Détail d'une photo de la Bildarchiv Marburg |
Ce monument fut la seule commande que le Roi Louis II de Bavière passa au sculpteur Max von Widnmann. On sait, grâce aux Mémoires (Erinnerungen)* qu'a laissées Widnmann que la commande dut être exécutée en fort peu de temps, -la statue devait être de manière à pouvoir être inaugurée le 29 août, date du 120ème anniveraire de la naissance de Goethe-, et que la somme allouée était par trop modique (1500 florins de 1869). Louis II avait exigé que Goethe soit représenté jeune en toge antique et porteur d'une lyre. Le modèle de la tête devait être le buste réalisé par Alexander Trippel **pendant le séjour romain de Goethe. (Ci-contre: détail d'une carte postale ancienne représentant le monument.)
Ces remarques du sculpteur sont importantes parce qu'elles constituent un nouveau témoignage du soin et de la précision extrêmes que le roi Louis II apportait à ses commandes artistiques.
La statue fut détruite pendant la seconde guerre mondiale.
Le monument dans la presse française de l'époque, une publication du Monde illustré
Gravure selon un croquis de A. Mouillard |
La gravure parue en première page du Monde illustré du 18 septembre 1869 est accompagnée d'un article (en page 6), que voici:
LA STATUE DE GŒTHE, A MUNICH
La munificence du roi Louis II, de Bavière, vient d'offrir à la ville de Munich une statue de Gœthe.
Au milieu des grands hommes qui décorent les places de la ville, l'illustre poëte manquait, et cependant il n'est guère de ville importante de l'Allemagne qui n'ait tenu à honneur d'élever un monument de reconnaissance à l'homme qui, avec Schiller et Lessing, a plus fait pour l'unité allemande que bien des ministres aidés du fusil à aiguille.
Le 29 août, sur la place Carl, on a fait tomber le voile qui recouvrait le monument érigé à la mémoire de l'auteur de Faust. Entourée d'arbustes; sur un piédestal orné de guirlandes de feuillage, se dresse l'image de Gœthe, drapé à l'antique. Sa tête est couronnée de lauriers, sa main gauche tient la lyre. Le poëte, dans tout l'éclat de sa jeunesse, a la noblesse d'Apollon. Du reste, si jamais il fut permis à un sculpteur de s'éloigner de la vraisemblance historique, en revêtant un poëte du dix-huitième siècle du manteau des Grecs, c'est surtout quand il s'agit de Gœthe. dont la beauté régulière est bien connue, que pareille licence est pardonnable.
Les ministres de Hormann, de Pfretzschener, de Sehln, une députation des professeurs de l'université et du conseil municipal de Munich, se tenaient au pied de la statue, qu'entourait la foule. Le premier chambellan du roi, comte de Pocci, prononça une courte allocution, et au nom de S. M. le roi de Bavière, offrit le monument à la ville de Munich: Le bourgmestre, remercia au nom de la ville.
La société des chanteurs de Munich fit entendre un choeur composé pour cette circonstance par le maître de chapelle Rheinbeger.
Telle fut, dans sa simplicité, l'inauguration du monument d'un des plus grands esprits des temps modernes.
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*Maximilian von Widnmanns ERINNERUNGEN, Hrsg. Anneliese Senger Stiftung, München 2014, ISBN 9 783 73 5718211
Des extraits du texte original en allemand concernant la commande de la statue par Louis II ont été mis en ligne par la fondation Anneliese Senger. Cliquer ici.
**Buste de Goethe par Alexander Trippel
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