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lundi 15 mai 2023

Die kalte Sophie. Les froidures de la Sainte Sophie, sainte de glace en Germanie.

 


   Aujourd'hui 15 mai nous fêtons la sainte Sophie en Alsace, en Moselle et en Allemagne. Die kalte Sophie, Sophie-la-froide, parfois appelée die nasse Sophie, Sophie-la-mouillée, est la dernière et l'unique femme des saints de glace, dont elle ferme la période,  qui est de 5 jours dans certains parties de la Germanie où ils sont fêtés du 11 mai au 15 mai inclus. Des dictons paysans allemands la mentionnent. Ainsi, par exemple : "Vor Nachtfrost du nicht sicher bist – bis Sophie vorrüber ist." (On ne peut être assuré de la disparition du gel nocturne tant que la sainet Sophie n'est pas passée).

  Mais qui était Sainte Sophie de Rome, aussi appelée Sainte Sagesse ? Interrogeons à nouveau la traduction de la Légende dorée de Jacques de Voragine.

SAINTE SOPHIE ET SES TROIS FILLES MARTYRES 

   Nous allons raconter le martyre de Sophie et de ses trois filles, Foi, Espérance et Charité. C'est à sainte Sophie qu'est consacrée la cathédrale de Constantinople, Cette sainte avait élevé ses filles sagement dans la crainte de Dieu. La première de ses filles avait onze ans, la seconde dix, et la troisième huit. Etant venue à Rome avec elles, et visitant les églises tous les dimanches, elle fut dénoncée à l'empereur Hadrien, qui fut si frappé de la beauté des trois vierges qu'il offrit de les adopter comme ses propres filles. Mais les trois vierges refusent l'offre et se proclament chrétiennes. Alors Foi est rouée de coups par trente-six soldats. En second lieu, on lui arrache les mamelles, et des mamelles jaillit du sang, et du lait des blessures. Les spectateurs acclament la jeune fille, et celle-ci, toute joyeuse, insulte son persécuteur. En troisième lieu, elle est mise sur un gril ardent, en quatrième lieu plongée dans un mélange d'huile bouillante et de cire. Et comme tout cela ne lui fait aucun mal, en cinquième lieu on lui tranche la tête. Vient ensuite le tour de sa sœur Espérance ; mais elle, non plus, ne consent pas à sacrifier aux idoles. On la plonge dans un chaudron plein de graisse, de cire et de résine. Des gouttes tombant de ce chaudron brûlent les infidèles, mais la jeune fille ne souffre aucun mal. Enfin, on lui tranche la tête. La troisième fille, encore tout enfant, refuse à son tour de flatter Hadrien et de lui obéir. Le cruel empereur lui fait rompre les membres ; il la fait fouetter; il la fait jeter dans un four enflammé d'où sortent des étincelles qui tuent six mille païens; mais la petite ne souffre aucun mal, et se promène parmi les flammes comme rayonnante d’or. On la perce alors de pointes de fer rouge, et on finit par lui trancher la tête : ainsi elle recueille la couronne du martyre.
   La sainte mère ensevelit pieusement les restes de ses filles; puis, se couchant sur leur tombeau, elle dit: « Filles chéries, prenez-moi près de vous ! » Et aussitôt elle s'endormit en paix, et fut ensevelie avec ses filles. Et on doit la considérer comme triplement martyre, car elle a souffert de tous les supplices infligés à ses trois filles. Quant à l'empereur Hadrien, il pourrit vivant et finit par crever, en avouant qu'il avait injustement torturé des saintes de Dieu.

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   On le voit le texte n'est pas tendre pour l'empereur Hadrien, dont on pourrait lire par ailleurs la superbe fiction des Mémoires par Marguerite Yourcenar. Ajoutons quelques éléments: 
   Issue d'une riche famille romaine, Sophie de Rome éleva ses trois filles dans la religion du Christ et la crainte de Dieu. Les noms grecs de ses trois filles, Pistis, Elpis et Agapi ont été traduits en français et en russe : ce sont respectivement Foi (ou Véra), Espérance (ou Nadège) et Agapé (Charité).
   À Rome, sainte Sophie visitait les églises chaque dimanche et gagnait une multitude de femmes au christianisme. Selon la légende les jeunes filles et leur mère furent capturées, vers 137, par les troupes de l’empereur, aux oreilles duquel était parvenue la renommée de leur piété et de leur vertu. 

   Sophie encouragea ses trois filles — Foi, Espérance et Charité — durant leur supplice et mourut la dernière. La métaphore est évidente : c'est la Sagesse divine qui engendre dans le cœur des chrétiens les trois vertus théologales que sont la foi, l'espérance et la charité. 

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