Le chapitre XIII de cet ouvrage est entièrement consacré aux relations que Villiers entretint avec le compositeur ; il aborde surtout leurs rencontres supposées de l'année 1861 à Paris et celles plus certaines de l'été 1869.
Si le récit du cousin de Villiers est captivant, il est cependant marqué de nombreuses inexactitudes, notamment en matière de dates (il fait remonter le départ de Wagner de Riga à ...1877 et place la première du Rheingold en 1870. Emile Drougard a montré dès 1934 dans son article Richard Wagner et Villiers de l'Isle-Adam paru dans la Revue de Littérature comparée qu'il fallait prendre les renseignements livrés par Pontavice du Heussey avec la plus grande prudence. En 1861, Villiers est un jeune adulte de 22 ou 23 ans, Wagner est de 15 ans son aîné et Drougard se demande si les relations de connivence et d'intimité avec Villiers n'ont pas été influencées par celles que purent nouer Wagner et Baudelaire. Le récit de l'été 1869 est par contre plus certain, on peut en recouper l'information avec les récits des époux Mendès, la correspondance conservée de Villiers et le journal de Cosima. Quoi qu'il en soit, l'enthousiasme wagnérien de Villiers est fort bien rendu tout au long du chapitre et rend bien compte de la fascination qu'exerça Wagner sur le jeune écrivain.
XIII
Première entrevue chez Charles Baudelaire. — Chute du Tannhauser à l'Opéra de Paris en 1861. — Portrait et caractère de Richard Wagner. — Amis et défenseurs. — Intimité avec Villiers. — Réminiscences de jeunesse et de misère. — Augusta Holmes. — Séjour de Villiers à Triebchen. — Le Rheingold à Munich. — Voyage à Bayreuth. — Une conversation imaginaire. — Acte de foi artistique de Villiers de L'Isle-Adam.
Ce fut, je l'ai déjà dit, je crois, en 1861, chez Baudelaire, que Villiers de l'Isle-Adam rencontra pour la première fois Richard Wagner; cette date marque, peut-être, la période la plus amère dans l'existence tourmentée du grand compositeur ; il en garda une rancœur sourde, profonde, qui a éclaté d'une façon indigne de lui, après la guerre, dans ses blasphèmes et ses imprécations contre Paris. A force de génie, de vigueur et de patience, il était arrivé à s'imposer à l'Allemagne, à s'y faire reconnaître comme un Maître de son temps. Mais il voulut la consécration de Paris et apporta le Tannhauser à l'Académie impériale de musique ; on sait l'histoire de cette chute, retentissante, formidable, unique peut-être dans les annales du théâtre. Wagner possédait une de ces personnalités étranges devant lesquelles l'indifférence est impossible : autour de lui il éveillait des admirations aveugles, des haines féroces, — bien plus de haines, hélas ! que de dévouements ! — Le concert de malédictions, d'injures, de railleries qui, de tous côtés, s'éleva après la représentation de son œuvre à Paris, aurait terrassé tout autre homme. Mais le grand Maître allemand, à rebours de tant d'autres, ne se délectait que dans la lutte à outrance : il semblait y puiser de nouvelles forces, un nouveau mépris et, au torrent des imprécations, il répondait généralement par quelque magnifique défi jeté au goût du jour, aux conventions, aux préjugés, à l'envie. C'est donc à ce moment où il était comme illuminé par la flamme des résolutions indomptables que Villiers, jeune, enthousiaste, le vit pour la première fois. Cette entrevue s'était pour toujours fixée dans sa mémoire : avec son front étrange, énorme, presque effrayant, ses yeux bleus, profonds, au regard lent, fixe et magnétique, avec ce visage maigre, plein de changeantes pâleurs, aux lignes violemment accentuées, ce nez courbe, tyrannique, cette bouche aux lèvres fines, minces, inassouvies et ironiques, ce menton saillant et pointu d'une incroyable énergie, Richard Wagner apparut au Poète comme l'archange des suprêmes combats. De son côté, dans ces heures enfiellées, l'âme du grand musicien dut s'élancer d'un fort élan sympathique vers les quelques rares esprits qui, au milieu des adverses clameurs, prirent vaillamment fait et cause pour lui, le défendirent et l'admirèrent. Sa forte amitié pour Catulle Mendès, pour Baudelaire, pour Villiers et pour quelques autres, date de cette époque. Mais des goûts semblables, d'identiques façons d'envisager les rêves et les réalités, les choses et les hommes rapprochèrent davantage le jeune Poète et le Musicien aux cheveux déjà grisonnants.
