L'auteur d'une récente biographie de l'impératrice Elisabeth, M. A. de Burgh, raconte cet épisode d'un séjour de l'impératrice d'Autriche en Irlande. L'impératrice Elisabeth était passionnée pour la chasse au renard. Un matin qu'elle Se livrait à son sport favori, la bête, traquée de près, se dirigea sur le collège de Maynooth, qu'on apercevait à quelque distance. Le collège de Maynooth est le premier séminaire d'Irlande. L'heure de la récréation venait de sonner. Dans là préau, entouré de tous côtés par un mur peu élevé, les séminaristes se promenaient en causant et riant. Soudain, ils virent un renard franchir le mur et courir, affolé, parmi les groupes. Puis, sitôt après, une jolie jeune femme, montée sur un magnifique cheval, arrivait par le même chemin. Tandis que les domestiques s'emparaient facilement du renard, l'impératrice Elisabeth, c'était-elle, descendait tranquillement de cheval. Aux jeunes gens qui la regardaient avec admiration et surprise, elle demanda à voir le directeur du collège. Le docteur Walsh aujourd'hui archevêque de Dublin se présenta. L'impératrice se fit reconnaître et expliqua son aventure. Puis, elle demanda qu'une chambre fût mise à sa disposition. Elle avait franchi à cheval un étang, disait-elle, et le bas de sa robe était trempé. Le docteur Walsh fit préparer un appartement et donna ordre d'allumer du feu dans la cheminée. Mais il se trouva que l'amazone de la souveraine était beaucoup plus mouillée qu'elle n'avait cru tout d'abord. Il ne pouvait être question de la remettre avant une heure ou deux. Que faire en ce cruel embarras ? La souveraine d'Autriche n'hésita pas : elle demanda au docteur Walsh un de ses vêtements d'ecclésiastique. Alors, tandis que l'amazone fumait devant la cheminée, l'impératrice Elisabeth s'affublait d'une des robes du directeur. Puis elle fit prier le Dr Walsh et les principaux professeurs de venir prendre le thé dans sa chambre. Elle divertit fort ces braves gens par son accoutrement bizarre, par ses récits pittoresques et spirituels. Enfin, son amazone étant sèche, elle congédia ses hôtes, remit son vêlement et demanda son cheval. Elle salua de la cravache et s'éloigna au galop. Quelques jours après, elle faisait remettre en souvenir, au Dr Walsh, une bague en or enrichie de magnifiques brillants.
Sources : article publié dans La Croix du 22 février 1899 / illustration de l'Univers illustré du 28 juin 1879.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire