Photo de Mihhail Gerts© Kauko Kikkas |
Les concerts du dimanche du Münchner Rundfunkorchester (Orchestre de la Radio de Munich) proposent de redécouvrir des opéras moins connus ou oubliés. Ce dimanche 19 janvier, l'orchestre a choisi de présenter l'opéra Mazeppa de Clémence de Grandval, en coproduction avec le Palazzetto Bru Zane. Le concert est retransmis en direct à partir de 19H05 sur BR Klassik.
Présentation du Münchner Rundfunkorchester
Les femmes ont marqué l'histoire de l'opéra non seulement en tant que chanteuses, mais aussi en tant que compositrices, et ce dès l'âge d'or de cette forme d'art. Il est grand temps de rendre hommage à leurs œuvres ! La Française Clémence de Grandval a été formée, entre autres, par Camille Saint-Saëns. Dans Mazeppa, elle décrit avec brio l'ascension et la chute du héros en titre, un personnage haut en couleur qui a déjà inspiré Tchaïkovski, au milieu de la lutte pour la liberté des cosaques, de la trahison et de la condamnation. L'opéra fut créé au Grand-Théâtre de Bordeaux en avril 1892.
Programme
Clémence de Grandval, Mazeppa, opéra en cinq actes et six tableaux (concertant)
Avec Nicole Car (soprano), Julien Dran (ténor), Tassis Christoyannis (baryton), Pawel Trojak (baryton),
Ante Jerkunica (basse)
Chœur de la Radio bavaroise
Orchestre de la radio de Munich
Mihhail Gerts Direction d'orchestre
Orchestre de la radio de Munich
Mihhail Gerts Direction d'orchestre
Coproduction avec le Palazzetto Bru Zane
Décor du 2ème acte in Le Monde illustré du 23 avril 1892 |
Mazeppa, un article de La soirée bordelaise
Pour préparer cette soirée, nous avons retrouvé les textes de présentation données par le journal des concerts La soirée bordelaise du 24 avril 1892.
MAZEPPA
Le Grand-Théâtre de Bordeaux donne la première représentation d’un opéra inédit en 4 actes et 6 tableaux ; Mazeppa, dont la musique est de Mme de Grandval et les paroles de MM. G. Hartmann et Ch. Grandmougin.
Cet essai de décentralisation artistique est un véritable événement pour notre ville, la Soirée Bordelaise croît donc devoir donner le résumé de cet ouvrage et la biographie des auteurs.
Mazeppa se passe en Ukraine, vers la fin du XVIIe siècle. Nous ne rappellerons pas la légende de Mazeppa, lié sur le dos d’un cheval sauvage. Après une course effrénée à travers les forêts et les steppes, le cheval, épuisé de fatigue, est tombé inanimé en pays d’Ukraine. Le premier acte nous montre Mazeppa étendu à ses côtés, exhalant sa plainte et sa douleur. Il entend les voix des Ukrainiens se rendant au travail ; il les appelle à son aide, Matrêna, la fille de Kotchoubey, guerrier et noble de l'Ukraine, a, la première, entendu ses cris ; elle accourt, le réconforte et le console. Matrêna a devancé dans 1a steppe son père, le vieux chef de tribu ; celui-ci s’avance à son tour vers Mazeppa, le Polonais rejeté de sa Patrie. Sur l’invitation du vieux chef ukrainien, i1 restera au milieu de ses nouveaux amis, et, pour se venger d’un rival cruel, il luttera, s’il le faut contre son propre pays. L’occasion ne tardera pas à se présenter, car les Ukrainiens veulent secouer le joug de la Pologne. Le chef désigné d’avance de ce soulèvement est Kotchoubey, le père de Matrêna ; mais le vieux patriote ne se sent plus la force nécessaire pour conduire ses hommes à la victoire, il désigne au choix de ses compatriotes l'étranger Mazeppa, dans lequel une inspiration superstitieuse lui fait voir un nouveau chef envoyé par le ciel. Ce choix inattendu est vivement combattu par Iskra, jeune soldat de l’Ukraine, qui depuis longtemps aime Matrêna en secret. Iskra demande que le drapeau de la patrie soit mis entre les main d’un enfant de l’Ukraine. Malgré ce noble appel aux sentiments patriotiques de la nation, la voix