Ils furent unis, enfin, par une commune passion, le noctambulisme. Que de courses éperdues, sans souci de la température, du lieu, de l'heure, à travers le mystérieux Paris nocturne ; les deux amis ne se quittaient guère qu'au petit jour. Une fois, qu'ils descendaient le long d'une rue longue et sombre qui tombe à la pointe Saint- Eustache, Wagner, soudainement, désigna, d'un geste tragique, la fenêtre d'une mansarde, tout au haut d'une grande maison ; c'est là qu'il avait vraiment désespéré, qu'il avait failli mourir de faim, qu'il avait eu l'idée du suicide et qu'il avait écrit, au milieu de la plus noire misère, une de ses œuvres les plus fortes et les plus poétiques : il raconta alors à Villiers, en ce français bourré de germanismes qui donnait à sa conversation une physionomie si étrange, toute cette extraordinaire aventure de sa jeunesse à Paris : comment, vers 1877 [sic!], poussé par sa destinée, il avait brusquement quitté Riga où il tenait l'emploi de chef d'orchestre du théâtre, et s'était embarqué sur un voilier à destination de Londres avec l'intention de se rendre de là à Paris. Une tempête effroyable jeta le navire sur les côtes de Norvège. Wagner ne se découragea pas et arriva au but de son voyage. A Paris, presque totalement inconnu, dans la position la plus précaire, il vit les portes des théâtres se fermer dédaigneusement devant lui ; talonné par le besoin, il essaya, de composer des romances pour les concerts : hélas! Wagner n'était pas l'homme de la romance parisienne ; on se moqua de ses œuvres. Bref, dans cette mansarde, là même, terré comme une bête aux abois, sans un liard, le ventre vide, désespéré enfin, il songeait à mourir, lorsqu'un éditeur de musique vint lui proposer d'arranger des airs d'opéras pour le cornet à piston. Le cornet à piston fut donc le sauveur de Wagner! Vivant avec la sobriété d'un chameau, il arriva, au bout d'un an de privations inouïes, à réunir la somme nécessaire pour louer un piano : " Je tremblais de tous mes membres, dit-il à Villiers, en posant mes doigts sur le clavier, mais bientôt je m'aperçus avec ravissement que j'étais encore musicien ! " Alors l'inspiration lui revint débordante de richesses. Les souvenirs de ce récent naufrage où il avait été acteur, de cette mer entrevue aux lueurs sinistres de la tempête, de ces fiords [sic] profonds, de ces promontoires aigus, obsédèrent son imagination. Puis tout à coup, rapide comme une flèche, enveloppé d'un fulgurant éclair, sur la brumeuse mer de la Scandinavie, il vit passer le lugubre vaisseau légendaire, le Hollandais volant ; et ce fut là, dans cette mansarde parisienne froide et nue, que Richard Wagner, insensible désormais à toutes les angoisses physiques, seul avec son génie et son pauvre piano de louage, composa et écrivit cet admirable poème lyrique qui s'appella [sic] Vaisseau fantôme.
Mais si je me laissais aller à la tentation de retracer ici toutes les conversations de Villiers sur son grand et mélodieux ami, un nouveau volume se grefferait sur celui de ces souvenirs. Jamais, en effet, l'auteur d'Axel ne devenait plus prolixe, plus éloquent, que lorsqu'il mettait en scène Richard Wagner. On sentait que, positivement, une parcelle de l'âme du Maître était entrée en lui, et, lorsqu'il interprétait par la parole quelques-unes de ses œuvres, il vous donnait, pour ainsi dire, l'illusion de la Musique. Catulle Mendès, dans le noble livre qu'il a consacré à la gloire du Maître allemand, raconte que Villiers avait écrit une de ces interprétations, celle du prélude de Lohegrin je crois. Je ne pense pas que cette page ait été publiée, je ne l'ai trouvée nulle part. Si l'ancien directeur de la Revue Fantaisiste possède cette œuvre de son compagnon d'antan, il méritera, en la faisant connaître, toute la reconnaissance des lettrés.
