Le Dr Augustin Cabanès (1862-1928), pharmacien, docteur en médecine, journaliste et historien de la médecine français, figure importante de l'histoire de la médecine, connu pour ses ouvrages relatifs à des mystères de l'histoire, et en particulier de l'histoire de la médecine. Il a notamment publié deux études sur les souverains atteints de démence.
De bonne heure attiré par les lettres, Cabanès avait fait ses débuts, en 1886, dans les recherches spéciales auxquelles il devait se consacrer, par un court article intitulé Souverains névropathes, qui parut dans le Progrès médical, et qui mentionne d'entame la personnalité du Roi Louis II de Bavière, pour ne plus y revenir dans le reste de l'article:
in Le progrès médical: journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie (Année 14, Ser. 2, T. 4)., Paris, 1886 |
En 1914, il publiait ses Fous couronnés, où il se penche sur les personnalités de Jeanne la Folle, Philippe II d'Espagne. Pierre le Grand. Pierre III, Paul Ier de Russie. Christian VII de Danemark, Othon et Louis II de Bavière. A noter que le premier volume de ses Grands névropathes. Malades immortels se terminent par une étude sur Richard Wagner.
L'ouvrage fut alors bien reçu dans les milieux médicaux comme en témoigne la recension de Gilbert Ballet publiée en 1914 dans Le Bulletin de l'Académie nationale de médecine (pp. 820 et 821), édité par Masson à Paris:
"J'ai l'honneur de déposer sur le bureau un intéressant ouvrage sur les Fous couronnés. Il est de M. le Dr Cabanès, dont vous connaissez l'érudition et la grande activité et dont plusieurs livres ont été, et l'un tout récemment encore, présentés à l'Académie. Si l'ouvrage était destiné spécialement au public médical, je chicanerais un peu l'auteur sur le titre qu'il a adopté. Le mot fou, qui ne signifie pas grand' chose, qui en tout cas ne signifie rien de précis, doit disparaître de notre vocabulaire; d'ailleurs, en le prenant même dans le sens le plus général et le plus vague qu'on lui donne, il n'est pas légitimement applicable à tous les personnages que M. Cabanès a étudiés.
Mais le livre n'est pas écrit seulement pour les médecins; les laïques aussi prendront plaisir à le lire; le mot fou est dès lors acceptable, car les gens du monde aiment à ce qu'on s'en serve, ayant une prédilection qui n'est pas près de disparaître, pour les termes imprécis et vagues, et Dieu sait si celui-là est vague et imprécis! Pourtant, ne trouvant pas qu'il le fût assez, des littérateurs, peu soucieux d'ailleurs de l'élégance des termes, ont imaginé celui de demi-fous. Va pour les fous et les demi-fous.
M. le Dr Cabanès a esquissé un pittoresque portrait de Jeanne la Folle, l'épouse de Philippe le Beau, qui celle-là méritait bien l'épittète sous laquelle l'histoire et l'auteur la désignent; il a tracé une psychologie très objective et très vivante de Philippe II d'Espagne. On lira avec un intérêt qui ne tombe pas un instant les pages consacrées à la famille des Romanoff, à ce déséquilibré sensuel et grossier, mais homme d'universelle curiosité et aussi de génie que fut Pierre le Grand, à la grande Catherine II, dont on peut se demander si elle ne fut pas quelque peu nymphomane.
M. Cabanès a heureusement restitué une figure moins universellement connue que les précédentes, celle de Christian de Danemark.
Il nous a fait assister à la triste vie et à la non moins triste fin des deux «i fous couronnés » que furent les derniers représentants de la dynastie des Wittelsbach, Othon et Louis Il de Bavière. J'ai lu d'un trait l'ouvrage de M. le Dr Cabanès. Je crois bien que lui qui en a écrit tant d'instructifs et d'attrayants, n'en a pas écrit qui le soient plus que celui-là. On se plaît aujourd'hui à la pathologie et à la psychologie rétrospectives, qui présentent en effet un grand charme pour ceux que l'érudition ne laisse pas indifférents. Faites par les pathologistes ou les psychologues, elles ont, il faut bien le reconnaître, quelquefois un air un peu rébarbatif. Ne nous plaignons pas que de temps en temps, les spécialistes passent la plume aux simples médecins historiens l'analyse des caractères peut y perdre un peu en précision, mais elle y gagne en intérêt. Je connais des ouvrages que les aliénistes trouveront plus fouillés, je n'en connais pas qu'ils trouveront d'une lecture aussi captivante que celui de M. Cabanès."
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