du vieux capitaine l’emporte sur celle du jeune soldat. Au premier tableau du deuxième acte, Matrêna et ses compagnes viennent offrir des fleurs à l’autel de la Madone et des Saintes Images. Elles prient pour le salut de la patrie. La prière de Matrêna est pour Mazeppa, qui occupe déjà toutes ses pensées. Le vieux Kotchoubey fait partager sa confiance à sa fille, qui, dans un moment de douce quiétude, évoque les tendres souvenirs de son enfance ; elle chante une gracieuse berceuse, qui a été écrite spécialement pour la créatrice du rôle, Mme Bréjean-Gravière. Iskra survient, et, dans l’espoir que Matrêna trahira son secret, il lui annonce que l’armée est victorieuse, mais que Mazeppa a trouvé la mort dans les combats. Matrêna ne se contient plus, elle éclate en sanglots et en imprécations ; elle n’a jamais aimé Iskra, qui a pris pour de l’amour ce qui n’était qu’une amitié fraternelle ; elle ne sera jamais sa femme, et puisque Mazeppa a cessé de vivre, elle peut l’avouer maintenant, c’est lui, c’est lui seul qu’elle aimait ! Mais au dehors des cris de triomphe se font entendre. Mazeppa n’est pas mort. Il revient au contraire vainqueur. Matrêna est dans la joie. Le deuxième tableau du deuxième acte représente la grande place de Poltava. Les hymnes de gloire retentissent de toutes parts : c’est l’apothéose de Mazeppa le libérateur de l’Ukraine. Seul Iskra ne prend pas part à l’allégresse générale. Il a acquis la certitude que Mazeppa, cet aventurier traître à sa patrie, contre laquelle il vient de porter les armes, trahissait déjà la vaillante Ukraine et cherchait l’appui du roi de Suède pour renverser le tzar, auquel il veut ravir la puissance et le trône. « Amis, on vous trahit ! crie-t-il à la foule qui se répand sur la place ; Mazeppa vainqueur n’est pas la délivrance, il flatte l’espérance de nouveaux oppresseurs. Mort au vainqueur de la Pologne, au traître ! » « Eh bien ! frappez donc ! répond Mazeppa paraissant sur le seuil de l’église ; frappe, peuple qui vient de me bénir. Frappe-moi ! Est-ce donc un crime de vous avoir sauvés de l’abîme et délivrés de l’esclavage ? Avez-vous sitôt oublié vos allégresses, les Kosaks glorieux, les Polonais soumis ? Et ne voyez-vous pas que je suis rouge encore du sang de vos ennemis ? » Les deux tableaux de l’acte suivant nous montrent Mazeppa — sûr de l’appui de la foule et confiant en l’amour de Matrêna qui ne voit et ne respire que par lui — couronnant sa trahison. Mazeppa boit avec ses nouveaux alliés les Suédois. Au milieu de l’orgie passent le vieux Kotchoubey et les fidèles Ukrainiens qui ont trop deviné les infâmes menées de Mazeppa et que ce dernier envoie à la mort. Au même instant paraît Iskra; il est porteur des volontés suprême du tzar. Celui-ci connaît la trahison de Mazeppa qui devient, sur ses ordres, le prisonnier d’Iskra, et qui est dépossédé de toutes les faveurs indignement conquises. Mazeppa veut en vain résister ; maudit par tous, il s’enfuira détesté. Matrêna veut implorer son père. « Sois maudite comme lui, s’écrie Kotchoubey, maudite à jamais ! » Au dernier acte, Mazeppa, seul, anéanti, est étendu presque au même endroit de ce même steppe où, sanglant, évanoui, Matrêna l’a jadis rencontré. Matrêna erre également dans ces vastes steppes témoins autrefois des jeux de son enfance et plus tard de ses sombres amours. Elle erre inconsciente, privée de raison. Mazeppa, dans une dernière angoisse, veut essayer de reconquérir le souvenir de celle qui l’a tant aimé. Elle le reconnaît, le repousse et, dans un suprême éclair de raison, s’écrie : « Sois éternellement maudit par tout un peuple et., par moi ! » Elle chancelle! Elle est morte! Et l’irrémissible néant s’ouvre pour Mazeppa, ce réprouvé de l’honneur et de l’amour!
