munich invitait ce week-end à la visite de ses nouvelles salles non encore installées dans un tout nouveau bâtiment sur la Gabelsbergerstrasse. Il faudra cependant encore patienter jusqu'à la mi 2013 pour pouvoir visiter la nouvelle présentation des collections. C'est le temps nécessaire à l'installation et à l'ajustement de la climatisation. Les vitrines ne peuvent être montées tant que des valeurs optimales de climatisation ne sont pas atteintes, conservation des précieuses pièces antiques oblige.

Un nouveau musée était promis de longue date. L'installation du musée actuel dans la Résidence date de 1970 et n'était que provisoire.

Le nouveau bâtiment comporte deux parties bien distinctes: la plus vaste est réservée à l'Ecole supérieure de télévision et de cinéma (HFF/ Hochschule für Fernsehen und Film), la partie droite de l'édifice, essentiellement le sous-sol et une partie du rez-de-chaussée, sera occupée par le Musée d'Art égyptien.

Le bâtiment, qui est parallèle à la Vieille Pinacothèque est dû aux architectes Gottfried et Peter Böhm de Cologne. L'architecture du Musée, tout en béton et lumière, un béton au grain très fin, paraît inspiré des grands ensembles de l'Egypte ancienne. On accède à l'entrée par une rampe qui conduit à une façade qui rappelle les hypogées. A l'intérieur, des salles colossales sont rythmées au jeu des lumières qui passent entre les piliers. Un petit obélisque de granit rose a déjà été installé.

La date de l'inauguration sera annoncée notamment sur le site du Musée, qui assure que la période d déménagement sera réduite au minimum possible. En attendant, le Musée reste ouvert dans la Résidence.

Reportage photographique



L'entrée du Musée fait penser à l'entrée d'un hypogée



Escalier qui rappelle la descente vers les tombes
ou vers la chambre secrète de la grande pyramide


Le puits de lumière

 


 

Crédit photographiqe: Luclebelge

dimanche 24 juillet 2011

Le Festival de Bayreuth en direct sur internet: les 25 et 29 juillet


Fichier:Festspielhaus.jpg
Photo: Schubbay 2004

La 100ème édition du Festival de Bayreuth commence ce lundi 25 juillet à 16H avec une nouvelle mise en scène de  Tannhäuser de Sebastian Baumgarten avec Thomas Hengelbrock au pupitre. Suivront le Tristan  de Christoph Marthaler, les Maîtres chanteurs de Nuremberg de Katharina Wagner, le Parsifal de Stefan Herheims  et le  Lohengrin de Hans Neuenfels, qui avait été très contesté l'an dernier.

C'est complet comme d'habitude, la demande de billets serait dix fois supérieure à l'offre, et il faut toujours dix ans d'attente pour obtenir l'un des  53900 précieux sésames pour l'une des trente représentations qui se donnent à guichets fermés jusqu'au 28 août. Mais la technologie permet au moins de suivre certains des opéras en direct. La Bayerische Rundfunk diffuse cette semaine en live sur internet Tannhaüser, le 25 juillet à 15H57 et Tristan le 29 à 15H57, sur son programme radiophonique BR Klassik-on-line. On peut aussi suivre ces programmes à la radio, dans les zones de réception.

Pour se connecter, cliquer ici puis sur le carré rouge (Live hören)

Tannhaüser, le 25 juillet, à 16 heures: deux chanteurs nordiques, le ténor suédois Lars Cleveman dans le rôle de Tannhäuser et la soprano finlandaise Camilla Nylund dans celui d’Élisabeth, se produisent pour la première fois à Bayreuth. Le Landgraf Hermann sera chanté par Günther Groissböck, Wolfram von Eschenbach par Michael Nagy  et Venus par Stephanie Friede.

Tristan und Isolde, le 29 juillet à 16 heures: dirigé par  Peter Schneider dans la mise en scène de Christoph Marthaler, avec  Robert Dean Smith  dans le rôle de Tristan,  le roi Marc de Robert Holl et  l'Isolde  d'Iréne Theorin. Kurwenal, Jukka Rasilainen, Melot, Ralf Lukas, Brangäne, Michelle Breedt.