Tel fut donc le culte passionné de l'Isle- Adam pour Wagner que, malgré toute sa pénurie, je pourrais dire toute sa misère, il trouva le moyen d'effectuer de longs voyages en Suisse et en Allemagne, pour jouir de la présence, de la conversation et de la musique de l'auteur de Tristan et Yseult. Dans l'une de ces expéditions lointaines, à Triebchen près,
de Lucerne, il retrouva une jeune fille qu'il
avait déjà connue à Paris et dont il avait été
un des premiers à découvrir et applaudir le
magnifique talent, désormais proclamé et
incontestable ; je veux parler de Mlle Augusta
Holmes. Villiers s'enthousiasma tout de suite
pour cette jeune et belle artiste, admirablement douée, brûlant du feu sacré, prête à
tous les sacrifices sur l'autel de l'art et se
riant, dans sa foi naïve et robuste, des mille
obstacles qui barrent aux femmes le chemin
de la gloire... Bien longtemps après, en 1885,
l'écrivain, dans un charmant article, a fixé,
d'une plume enthousiaste et émue, le souvenir
de ses relations avec la jeune musicienne :
j'en détache deux passages. Il la vit pour
la première fois, rue de l'Orangerie, à Versailles, dans la maison de son vieux père
M. Dalkeilh-Holmès chez lequel il s'était laissé
entraîner, à contre-cœur, par son compagnon de ce jour-là, Camille Saint-Saëns.
" Ce soir-là nous entendîmes des mélodies orientales, premières pensées harmonieuses
de l'auteur futur des Argonautes, de Lutèce, d' Irlande et de Pologne, et qui m'apparurent
comme déjà presque délivrées des moules
convenus de l'ancienne musique. Augusta
Holmès était douée de cette voix intelligente
qui se plie à tous les registres et fait valoir
les moindres intentions d'une œuvre. Je me
défie, à l'ordinaire, des voix habiles en lesquelles se transfigure souvent — pour l'assistance mondaine — la valeur d'une composition médiocre : mais ici, l' « air » était digne
des accents et je dus m'émerveiller de la
Sirène, de la Chanson du Chamelier et du
Pays des Rêves ; sans parler de l'Hymne irlandais que la jeune virtuose enleva de manière à évoquer en nos esprits de forestières
visions de pins et de bruyères lointaines. Ce
fut toute une éclaircie musicale indiquant un
inévitable destin.
" La soirée fut close par quelques passages du Lohengrin de Wagner, nouvellement édité en France et auquel Saint-Saëns
nous initia... Cette musique eut pour effet de passionner la nouvelle musicienne et, depuis,
son admiration pour le magicien de Tristan et
Yseult ne s'est jamais démentie. "
Voici, maintenant la rencontre à Triebchen :
" Deux mois avant la guerre allemande [erreur de Villiers ou de son biographe, les événements relatés ont eu lieu un an avant cette guerre, ndlr], je
rencontrai à Triebchen, près de Lucerne,
chez Richard Wagner lui-même, Mlle Holmès ;
son père s'étant décidé « malgré son grand
âge » au voyage de Munich pour laisser entendre à la jeune compositrice la première
partie des Niebelungen.
