Voile rouge sur la première de Rusalka de Dvorak qui aura lieu samedi prochain au Bayerische Staatsoper. Selon l'Abendzeitung, le metteur en scène de Rusalka, l'Autrichien Martin Kušej , veut transformer l'opéra en abattoir. Trois heures avant chacune des présentations, un chevreuil serait tué pour un effet de scène que l'on ne pourrait obtenir qu'avec un animal à qui l'on vient de donner la mort. Douze représentations, douze mises à mort*. Les organisations de défense des animaux sont scandalisées et étudient les recours juridiques possibles.
Au moins un animal a déjà été exécuté pour les besoins de la séance de photos de presse.
La nouvelle fait la une de l'Abendzeitung de ce mercredi matin et a aussitôt été reprise par Focus online, puis, avec un titre plein d'humour, par le Sueddeutsche Zeitung: Oper setzt auf Re(h)produktion (un délicieux jeu de mots: Reh, c'est un chevreuil, le titre veut à la fois dire L'opéra mise sur la reproduction, le simulacre/la production d'un chevreuil)...
L'opéra d'Antonin Dvořák s'inspire de l'histoire de la petite sirène d'Andersen. Une rusalka,- en tchèque cela signifie une nymphe des eaux-, tombe amoureuse d'un prince et pour le renconter et prendre une apparence humaine, accepte de devenir muette en échange d'une paire de jambes. La rencontre a lieu lorsque le Prince est en train de chasser un chevreuil et s'égare près d'un lac. La nymphe ira vivre avec le prince mais se rendra vie compte que les humains sont cruels et haineux et ne sont pas des personnages de contes de fées. Au second acte, Rusalka contemple avec dégoût le cadavre du chevreuil qui a été tué peu avant la représentation et qui est suspendu par les pieds au moyen de crochets de boucherie. Il sera par la suite décapité sur scène, un "tableau vivant" qui est supposé métaphoriser l'ampleur de l'humaine cruauté.
Le cadavre du chevreuil est frais, pour des "raisons d'hygiène", et, pour ces mêmes raisons, il sera jeté après la représentation, car impropre à la consommation.
Mise à jour: la direction de l'opéra vient de faire savoir qu'il n'y aurait plus de tuerie de chevreuil. L'émoi populaire et les protestations ont sans doute été tels que l'opéra a dû faire machine arrière et remplacer les animaux par un simulacre.
L'effet de publicité a été obtenu. Le metteur en scène, qui n'en est pas à sa première provocation, est conforté dans sa réputation, et le public est horrifié. On peut douter que la musique en sorte grandie.
Photo: Marek Szczepanek
Mise à jour:
- Voici la traduction du communiqué de presse officiel du Bayerische Staatsoper (l'opéra de Munich) qui prend position sur la question du chevreuil: Le fait est que pas un seul animal n'a été tué ni ne le sera sur base d'une commande du Bayerische Staatsoper. L'opéra aurait acheté les animaux en boucherie, après qu'ils aient été tué des jours auparavant. Ainsi la question d'une contravention au regard de la loi de protection des animaux ne se pose pas et ne s'est jamais posée. En raison de l'émoi de ces derniers jours, l'Opéra de Munich a décidé, en accord avec le metteur en scène Martin Kusej, d'utiliser la reproduction d'un chevreuil. Le directeur Nikolaus Bachler: "Sur scène, il en va du contenu et de l'expression artistique de l'interprétation. La chasse au chevreuil est un motif important de l'opéra Rusalka. C'est pourquoi nous utilisons des moyens, qui ne permettent pas à la presse à sensation de détourner l'attention de l'Art.
On le voit, l'opéra de Munich conteste l'info de l'Abendzietung. Il ne s'agissait pas de faire tuer un chevreuil trois heures avant la représentation, mais d'acheter des chevreuils morts que les boucheries mettent normalement en vente en automne, période de chasse...Sur facebook, on lit aussi dans les commentaires d'internautes que l'Abendzeitung a simplement cherché à faire du sensationalisme.
Mais bien, place à la musique!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire