Paul Gérardy par James Ensor vers 1906 |
Le poète belge Paul Gérardy (1870 à Saint-Vith-1933) publiait en 1893 ses Pages de joie, dans lesquelles figuraient le Chansons du Prince Lirelaire, qu'il reprend en 1898 dans un recueil de poésies intitulé Roseaux ( Mercure de France à Paris). Il évoque Wagner et Louis II de Bavière dans son poème D'orgueil II.
D'ORGUEIL. II
J'avais des rêves immenses
Comme l'âme de Wagner;
Hélas ! je n'ai su trouver
Mon Saint-Louis-de-Bavière.
Je suis le Prince Lirelaire
Aux tristes aventures ;
Je chevauche et je ris quand même
Et chante à l'aventure.
Mais les palais que j'ai rêvés
Hélas! ne seront pas;
Hélas! pour tous ceux qui viendront
Et ne les verront pas !
On trouve quelque éclairage sur l'art poétique de Paul Gérardy dans le Rapport à M. le ministre de l'Instruction publique et des beaux-arts sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900 ; précédé de Réflexions sur la personnalité de l'esprit poétique de France ; suivi d'un Dictionnaire bibliographique et critique et d'une nomenclature chronologique de la plupart des poètes français du XIXe siècle de Catulle Mendès ( Imprimerie nationale, Paris, 1902, page 327). Catulle Mendès y a réuni quelques opinions publiées dans des articles sur les recueils de poèmes écrits par Gérardy entre 1892 et 1894:
"GÉRARDY (Paul).
Pages de joie (1893). - Roseaux (1898).
OPINIONS.
STUART MERRILL. — M. Gérardy nous tend ses délectables Pages de joie. J'ai dit toute l'admiration que je sentais pour ce jeune poète dont la pensée française se teinte si légèrement de germanisme. [L'Ermitage (1893).]
CAMILLE MAUCLAIR. — M. Paul Gérardy est un des jeunes poètes belges le plus excellemment simple et chantant. Son premier volume était fort joli. Voici un recueil de mélodies douces et harmonieuses, où l'influence de Verlaine n'empêche point une très personnelle sensibilité, un tact frileux, quelque hésitation devant la vie, et beaucoup d'art. C'est charmant, en vérité, de voir venir de temps à autre de là-has ces minces volumes de vers ingénus, pleins de musique, nimbant des sentiments simples d'une langue naïve, d'une authentique naïveté, avec le petit goût vif d'un don réel des ressources du vers. M. Gérardy est vraiment imprégné de la mélancolie demi-souriante des ciels mouillés du pays wallon.
[Mercure de France (octobre 1893).]
HENRY DAVRAY. — Sous le joli titre de Roseaux, M. Paul Gérardy a réuni les poèmes qu'il composa de 1892 à 1894. Il serait, semble-t-il, facile de retrouver, dans les premières divisions du volume, des influences assez marquées de ceux qui sont des plus grands parmi les poètes actuels, et l'influence aussi, d'un bout à l'autre, d'une culture et d'une habitude de pensée germaniques. Non que ce soit là une dépréciation, car il est bon que s'introduise et que s'affirme d'une façon toujours plus définitive, dans la poésie française, ce sens du symbole exprimant indirectement les choses et conservant toute l'ampleur et la profondeur de la signification des images synthétiques, des faits et des êtres transitoires et partiels.
Toutes les pièces que contient le volume de M. Paul Gérardy sont de courte haleine, trop courte parfois, mais l'habitude qu'on lui sent de la fréquentation des esprits philosophiques les plus abstraits, encore qu'elle gêne presque toujours l'émotion vivace et lyrique, l'aide à donner à ses poèmes une signification très vaste; quelquefois, à vrai dire, vague et brumeuse. Mais si son émotion est encore trop souvent purement intellectuelle, ce recueil permet de dire que M. Paul Gérardy est un vrai poète.
[L'Ermitage (décembre 1898).]
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