" — Moins d'attendrissement pour moi, mademoiselle !... lui dit Wagner après l'avoir
écoutée avec cette attention clairvoyante et prophétique du génie. Pour les esprits vivants et
créateurs, je ne veux pas être un mancenillier
dont l'ombrage étouffe les oiseaux. Un conseil : ne soyez d'aucune école, surtout de la
mienne. "
" Richard Wagner ne voulait pas que
l'on représentât le Rheingold à Munich. Bien
que la partition en eût été publiée, il se refusait à laisser montrer l'ouvrage isolément des trois autres parties des Niebelungen. Son grand
rêve qu'il a depuis réalisé à Bayreuth , était
de donner une exécution d'ensemble , en
quatre soirées, de cette œuvre de sa vie. Mais
l'impatience de son jeune fanatique, le roi
de Bavière, avait passé outre : l'on allait jouer
le Rheingold par ordre royal . Et Wagner,
ayant décliné toute participation et tous éclaircissements, inquiet et attristé de la façon dont
on allait déflorer l'unité de son vaste chef-d'œuvre, avait défendu à ses amis d'aller
l'entendre. En sorte que plusieurs musiciens
et littérateurs, au nombre desquels je me
trouvais, et qui avaient accompli deux fois le
voyage d'Allemagne pour écouter la musique
du maître, ne savaient trop s'ils devaient obéir ;
l'injonction était cruelle.
" — Je regarderai comme ennemis ceux
qui auront encouragé ce massacre par leur
présence, " nous disait-il.
" Mlle Holmes, résignée à la soumission
devant cette menace, était désespérée.
" Cependant les lettres du kappelmeister
Hans Richter, qui conduisait l'orchestre de Munich, ayant un peu rassuré Wagner, son
ressentiment s'adoucit contre ses passionnés zélateurs et l'on profita de cette accalmie pour partir, quand même, à la sourdine.
" J'ai, sous les yeux, une lettre, encore
amère, toutefois, et dans laquelle Wagner
m'écrivait, à Munich : " Ainsi, vous allez avec
vos amis admirer comment on s'amuse avec des
œuvres viriles : eh bien ! je compte, malgré
tout, sur quelques passages inexterminables
de cette œuvre pour sauver ce qui n'en pourra
pas être compris ! "
" Les prévisions du maître furent déçues
par l'éclatant triomphe du Rheingold plutôt
pressenti qu'apparu (puisque les trois autres
parties des Niebelungen, dont il est la clef
le rendent, seules, totalement intelligible).
Tous ses partisans y assistèrent, malgré la
menace et la défense, et je me souviens
d'avoir aperçu, ce grand soir-là, dans la salle,
au premier rang de la Galerie noble, Mlle Au-
gusta Holmes qui, assise à côté de l'abbé
Liszt, suivait l'exécution du Rheingold sur la partition d'orchestre de l'illustre musicien. " (Vie Moderne, Paris, 1880.)
Ai-je besoin d'ajouter, maintenant, que
Villiers fut un des premiers Français à accourir à Bayreuth, lorsque, en 1876, Richard
Wagner, grâce aux somptueuses munificences
du roi de Bavière put enfin réaliser « son
grand rêve ».
Je veux clore cette fidèle chronique des
fraternelles relations qui existèrent entre le
grand Maître allemand et le grand Penseur
français par la citation d'une page de Villiers
de l'Isle-Adam, page presque inconnue des
lettrés, digne en tout point, cependant de devenir la fière préface de l'œuvre complète du
Poète . Dans une conversation purement
imaginaire, Villiers a résumé, en les mettant
dans la bouche du Maître préféré, toutes ses
convictions d'artiste et de croyant. Quand on
sait combien dure et misérable fut l'existence
de celui qui a fait jaillir de son âme et de sa
conscience ce magnifique acte de foi artistique,
il est impossible de le lire sans se sentir profondément ému.
