Joseph Süß Oppenheimer |
Avant de fermer ses portes pour restauration, le Theater-am-Gärtnerplatz monte son projet le plus ambitieux de la saison: il s'agit de la création munichoise d'un opéra contemporain du compositeur allemand Detlev Glanert, un opéra présenté pour la première fois à Brême en 1999. Première munichoise le 3 mars 2012.
Avec cet opéra, Glanert et ses librettistes Werner Fritsch et Uta Ackermann ont tenté de rendre justice à la figure historique de Joseph Süß Oppenheimer (1698-1738), un Juif de cour* qui exerça la fonction de Conseiller financier à la cour souabe du Duc Charles Alexandre de Wurtemberg. Le compositeur a tenté de restituer la réalité historique par le truchement de l'opéra. Glanert s'est attaqué à une entreprise des plus délicates: l'histoire de Joseph Süss a en effet fait l'objet de nombreux pamphlets et a été très tôt manipulée par l'anti-sémitisme, elle devint un thème littéraire, notamment dans le roman de Lion Feuchtwanger, Le Juif Süss, paru en 1925, où l'auteur, dresse un portrait peu sympathique d'Oppenheimer. Lothar Mendes porte le film au cinéma (Jew Süss) en 1934 .Et le nazisme s'en est emparé en 1940 avec la production du film dégradant et abject de Veit Hartlan, un film supervisé par Goebbels, un pur concentré de la haine raciale du national-socialisme. Glanert a fait le pari de retrouver et de mettre en musique la personnalité et l'histoire de Süss sans tomber dans une idéalisation facile.
La direction musicale est confiée à Roger Epple, qui a déjà dirigé le Freischütz au Theater-am-Gärtnerplatz. L'opéra est mis en scène par le genevois Guy Montavon avec des décors et des costumes de Peter Sykora. Gary Martin chante le rôle d'Oppenheimer tandis que le duc est chanté par Stefan Sevenich.
Gravure représentant l'exécution d'Oppenheimer |
*Le Juif de cour (en allemand Hofjude(n) ou Hoffaktor) est le nom donné aux XVIIème et XVIIIème siècle, principalement en Autriche et en Allemagne à des Juifs qui ont occupé de hautes fonctions administratives ou financières auprès des princes ou ducs. Ils vont jouer un grand rôle dans le développement économique des principautés allemandes. Ils jouissent alors d'un statut presque identique à celui de la noblesse locale. Joseph
Süß Oppenheimer est une de ces figures les plus retenues par l'histoire, notamment par sa fin tragique: après la mort inopinée de son protecteur le Duc de Wurtemberg, désigné comme bouc émissaire de tous les maux du duché, il fut l'objet d'un procès et d'une exécution rapide par pendaison publique.
- Lire l'article que Wikipedia consacre à Joseph Süß Oppenheimer.
- Se procurer le roman de Feuchtwanger, republié chez Belfond en 1999 dans la traduction de Serge Niémetz
- Visionner le film de Lothar Mendes sur youtube (en anglais)
- Visionner le film de Veit Hartlan, par exemple sur Dailymotion (VO allemande avec sous-titres en français): cliquer ici (première partie) puis ici (deuxième partie). A voir avec les réserves d'usage et la nécessaire distance critique.
- Lire la passionnante étude de Claude SINGER, Le Juif Süss et la propagande nazie, L'Histoire confisquée, publiée en 2003 aux Belles lettres, à Paris.
Agenda
Les 3, 7, 11, 20, 22,26 et 30 mars
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