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dimanche 21 décembre 2014

La veillée russe du Choeur de la radiodiffusion bavaroise

Peter Dijkstra
Le Choeur de la radiodiffusion bavaroise (Chor des Bayerichen Rundfunks), qui a récemment été désigné choeur de l'année 2014 par Echo-Klassik, a donné hier soir un nouvel exemple de son excellence avec un concert russe au Prinzregententheater de Munich, placé sous la direction de Peter Dijkstra.

L'originalité de ce concert intitulé Veillée russe a été de mêler un grand choeur liturgique de Sergeï Rachmaninov, Les Vêpres (la Grande Louange du soir et du matin), op. 37, pour chœur a cappella, que le compositeur russe écrivit en 1915, avec la première suite pour violoncelle solo, op.72,  que Benjamin Britten composa pour Mstislav Rostropovitch, et qui fut jouée hier soir par le talentueux Maximilian Hornung.  Britten avait écrit cette suite  de six sections rassemblées en trois paires en 1964, elle fut créée au festival d’Aldeburgh par Mstislav Rostropovitch le 27 juin 1965. Les deux oeuvres, qui ont toutes deux de fortes connotations spirituelles, ont été hier soir exécutées en alternance, pour créer un effet de contrepoint musical.

Pour sa musique liturgique,  Rachmaninov a bien sûr puisé dans ses souvenirs: comme enfant il avait passé de longues heures à participer à des cérémonies religieuses dans lesquelles les choeurs jouaient un rôle prédominant. Il a quarante ans lorsque la première guerre mondiale vient d'éclater, il compose alors ces Vêpres comme une réflexion mystique sur base de  chant choral orthodoxe. L'oeuvre, bientôt centenaire, fut présentée en mars 1915 lors d'un concert de bienfaisance pour les victimes de la première guerre mondiale. Une oeuvre que peu de choeurs occidentaux parviennent à chanter, notamment parce qu'il s'agit de maîtriser la profondeur qu'elle exige des voix basses qui sont appelées à atteindre les limites de leurs possibilités. Le choeur bavarois rend cette oeuvre a capella, une des oeuvres préférées du compositeur, à la perfection, avec un chef des choeurs dont on apprécie la concentration exceptionnelle et la direction minutieusement précise, une direction magistrale mais à la fois empreinte d'une grande douceur et d'une grande tendresse. Le résultat en est une exécution d'une grande unisson, empreinte d'une beauté céleste, comme le déroulement d'une longue méditation qui baigne le public dans une atmosphère de spiritualité profonde.

Britten composa pour Rostropovitch une trilogie de suites pour violoncelle seul. Dès l'entame de la première suite, on pense aussitôt aux suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach car elles ont en commun la composition linéaire de l'harmonie et le recours à la fugue. Maximilian Hornung semble se jouer des difficultés techniques de l'oeuvre dont il souligne la subtilité mélodique. Il en donne une interprétation inspirée, avec une capacité de concentration intériorisée qui  révèle avec émotion la dimension spirituelle de cette oeuvre qui correspond bien au thème de la soirée,  Britten l'ayant écrite au retour d'un voyage en URSS à l'attention du grand musicien russe Rostropovitch.

Une magnifique veillée russe, longuement applaudie par un public reconnaissant!

Maximilian Hornung - Violoncelle
Jutta Neumann -Mezzo-soprano
Moon Yung Oh - Ténor
Andrew Lepri Meyer - Ténor

Peter Dijkstra -Direction musicale

Plus d'infos sous www.br-klassik.de/chor

Discographie: ces Vêpres ont été enregistrés en 2004 par le Choeur de la radiofdiffusion bavaroise chez Oehms classics.




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