Les auteurs de Mazeppa
Mme De GRANDVAL
Marie -Félicie- Clémence de Reiset, vicomtesse de Grandval, compositeur et l’un des membres les plus actifs de la jeune école française, est née au château de la Cour-des-Bois (Sarthe), propriété de Reiset, le 21 janvier 1832. Quoique sa haute situation et son état de fortune aient pu, au début de sa carrière, faire considérer Mme de Grandval comme un amateur, on s’est vite aperçu qu’elle était douée de facultés assez remarquables et d’une puissance de production assez rare, surtout chez une femme, pour qu’on puisse sans complaisance lui accorder le titre d’artiste. Dès l’âge de six ans, elle étudiait la musique et à douze ou treize ans elle s’exerçait déjà à la composition sous la direction de M. de Flotow qui était au nombre des amis de sa famille. Celui-ci ayant quitté la France peu d’années après, laissa incomplète l’éducation de son élève qui cependant se mit à composer de la musique instrumentale, d’assez nombreuses mélodies vocales, et à ébaucher quelques opéras, mais ces essais étaient fort imparfaits, et bien des années furent perdues pour elle, par suite de son inexpérience, dans l’art d’écrire et d’instrumenter. Cependant, Mlle de Reiset, devenue vicomtesse de Grandval, conservait un vif amour de la musique. Elle résolut de refaire en entier son éducation musicale et se mit dans ce but sous la direction de M. Camille Saint-Saëns. Après deux années d’études sérieuses et ininterrompues, elle avait atteint le résultat qu’elle désirait et se vit en état d’écrire correctement et de rendre exactement ses pensées. Depuis lors, Mme de Grandval rattrappant le temps perdu, n’a cessé de produire, et son inspiration s’est révélée sous les aspects les plus divers ; musique dramatique, symphonie, musique religieuse, musique instrumentale, elle a abordé successivement tous les genres, en faisant preuve dans chacun d’eux, d’un talent véritable, d’une imagination bien douée et d’une faculté productive dont la vigueur est incontestable. La liste des ouvrages de Mme de Grandval serait trop longue à énumérer ici; nous pouvons renvoyer nos lecteurs qui désireraient la connaître dans son entier au supplément de la Biographie universelle des musiciens, de Fétis, publié sous la direction de M. Arthur Pougin. Cette nomenclature contenait jusqu’en 1881 : huit ouvrages dramatiques, opéras comiques, poèmes lyriques ou opérettes, joués soit au Théâtre-Lyrique, à l’Opéra-Comique, au Théâtre Italien ou aux Bouffes-Parisiens, sept œuvres religieuses, messes, Stabat, oratorios, dont Sainte-Agnès, exécutée dans un concert spirituel de l’Odéon en 1876; de nombreux morceaux de musique instrumentale exquises symphonies (concert populaire 8 mars 1874), suites, trios, sonates nocturnes, concertos, musettes, etc., une quantité considérable de musique vocale, comprenant des scènes dramatiques, mélodies, rêveries, duos, romances, et chansons dont plusieurs sont devenues célèbres aux concerta et dans les salons parisiens. Depuis cette époque (1881 ), Mme de Grandval a obtenu le prix du premier concours Rossini, sur 43 concurrents, avec un oratorio, la Fille de Jaïre, poème de Paul Collin, qui avait été choisi par le jury, lequel était l’Institut. L’année suivante cet oratorio fut exécuté au conservatoire avec l’orchestre et les chœurs de l’opéra, Mme Brunet-Lafleur, MM. Bosquin et Lauwers. En 1883-84, elle triomphait de nouveau à la Société des compositeurs de musique avec une suite d’orchestre et un divertissement hongrois ; et elle a composé depuis Atala, scène dramatique, poème de Louis Gallet, une masse d’œuvres pour hautbois, clarinette, violoncelle, un prélude avec variations pour M. Mars’ch, un recueil de dix mélodies (poésie de Sully Prud’homme), enfin Mazeppa, auquel Mme de Grandval a travaillé quatre ans.
