Le Centre de documentation sur l'histoire du national-socialisme (NS-Dokumentationszentrum) présente jusqu'au 27 février 2022 une exposition consacrée au photographe berlinois John Heartfield (1891-1968), de son vrai nom Helmut Herzfeld.
Il fut l'un des premiers à utiliser la technique du photomontage. Il fut membre du mouvement Dada, adhéra au partic communiste d'Allemagne dès 1918, et devint, à partir de 1928, le « prototype de l'artiste antifasciste », — le mot est d'Aragon. En effet, la plus grande partie de son travail est consacrée à la création d'affiches dénonçant la montée du nazisme. Il illustra, à partir de 1930, les couvertures du journal ouvrier Arbeiter illustrierte Zeitung (AIZ).
Si le photomontage s'inscrit dans un certain nombre de problématiques esthétiques liées à Dada (notamment par rapport à l'utilisation du tract et par rapport au collage, les compositions confrontantes de Heartfield relèvent en premier lieu d'un rapport à la production et à la diffusion des images au sein de la société qui est politique.
L'exil--
Lors de l'accession de Hitler à la chancellerie de la république de Weimar, il se réfugia en Tchécoslovaquie à Prague où il poursuivit son travail pour Malik-Verlag et Arbeiter Illustrierte Zeitung. En 1934, il est déchu de sa nationalité. Lorsque Hitler annexe les Sudètes en 1938, il fuit en Angleterre, ou il participa en 1939 à l'exposition One man’s war against Hitler à l'Arcade Gallery de Londres. De 1940 à 1942, il est interné en tant qu'« étranger ennemi » et, en août 1942, il prend part à l'exposition Allies Inside Germany à Londres.
Heartfield rentra en RDA en 1950 et s'installa à Leipzig.
Les photomontages de la lutte contre le national-socialisme
Au début de la République de Weimar, John Heartfield développe sa rhétorique visuelle magistrale à partir du flot d'images des médias de masse. Il maîtrise mieux que quiconque les formes artistiques de la satire et du photomontage. Il se qualifie de "monteur" plutôt que d'"artiste". Il développe son art pour des magazines, des livres, des tracts et des colonnes d'affiches. Il ne s'adresse pas à un public artistique, mais cherche à agiter politiquement la classe ouvrière pen vue de la monter contre les élites bourgeoises. Communiste et fervent opposant à la guerre, il observe et combat les nationaux-socialistes et Adolf Hitler bien avant leur arrivée au pouvoir. Ses photomontages contre le fascisme et la guerre font de lui l'un des opposants les plus détestés du régime nazi.
L'exposition du Centre de documentation munichois, réalisée en coopération avec l'Akademie der Künste Berlin, met en lumière les nombreuses facettes de l'œuvre de John Heartfield. Elle expose ses montages politiques au regard historique et contemporain. Elle donne à voir les liens complexes avec l'histoire et le présent. Outre des œuvres clés, on y découvre également des projets moins connus. Ils témoignent d'une vie déchirée par les bouleversements politiques du 20e siècle. En outre, la confrontation de montages originaux et d'œuvres publiées permet de comprendre le processus de travail.
L'influence de l'œuvre de Heartfield est encore perceptible aujourd'hui dans l'art et la culture. L'actualité de ses montages se manifeste à nouveau clairement aujourd'hui, car la véracité des images et des messages est politiquement très disputée et les fausses informations ciblées que distille la droite incitent à la résistance. (Traduit d'un texte allemand de l'exposition).
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