Biographie d'Edouard Schuré
Pour découvrir la biographie de Philippe Frédéric "Edouard" Schuré et sa relation à la personne et à l'oeuvre de Richard Wagner, on pourra se reporter à l'article du Musée virtuel Richard Wagner, que le Musée fait suivre de l'article publié par Schuré en avril 1869 dans la Revue des deux Mondes.
Portrait littéraire de Wagner par Edouard Schúré
Le portrait que nous retranscrivons ci-dessous ouvre l'étude publiée par Schuré en 1895 chez Perrin et Cie intitulée Le drame musical - Richard Wagner, son œuvre et son idée (pp. 1 à 3), un livre qui est gratuitement accessible à la lecture en ligne sur archive.org. Schuré a par ailleurs donné un autre portrait de Richard Wagner dans ses Souvenirs sur Richard Wagner parus en 1900, qu'on lira avec intérêt également sur le site du Musée virtuel Richard Wagner, qui le reproduit.
Le front bombé de Beethoven a la force de Prométhée et la candeur de l'enfant. Celui de Richard Wagner, moins harmonieux et plus colossal, produit un effet très différent. Il monte abrupt, inabordable et audacieux comme le front du Wetterhorn chargé d'orages. Ce front étrange et superbe inspire au premier abord une admiration mêlée d'une sorte d'effroi. On se trouve en présence d'un esprit supérieur créé pour défier les obstacles et pour remuer les hommes. On sent aussi qu'il ne saurait vous accepter comme son semblable et ne vous laissera pas monter aux âpres et derniers sommets de sa pensée. La force, la révolte et la magie siègent sur ce front. On y lit en caractères indélébiles : Guerre à mon siècle ! — Sous sa masse énorme luisent des yeux d'un bleu clair, profonds et petits. D'habitude le regard est humide, lent, fixe, magnétique. Mais souvent il vous arrive à l'improviste, droit comme un éclair, et vous transperce de part en part. Il est très difficile de le soutenir alors, tant il surprend et déconcerte. Tantôt il nage dans une exaltation mystique et verse un fluide tendre, tantôt il lance tous les feux de la passion, de la volonté et du génie. Le visage buriné en lignes marquantes, est maigre, d'une pileur changeante qui, sous le jet de l'indignation ou de l'enthousiasme, se colore en un clin d'œil. Le nez est recourbé, dominateur; la bouche rentrante; les lèvres, minces et fines, respirent tour à tour ou à la fois le désir inassouvi et l'ironie pénétrante. Le menton, saillant et pointu, est empreint d'une formidable énergie. Tout le bas du visage, creusé de traits anguleux, est travaillé et tourmenté par les passions. Mais quelles que soient les émotions subtiles ou redoutables qui l'agitent, toujours il est comme surplombé et royalement dominé par ce front où réside un vaste et splendide génie. Ce contraste donne à cette tête son caractère unique et grandiose. Quiconque l'a entrevue ne saurait l'oublier. Son expression habituelle est le défi, son caractère dominant, la puissance et la témérité. Placez-la devant le mur des Alpes, elle aura l'air de dire en le mesurant du regard : J'y monterai! La tête de Gœthe semble penser, dans son calme olympien: Je voudrais m'asseoir au sommet du monde et le contempler en paix. Celle-ci semble dire :Je voudrais le bouleverser et le rebâtir de fond en comble.
Portrait littéraire de Wagner par Edouard Schúré
Le portrait que nous retranscrivons ci-dessous ouvre l'étude publiée par Schuré en 1895 chez Perrin et Cie intitulée Le drame musical - Richard Wagner, son œuvre et son idée (pp. 1 à 3), un livre qui est gratuitement accessible à la lecture en ligne sur archive.org. Schuré a par ailleurs donné un autre portrait de Richard Wagner dans ses Souvenirs sur Richard Wagner parus en 1900, qu'on lira avec intérêt également sur le site du Musée virtuel Richard Wagner, qui le reproduit.
Aquarelle de William Turner, Le lac de Thun (Wetterhorn Suisse), 1806 |
Le front bombé de Beethoven a la force de Prométhée et la candeur de l'enfant. Celui de Richard Wagner, moins harmonieux et plus colossal, produit un effet très différent. Il monte abrupt, inabordable et audacieux comme le front du Wetterhorn chargé d'orages. Ce front étrange et superbe inspire au premier abord une admiration mêlée d'une sorte d'effroi. On se trouve en présence d'un esprit supérieur créé pour défier les obstacles et pour remuer les hommes. On sent aussi qu'il ne saurait vous accepter comme son semblable et ne vous laissera pas monter aux âpres et derniers sommets de sa pensée. La force, la révolte et la magie siègent sur ce front. On y lit en caractères indélébiles : Guerre à mon siècle ! — Sous sa masse énorme luisent des yeux d'un bleu clair, profonds et petits. D'habitude le regard est humide, lent, fixe, magnétique. Mais souvent il vous arrive à l'improviste, droit comme un éclair, et vous transperce de part en part. Il est très difficile de le soutenir alors, tant il surprend et déconcerte. Tantôt il nage dans une exaltation mystique et verse un fluide tendre, tantôt il lance tous les feux de la passion, de la volonté et du génie. Le visage buriné en lignes marquantes, est maigre, d'une pileur changeante qui, sous le jet de l'indignation ou de l'enthousiasme, se colore en un clin d'œil. Le nez est recourbé, dominateur; la bouche rentrante; les lèvres, minces et fines, respirent tour à tour ou à la fois le désir inassouvi et l'ironie pénétrante. Le menton, saillant et pointu, est empreint d'une formidable énergie. Tout le bas du visage, creusé de traits anguleux, est travaillé et tourmenté par les passions. Mais quelles que soient les émotions subtiles ou redoutables qui l'agitent, toujours il est comme surplombé et royalement dominé par ce front où réside un vaste et splendide génie. Ce contraste donne à cette tête son caractère unique et grandiose. Quiconque l'a entrevue ne saurait l'oublier. Son expression habituelle est le défi, son caractère dominant, la puissance et la témérité. Placez-la devant le mur des Alpes, elle aura l'air de dire en le mesurant du regard : J'y monterai! La tête de Gœthe semble penser, dans son calme olympien: Je voudrais m'asseoir au sommet du monde et le contempler en paix. Celle-ci semble dire :Je voudrais le bouleverser et le rebâtir de fond en comble.
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