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jeudi 2 juin 2016

Carmen cubana, un musical qui a le diable au corps au Deutsches Theater


Carmen, la nouvelle que Prosper Mérimée écrivit en 1845 et publia en 1847, connut rapidement un grand succès.  L´oeuvre inspira le livret que Meilhac et Halévy écrivirent pour l´opéra éponyme de Georges Bizet, dont les thèmes musicaux sont aujourd´hui universellement connus. Le cinéma s´est emparé de l´histoire de Carmen avec une filmographie impressionnante. Une trentaine de films ont abordé le sujet depuis 1907, date de la sortie du premier film muet d´Arthur Gilbert jusqu´aux productions plus récentes. Le thème de Carmen inspira également des ballets et des comédies musicales, comme, en  1943 la Carmen JonesOscar Hammerstein II (scénario et livret, montée à Broadway), qui transpose l´action à l´époque de la seconde guerre mondiale, une comédie qui fut elle-même à la source du film éponyme d´Otto Preminger.

Le 21ème siècle connaît à son tour des adaptations du célèbre opéra Carmen qui le transposent, à l´instar du musical de Hammerstein, dans le monde contemporain. Deux comédies musicales situent l´oeuvre sur le territoire cubain. A Paris, le Théâtre du Chatelet vient de jouer une Carmen la cubana, un musical en espagnol de Christopher Renshaw, dont l´action se déroule à La Havane, à la veille de la révolution cubaine. Carmen y travaille toujours dans une fabrique de cigares. Mais la première transposition de l´oeuvre à Cuba est due à la metteure en scène et chorégraphe Kim Duddy, qui créa en 2006 sa Carmen cubana en Autriche, pour l´été musical d´Amstetten, sur les musiques et les chansons de Werner Stranka et Martin Gellner. Cette Carmen cubana fut déjà présentée une première fois au Deutsches Theater de Munich en 2007, lors de la tournée européenne du musical. Carmen cubana est aujourd´ hui à nouveau à l´affiche du Deutsches Theater de la Schwanthallerstrasse, où l´on pourra la voir jusqu´au 18 juin 2016.

Carmen (Lana Gordon) au centre de la troupe

Carmen cubana, l´action 

Pour Kim Duddy, Carmen est l´histoire d´un Don Juan féminin, une femme aussi décidée que dévergondée. C´est aussi l´histoire d´un combat entre l´amour et le destin.

On se trouve sur l´ île de Cuba dans les années 1990. Comme des dizaines de milliers de ses compatriotes, la jeune Carmen cherche à fuir la désolation du régime castriste. Elle espère, grâce à son tempérament, à sa beauté et à sa voix, pouvoir aire carrière comme chanteuse aux USA. Mais son rêve éclate comme une bulle de savon. Le radeau de fortune fait de bidons vides sur lequel elle avait espéré s´échapper en compagnie de quelques compagnons fait naufrage. Ils sont récupérés par la marine américaine et parqués à Guantanamo Bay. Là elle trouve en Joe, un GI qui attend de pouvoir rentrer sius peu aux USA pour épouser sa fiancée, sa seule planche de salut. Elle le séduit et remet son destin entre ses mains. Elle parvient à rejoindre Cuba et reprend son travail d´ hôtesse dans un bar où elle est très vite remarquée par Escamillo, une star de la chanson en tournée cubaine et qui repartira bientôt pour les USA. Sur ces entrefaites Joe s´est échappé de Guantanamo et rejoint Cuba. Carmen et Joe vivent ensemble à La Havane, mais très vite Carmen se sent emprisonnée et se livre à Escamillo. Joe, possessif et désespéré, finira par tuer Carmen.

Les parallèles avec l´oeuvre de Bizet sont évidents, par certains thèmes musicaux, comme entre autres  l´ouverture ou la habanera, et par la trame de l´action. Outre les rappels de l´oeuvre du compositeur français,  il s´agit surtout d´un opéra pop latino moderne, qui déploie une musique aux inspirations diverses qui vont de la salsa et du merengue jusqu´au soul. La chanson fétiche de Carmen, la habanera, est travaillée dans le style Rythm and Blues. La danse est partout, avec nombre de chorégraphies de salsas endiablées et une troupe de danseurs chanteurs qui excellent dans l´un et l´autre art. Les chorégraphies sur le rythme rapide de la salsa sont souvent d´un érotisme tropical, avec des danseurs dont les corps musclés et sculptés n´ont d´égaux que la félinité aguichante des danseuses.

Rob Fowler (Joe) et Lana Gordon (Carmen)

Le rôle de Carmen est magnifiquement interprété par Lana Gordon, que l´on avait déjà pu entendre à Munich en 2007. C´est en 1997 que la chanteuse a fait ses débuts à Broadway dans la comédie musicale Le Roi Lion. Depuis 2003, Lana Gordon a notamment interprété la partie d'Anita dans la comédie musicale de Leonard Bernstein West side story et Carmen dans la pop-opéra Carmen Cubana. Une interprète puissante et fascinante à la sensualité impérative dont la voix prend aux tripes et vous remue jusqu´à la moelle. On retrouve également l´excellent Rob Fowler dans le rôle de Joe,
un chanteur bien connu du public munichois pour sa fabuleuse interprétation de Frank’n Furter dans le Rocky Horror Show, et du public allemand depuis sa participation en 2012 au concors The voice of Germany, ou il avait atteint la demi-finale avec sa chanson The hurt. Escamillo est chanté par Ruben Heerenveen, qui est né à Curacao, et que l´on connaît comme chanteur sous le pseudo Ruben Anthony. Le tenancier de bar Lilas Pastia est interprété quant à lui par Walter Herron Reynolds II avec une présence en scène intense et une voix grave dont les raucités vous traversent.

Un musical dans lequel la passion pour la vie et une sensualité exacerbée se mêlent au tragique de la jalousie et de la mort, aux rythmes de musiques qui font trépigner tout au long du pop opéra des spectateurs qui ne manquent pas de réserver à la troupe une standing ovation.

Au Deutsches Theater jusqu´au 18 juin. pour réserver, cliquer ici.

Crédit photographique: Gerry Frank

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