M. Hartmann
M. Georges Hartmann, un des auteurs du livret, est l’ancien éditeur des oeuvres de Massenet, Reyer, Paladilhe, Godard, Lalo, etc. De tous temps il s’est occupé de théâtre, puisque c’est à lui que Massenet doit ses principaux poèmes d’opéra. M. Hartmann est l’auteur d’Hérodiade, de Werther, et a collaboré au Mage et à Esclarmonde. C’est lui qui eut l’idée de l’ouvrage de Mazeppa, pour lequel il s’adjoignit M. Grandmougin. C’est avec le même collaborateur que M. Hartmann a fait le poème du Tasse, drame lyrique de Benjamin Godard, et Hulda, légende Scandinave, mise en musique par César Franck, et dont la magistrale partition, encore inédite, sera représentée à l’Opéra. M. Hartmann vient également de tirer du roman de Madame Chrysanthème, de Pierre Loti, le nouvel académicien, un opéra-comique dont M. Messager a écrit la musique, et qui sera représenté à l’Opéra-Comique au cours de la saison prochaine.
M. Grandmougin
M. Charles Grandmougin est né à Vesoul le 17 janvier 1850. Son père était bâtonnier de l’ordre des avocats à Vesoul, et sa famille le destinait au barreau qu'il abandonna pour suivre la carrière littéraire. Poète et bibliothécaire du ministère de la guerre, il a publié plusieurs livres de poésie et écrit des livrets d’opéras; enfin, un drame sacré, le Christ, qui sera joué sous peu au Théâtre Français.
La partition
Extrait du journal Le Matin du 24 avril
" La partition.
Sur ce livret, plein d'intérêt et traduit en vers sonores, Mme de Granval a écrit une partition qui se distingue par une grande clarté, un sentiment dramatique très soutenu, une harmonie et une orchestration essentiellement modernes.
A cette heure tardive, je ne puis que vous signaler les morceaux principaux de la partition, ceux du moins qui ont été le plus applaudis.
Au premier acte, il faut citer une jolie berceuse, chantée par Matrena au second acte, le duo de Matrena avec Iskra, puis toute la scène de la place Poltava, très mouvementée, avec sa marche triomphale, ses chœurs de jeunes filles et surtout son finale, d'un grand effet dramatique.
