Avec la comédie musicale Singin´ in the rain, le metteur en scène Joseph Köpplinger nousoffre le meilleur de lui-même, et ce meilleur est excellentissime. Cet homme a le génie de l´opérette et de la comédie musicale au corps, il a l´amour du public et du spectacle populaire, c´est un faiseur de joie, un magicien de la scène. Et pour ce faire, il sait s´entourer des meilleurs talents.
Pour ce Chantons sous la pluie, il s´est associé le concours de la chorégraphe berlinoise Ricarda Regina Ludigkeit avec laquelle il avait déjà réalisé un mémorable Tschitti Tschitti Bäng Bäng. Ensemble ils ont conçu un spectacle de théâtre musical de danse et cinématographique magnifiquement chorégraphé et étonnant de trouvailles, qui tout à la fois retransmet la saveur du film original et brille d´inventivité. Le cinéma est bien évidemment très présent. Pendant que l´orchestre joue l´ouverture, une fenêtre du décor voit se dérouler le générique d´un film qui présente les acteurs et les collaborateurs de la comédie musicale. Ensuite, à diverses reprises, des films, muets puis parlants, sont projetés en suivant le déroulement exact du scénario original. Les projections sont faites à l´occasion des premières des films de Lina Lamont et Don Lockwood, ou des bouts d´essai et des previews présentés chez le producteur. Le noir et blanc s´imposait bien entendu, et les films ont été tournés en rendant bien l´atmosphère et les possibilités techniques de cette époque où le cinéma muet est devenu parlant. Les décors et les costumes sont à l´avenant, ils sont de Rolf Langenfass, qui a trouvé des solutions ingénieuses pour évoquer les différents lieux de l´action en nous offrant une peinture joyeuse du Hollywood de la fin des années 20. Un vrai régal de carton-pâte, avec tout le tralala du glamour, et, histoire du music-hall oblige, un grand escalier très Broadway des plus réussis sur lequel les metteurs en scène réussissent à signer une magnifique chorégraphie de la chanson-titre, avec un ballet des parapluies original qui n´a rien à envier à celui de Fred Astaire.
Daniel Prohaska (Don Lockwood)
Tout cela est joué par une troupe de merveilleux acteurs. Daniel Prohaska au meilleur de sa forme déploie ses multiples talents d´acteur, de danseur bondissant, souple et élégant, qui s´est initié au métier des claquettes à un point de maîtrise étonnant, et de chanteur à la voix vibrante et tonique. Il fait preuve d´une vitalité et d´une énergie qui laisse le public sans voix, quand on se rend compte de la présence en scène quasi continue que le rôle exige. Un grand acteur, un grand chanteur doublé d´un athlète de la scène, un des meilleurs rôles de ce délicieux comédien et chanteur, qui en affiche déjà de nombreux à son palmarès. Il forme un duo de rêve avec son partenaire de scène Cosmo interprété par le fougueux et bondissant Peter Lesiak, tout aussi athlétique et énergique, capable d´acrobaties scéniques ébouriffantes. A deux ils nous ont donné un Make ´em laugh d´anthologie! Lina Lamont est interprétée par une grande comédienne, Bettina Mönch, débordante de drôlerie dans son jeu de scène d´actrice glamoureuse dotée d´un ego aussi stupide que démesuré, avec un travail de la voix sensationnel: cette chanteuse déforme ici avec conviction sa voix pour incarner le personnage de Lina affligée d´une voix nasillarde et criarde et d´un cheveu sur la langue d´une épaisseur peu commune. On se souvient ici à Munich de son talent, où on a pu l´entendre en Kaa dans le Livre de la jungle ou en Princesse Fiona dans Shrek. En Lina, elle brûle les planches! Son pendant féminin inversé, la Kathy de Singin´in the rain, est interprété avec une sensibilité très touchante par la délicieuse Nadine Zeintl dont la voix porte le langage du coeur, et qu´on se réjouit de retrouver dans ce rôle après qu´elle nous ait récemment fasciné dans Cabaret ou la Princesse du cirque. Les seconds rôles sont tout aussi bien distribués, avec notamment le producteur d´Erwin Windegger et le réalisateur de Frank Berg, ou la Dora Dailey de Dagmar Hellberg qui interprète encore trois autres rôles.
L´orchestre est placé sous al direction enjouée de Jeff Frohner. Danseurs, choristes et figurants débordants d´enthousiasme et de talent contribuent faire de ce spectacle détonant une explosion de joie pour un des meilleurs moments de la saison.
Un spectacle du Theater-am-Gärtnerplatz à ne pas manquer qui se joue les 4, 7, 8 et 9 mars au Prinzregententheater. Réservations par téléphone au 089/21851960 ou par internet en cliquant ici.
Quelques places restantes.
Crédit photographique: Marie-Laure Briane
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