Source principale: Bayerische Rudfunk

samedi 23 juillet 2011

The Gärtnerplatz was singing and dancing in the rain.

Chanter sous la pluie, c'est ce qui s'appelle faire contre mauvaise fortune bon choeur d'enfants. Le crachin d'un juillet pourri n'a pas altéré la belle humeur du Theater-am-Gärtnerplatz. Le Choeur d'enfants du théâtre a présenté un Disney Medley. Ensuite des danseurs aux gestes élégants, langoureux ou délicieusement provocateurs ont défilé en dansant pour la traditionnelle vente des costumes. Craquant!












Crédit photographique: Luclebelge

„Gscheid radln!“ , une campagne policière pour une conduite cycliste correcte. Des piétons et des cyclistes appréhendés.

Gscheid radln
Campagne policière bavaroise pour une conduite cycliste correcte

Du 18 au 21.07.2011,  la police munichoise a effectué 3471 contrôles de circulation routière et a délivré des avertisssements ou des contraventions à 2498 cyclistes. 341 piétons furent également réprimandés ainsi que 663 automobilistes. Résultat des courses: 4 personnes devront retourner suivre des cours sur la circulation. 

Un cycliste, qui  a été appréhendé pour la troisième fois en quelques semaines pour non respect des feux de signalisation, s'est vu confisqué son vélo. Un autre cycliste, qui avait pris la fuite, fut rattrapé par les forces de l'ordre et devra lui aussi suivre des cours sur la circulation routière. Un autre cycliste encore a été testé positif pour usage de drogues illicites.

Ces contrôles accrus se poursuivront au moins jusqu'au 7 août.

Le tarif des contraventions peut se consulter en cliquant ici (tarif à à titre indicatif et sous toute réserve).


L'expo MONDRIAN au Kunstbau est prolongée jusqu'au 4 septembre 2011


MONDRIAN UND DE STIJL

Le parcours proposé est chronologique et si on le suit avec lenteur et attention, on pénétrera progressivement, au départ d'une peinture encore de représentation (dans le style du luminisme néo-expressioniste) dans le monde de l'abstraction et de la linéarité colorée de Mondrian: c'est en focalisant son attention et sa peinture sur  les formes des arbres et sur l'architecture des façades que Mondrian en est progressivement arrivé à ce monde de formes abstraites qui nous est familier.

L'exposition ne présente pas seulement les oeuvres de Mondrian et des artistes qui ont collaboré à la Revue De Stijl, mais elle aborde aussi le style de vie et la conception de l'habitat, de la décoration d'intérieur et de l'urbanisme qui s'en est inspiré. Le mouvement qui a pris forme autour de Mondrian, de la revue De Stijl et de Theo van Doesburg a influencé la vie quotidienne de la première moitié du vingtième siècle à l'instar du Bauhaus.

Plus tard dans le siècle, on a été 'mondrianisé' sans le savoir: il suffit d'employer une bombe de laque de L'Oréal, d'acheter un album de Silverchair ou  de se souvenir des robes d'Yves Saint-Laurent dont le tissu est décalqué des tableaux de Mondrian. Mondrian, c'est bien plus que de jolis carrés bien coloriés et disposés avec bon goût.

Mondrian est avec  Wassily Kandinsky et Kasimir Malewitsch un des pères fondateurs de la peinture abstraite. Chacun connaît aujourd'hui ses peintures géométriques, avec leurs lignes noires qui encadrent des carrés de couleurs primaires, qui ont tant influencé le goût contemporain, y compris le mobilier comme en témoignent de nombreux exemples dont la célèbre chaise rouge et bleue créée par Gerrit Rietvelds vers 1918, et dont  un exemplaire est présenté au Kunstbau, à côté d'autres éléments de mobilier, d'objets de décoration ou de maquettes de maisons.

Cette exposition est la première du genre en Allemagne qui soit consacrée à ce mouvement avant-gardiste. Elle a été réalisée en collaboration étroite avec le Musée communal de La Haye (Gemeentemuseum, Den Haag), qui dispose de la plus grande collection de Mondrian au monde. 

Au Kunstbau, entrée par la station de métro de la Königsplatz, la billeterie est en surface.
Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 heures,
Du 16 Avril au 4 septembre 2011
Très intéressant guide audio en allemand ou en anglais