Au troisième acte, après un beau prélude symphonique, se place un grand duo d'amour entre Matrena et Mazeppa, d'une tendresse élégiaque et du plus heureux effet orchestral ; au quatrième acte, un ballet très pittoresque et le finale de malédiction enfin, le cinquième acte renferme d'heureuses réminiscences choisies parmi les phrases principales de l'ouvrage et qui apparaissent comme autant de leït-motive, tour à tour tendres et passionnés. "
Au troisième acte, après un beau prélude symphonique, se place un grand duo d'amour entre Matrena et Mazeppa, d'une tendresse élégiaque et du plus heureux effet orchestral ; au quatrième acte, un ballet très pittoresque et le finale de malédiction enfin, le cinquième acte renferme d'heureuses réminiscences choisies parmi les phrases principales de l'ouvrage et qui apparaissent comme autant de leït-motive, tour à tour tendres et passionnés. "
Extrait de l'article de Léon Kerst dans Le petit journal du 24 avril
" La partition de Mme de Granval est à la, fois d'une vigueur surprenante et, d'un charme sans pareil ; avec la force et les poussées masculines, elle a la grâce et la subtilité féminines ; double mérite, qui la fait doublement heureuse ; mais ce qui frappe, jusqu'à l'étonnement, l'observateur sérieux, c'est la maîtrise, la curieuse possession de soi qui plane sur l'œuvre et la distribue en ses diverses parties avec une sûreté de touche qu'envieraient bien des vétérans de l'art dramatique. C'est que Mme de Grandval est née " théâtre " et que si la destinée qui mène les compositeurs ne lui a guère permis jusqu'ici que d'être symphoniste, il faut voir, le jour où une circonstance, se présente comme elle sait la saisir ! Le jet mélodique est abondant, essentiellement distingué, neuf toujours, avec des rythmes brisés qui lui donnent la modernité et l'imprévu, ces deux qualités du théâtre chanté d 'aujourd'hui. L'orchestre ne cesse pas d'être intéressant, par d'heureux mariages des timbres, par une polyphonie qui n'a rien que d'harmonieux, et qui sait ne point verser dans le bizarre, intentionnel, et par conséquent agaçant. Tout est musical, nourri, gras et robuste. C'est de la musique, enfin ! Et point fausse, point dissonante, qui a quelque chose à dire et qui le dit clairement, sans prolixité, à la française ! Un peu trop de batterie fracassante, par exemple un certain abus de timbales et de grosse caisse, qu'il sera facile de faire disparaître par quelques coups d'un crayon opportun. Mais cela n est rien et n'empêche pas l'œuvre d'être vraiment d'un ordre supérieur. Léon Kerst.
Extraits de l'article de Paul Lavigne dans La Gironde du 26 avril 1892
" Mazeppa appartient franchement à la période musicale contemporaine inaugurée peu après la guerre, et qui compte MM. Saint-Saëns, Joncières, Reyer, Massenet, Lalo, etc., parmi ses plus illustres représentants. On pense même peu à M. Saint-Saëns en écoutant cette partition, mais bien plutôt à Mireille, à Mignon, à Hamlet ; mais le compositeur dont on retrouve partout et à chaque instant les traces dans les quatre actes de Mme de Grandval, c’est sans contredit M. Massenet. Ce qui témoigne bien en faveur de la place énorme que ce maître, si éminent tient dans l’art musical de notre époque !... "
" En écoutant avec attention les tableaux de début, on éprouve un sentiment de surprise fort naturel à l’audition de nouveautés et d’effets spéciaux auquel on ne s’attendait pas. Cette surprise diminue de plus en plus, et on arrive à voir enfin très clair dans la manière du compositeur. Il y a quelques successions défendues, et n’ayant absolument rien de scolastique des quintes de suite et des « fausses relations » (pour parler le jargon de l’école), que l’auteur a parfaitement fait d’employer, car elles sont superbes et produisent le plus bel effet quand on n’en abuse pas. Combien de fois déjà ne l’ai-je pas dit ? Ce sont les compositeurs qui, à leur insu, créent les règles. Autant de pris sur l’ennemi !…
De brusques modulations sont très savoureuses, mais produiraient plus d’effet encore si elles n’étaient pas en majeure partie amenées par le même mécanisme. Au milieu d’une phrase nettement accusée et bien tonale, on perçoit tout à coup un accord de quarte et sixte sur la dominante d’un autre ton, et c’est là le pivot (« la nuance », aurait-on dit au siècle dernier), qui opère le changement. Les premières fois, l’effet est saisissant ; mais bientôt après on s’y habitue comme à toutes les formules. "
De brusques modulations sont très savoureuses, mais produiraient plus d’effet encore si elles n’étaient pas en majeure partie amenées par le même mécanisme. Au milieu d’une phrase nettement accusée et bien tonale, on perçoit tout à coup un accord de quarte et sixte sur la dominante d’un autre ton, et c’est là le pivot (« la nuance », aurait-on dit au siècle dernier), qui opère le changement. Les premières fois, l’effet est saisissant ; mais bientôt après on s’y habitue comme à toutes les formules. "
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