" Un soir, à la tombée du crépuscule, assis
dans le salon déjà sombre, devant le jardin,
comme de rares paroles, entre de longs silences, venaient d'être échangées, sans avoir
troublé le recueillement ou nous nous plaisions, je demandai, sans vains préambules, à
Wagner, si c'était, pour ainsi dire, artificiellement (à force de science et de puissance
intellectuelle, en un mot) qu'il était par-venu à pénétrer son œuvre, Rienzi, Thannhauser [sic] , Lohengrin, le Vaisseau-Fantôme,
les Maîtres-Chanteurs même, et le Parsifal
auquel il songeait déjà, de cette si haute impression de mysticité qui en émanait, bref
si, en dehors de toute croyance personnelle, il s'était trouvé assez libre-penseur,
assez indépendant de conscience, pour n'être
chrétien qu'autant que les sujets de ces drames
lyriques le nécessitaient ; s'il regardait, enfin,
le christianisme, du même regard que ces
mythes Scandinaves dont il avait si magnifiquement fait revivre le symbolisme en son
anneau du Niebelung. Une chose en effet, qui
légitimait cette question, m'avait frappé dans une de ses œuvres les plus magistrales, Tris-
tan et Yseult : c'est que, dans cette œuvre où
l'amour le plus intense n'est dédaigneusement dû qu'à l'aveuglement d'un philtre, le
nom de Dieu n'était pas prononcé une seule
fois.
Je me souviendrai toujours du regard, que
du profond de ses extraordinaires yeux bleus,
Wagner fixa sur moi.
" — Mais, me répondit-il en souriant, si
je ne ressentais, en mon âme, la lumière et
l'amour vivants de cette foi chrétienne dont
vous parlez, mes œuvres qui, toutes, en témoignent, où j'incorpore mon esprit ainsi que le
temps de ma vie, seraient celles d'un menteur, d'un singe ! Comment aurais-je l'enfantillage de m'exalter à froid pour ce qui me
semblerait n'être, au fond, qu'une imposture?
Mon art, c'est ma prière: et, croyez-moi, nul
véritable artiste ne chante que ce qu'il croit,
ne parle que de ce qu'il aime, n'écrit que ce
qu'il pense ; car ceux-là, qui mentent, se trahissent en leur œuvre dès lors stérile et de peu
de valeur, nul ne pouvant accomplir œuvre d'art véritable sans désintéressement, sans
sincérité.
" Oui, celui qui, en vue de tels bas
intérêts de succès ou d'argent, essaie de
grimacer, en un prétendu ouvrage d'art, une
foi fictive, se trahit lui-même et ne produit
qu'une œuvre morte. Le nom de Dieu, prononcé par ce traître, non seulement ne signifie pour personne ce qu'il semble énoncer,
mais comme c'est un mot, c'est-à-dire un être même ainsi usurpé, il porte, en sa profanation suprême, le simple mensonge de celui qui
le proféra. Personne d'humain ne peut s'y laisser prendre, en sorte que l'auteur ne peut être
estimé que de ceux-là mêmes, ses congénères,
qui reconnaissent, en son mensonge, celui
qu'ils sont eux-mêmes. Une foi brûlante, sacrée,
précise, inaltérable, est le signe premier qui
marque le réel artiste : car, en toute production d'art digne d'un homme, la valeur
artistique et la valeur vivante se confondent ;
c'est la dualité mêlée du corps et de l'âme.
L'œuvre d'un individu sans foi ne sera jamais
l'œuvre d'un artiste puisqu'elle manquera toujours de cette flamme vive qui enthousiasme, élève, grandit, réchauffe et fortifie ;
cela sentira toujours le cadavre, que galvanise
un métier frivole. Toutefois entendons-nous :
si, d'une part, la seule science ne peut produire
que d'habiles amateurs, — grands détrousseurs
de « procédés » de mouvements et d'expressions, — consommés, plus ou moins, dans la
facture de leurs mosaïques, et, aussi d'éhontés démarqueurs, s'assimilant, pour donner le change, ces milliers de disparates étincelles qui, au ressortir du néant éclairé de ces
esprits, n'apparaissent plus qu'éteintes, —
d'autre part, la foi, seule, ne peut produire et
proférer que des cris sublimes qui, faute de
se concevoir eux-mêmes , ne sembleront au
vulgaire, hélas, que d'incohérentes clameurs :
il faut donc à l'artiste véritable, à celui
qui crée, unit et transfigure ces deux indissolubles dons : la science et la foi. Pour moi,
puisque vous m'interrogez, sachez qu'avant
tout je suis chrétien et que les accents qui
vous impressionnent en mon œuvre ne sont
inspirés et créés, en principe, que de cela seul. »
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