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lundi 27 octobre 2025

Concert du Nouvel An Juif 5786 par le Jewish Chamber Orchestra au Prinzregententheater de Munich


Les fêtes du nouvel an juif ont eu lieu cette année du 22 au 24 septembre. Les célébrations  de Roch Hachana (littéralement, « le début de l'année ») ont marqué le début de l'année juive 5786. Selon le calendrier hébraïque, l'année de la Genèse a eu lieu en l'an -3761 du calendrier grégorien. C'est entre autres ce que nous a rappelé le  chef Daniel Grossmann en prélude au concert. Il a également rappelé que le nouvel an était cette année suivi du jeûne de Guedalia (le 25 septembre), de Yom Kippour (le 2 octobre) et de la fête de Soukkot, la fête des récoltes, célébrée du 7 au 14 octobre. Dans les synagogues, ces fêtes successives font constamment appel aux talents des hazzans, parfois désigné parfois sous l’appellation de « chantre » ou de « Ministre-officiant ». Le hazzan est un personnage emblématique du judaïsme. Porteur de la tradition chantée de sa synagogue, et chargé de l’enseigner aux enfants, il représente pour les fidèles un point d’ancrage identitaire extrêmement fort.

Yaakov Lemmer

Ce préambule nous permet de comprendre pourquoi l'organisation du concert de nouvel an du Jewish Chamber Orchestra Munich (JCOM), qui a fait appel à deux hazzans de réputation internationale, n'a pu avoir lieu  qu'un mois après la date officielle du nouvel an. Entre Roch Hachana et Soukkot (la fête des récoltes), les hazzans sont requis à temps plein dans leurs synagogues respectives. Le JCOM a fait appel à deux hazzans états-uniens,  deux stars de la musique cantoriale, Yaakov (Yanky) Lemmer, né en 1983 à Brooklyn, chantre en chef de la Lincoln Square Synagogue à New York, une congrégation orthodoxe moderne, et Netanel Herstik, né en 1978, qui, descendant d'une lignée de chantres qui remonte à 14 générations, officie comme chantre principal de la Hampton Syngogue de Westhampton Beach (New York).

Au programme du concert qui s'est donné au Prinzregententheater de Munich, des musiques de synagogue festives et des classiques de la musique folklorique juive. La soirée a commencé avec le Kol Nidre (" Tous les voeux "), une prière d'annulation publique des voeux qui est récitée le premier soir du Yom Kippour. Elle s'est poursuivie avec d'autres chants liturgiques comme Retze, qui appelle au retour de la compassion divine, Di Avoide, qui évoque la prière comme étant le travail du coeur et demande l'accueil de cette prière par le Seigneur, "le Roi du ciel et de la terre", ou encore Atzabeihem, un chant de rejet des idoles, basé sur des versets extraits du Paume 115, et le Habeit Mishomayim, un chant de plaintes du peuple juif issu de la tradition cantoriale d'Europe de l'Est. Le Bavuur David est une composition liturgique fréquemment interprétée lors du repos hebdomadaire du shabbat.

Netanael Herstick

Suivent deux medley, dont un medley sur le thème de la mère juive, au coeur duquel ne pouvait manquer A yiddishe Mame, une des chansons populaires juives parmi les plus célèbres. Le chantre Netanel Hershtik a eu l'élégance de la dédier à Madame Charlotte Knobloch, invitée d'honneur de la soirée. Mme Knobloch, qui fut  présidente du Conseil central des Juifs en Allemagne entre 2006 et  2010, est présidente de la Communauté israélite de Munich et de Haute-Bavière. Après le Seder Medley, le concert s'est achevé avec le chant traditionnel Hamadvil, une action de grâces chantée pour marquer la fin du shabbat et celui de Ad Heina, qui remercie Dieu d'avoir conduit et protégé les croyants.

Bien sûr le concert est d'abord un concert de musique religieuse, mais que l'on soit Juif ou non-Juif, croyant ou non-croyant, jeune ou vieux, tout le concert est celui d'une musique qui vient du coeur et qui parle au coeur. Dotés d'un immense charisme, les hazzans chantent une langue universelle qui énonce les vicissitudes de l'existence et qui évoque les transports de l'âme vers ce qui la dépasse. Et avec quelles voix ! Les deux ténors ont des couleurs et des timbres  très différents, mais qui s'apparient merveilleusement bien.  Yaakov Lemmer est doté d'un ténor lyrique à la technique brillante et nuancée qu'il met au service d'un sentiment religieux profondément ancré, exprimé avec les modulations d'une sensibilité émotionnelle raffinée. Un chanteur délicieusement modeste qui se met en retrait pour mieux servir son art. Netanael Hershtik, personnalité plus solaire, offre un ténor au timbre plus sombre. Doté d'une tessiture très large, est capable à l'occasion de notes hautes filées, de tons de haute contre, il met surtout sa virtuosité au service d'une vibrante expression spirituelle. Les duos de ces deux chantres exceptionnels sont d'une beauté saisissante.

Daniel Grossmann, Netanel Herstick,  Yaakov Lemmer, JCOM

Daniel Grossmann et son orchestre ont offert un panorama orchestral luxuriant en soutien et en dialogue  avec les deux interprètes. Netanael Hershtik a incité à plusieurs reprises le public à l'accompagner en claquant la mesure. Les hazzams, l'orchestre et son chef ont reçu de longs applaudissements avec en apothéose la reconnaissance d'une standing ovation.

Les papilles gustatives étaient aussi conviées à la fête. On a pu déguster des morceaux de pommes mélangés aux arilles juteux et sucrés-acidulés des grenades et trempés dans un miel aux grenades délicieux. Une friandise typique de la fête du nouvel an juif, qui exprime l'espoir d'une année douce et prospère.  שנה טובה.  Shana Tova ! A gut yohr. Bonne année !

Photos 1,2 et 3 © JCOM / 4, photo personnelle

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