Cette bande dessinée d'Olaf Gulbransonn qui représente Siegfried Wagner comme le Prince héritier de la musique a été publiée dans le Simplicissimus du 16 janvier 1906.
Simplicissimus est un hebdomadaire satirique allemand créé à Munich par Albert Langen et Thomas Theodor Heine en avril 1896 et ayant paru jusqu'en 1944. Une revue inspirée par le Gil Blas français.
Olaf Leonhard Gulbransson, né le 26 mai 1873 à Christiania, en Norvège, et mort le 18 septembre 1958 à Tegernsee, en Bavière, était un peintre, dessinateur, graphiste et caricaturiste norvégien. Il déménagea en Allemagne en 1902, année pendant laquelle il se mit à collaborer à Simplicissimus.
En voici d'abord la planche entière suivie d'un découpage des vignettes. Nous avons transposé le texte allemand imprimé en gothique en caractères latins. Chaque texte est suivi de sa traduction en français.
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Simplicissimus du 10 janvier 1906, 10e année, cahier 42, page 495: Der Kronprinz der Musik / Le Prince héritier de la musique.
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Siegfried Wagner ist der Sohn des Halbgottes Richard Wagner und eines Klaviers. Er kam zur Welt im Jahre 1869 unter wunderbaren Umständen. Das Piano, auf welchem der Meister spielte, schwoll eines Tages an, und bei Berührung der Tasten gab es wehmütige Laute von sich.
Siegfried Wagner est le fils du demi-dieu Richard Wagner et d'un piano. Il est venu au monde en l'an 1869 dans des circonstances extraordinaires. Le piano, sur lequel jouait le Maître, se mit à un beau jour à enfler et à émettre des sons larmoyants.
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Um die Mittagstunde strechte er krampfhaft seine Pedale aus, und siehe da, als man hinbllickte, lag der kleine Siegfried am Boden. Alle waren über das Wunder erstaunt und der glücklige Vater beschloß, dieses Kind der Musik auf das sorgfältigste zu erziehen. Sogar die notwendigsten Geräte waren Musik-Instrumente, und wenn der kleine Siegfried tat, was auch Götterkinder not ist, dann gab es einen guten Klang.
Vers midi le piano étendit convulsivement ses pédales et, voyez donc, le temps d'un regard et le petit Siegfried était déjà par terre.Tous furent stupéfaits de ce miracle et l'heureux père décida d'élever cet enfant de la musique avec le plus grand soin. Même les ustensiles les plus nécessaires étaient des instruments de musique.et quand le petit Siegfried devait faire ce que même les enfants des dieux doivent faire, cela donnait un joli son.
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Als Siegfried das zwölfte Jahr vollendet hatte, kam Lohengrin mit seinem Schwane nach Bayreuth gefahren; er enstieg dem Nachen und küßte den Knaben. Dann segnete ihn und verleih him das Talent des Vaters, indem er einen singenden Vogel in seine Kopfhöhle legte. Da aber inzwischen Richard Wagner gestorben war, hatte dessen Gattin Cosima den Thron bestiegen, und Siegfried wurde von dem jubelden Volke als Kronprinz der Musik ausgerufen. Alle treue Untertanen schworen , ihn so zu verehren wie man den Sohn seines Fürsten verehren und lieben muß. Es war jedoch keine blinde Liebe, denn in Siegfried Haupte begann der Vogel mächtig zu singen, Siegfried lauschte seinen Liedern und schrieb sie nieder. Wenn ihn nichts einfiel, klopfte er leise mit dem Finger an die Schläfe, und der Vogel pfiff allsogleich. Alle Kenner waren erstaunt über die Wiedergeburt des unvergeßlichen Meisters, und das Lob Siegfrieds war mit lauten (...)
Lorsque Siegfried eut 12 ans accomplis, Lohengrin arriva avec son cygne à Bayreuth; il débarqua de son petit navire et embrassa le garçon. Puis il le bénit et lui fit don du talent de son père, en plaçant un oiseau chantant dans son crâne, Comme Richard Wagner était mort entre-temps, sa femme Cosima était montée sur le trône, et le peuple en liesse désigna Siegfried comme Prince héritier de la musique. tous les sujets fidèles jurèrent de l'honorer comme on doit honorer et aimer le fils de son Prince. Ce n'était cependant pas un amour aveugle, car l'oiseau se mit avec force à chanter dans la tête de Siegfried. Siegfried écoutait ses chansons et les couchait sur papier. Quand rien ne lui venait en tête, il se frappait les tempes du bout des doigts, et l'oiseau se mettait aussitôt à siffler, Tous les connaisseurs étaient étonnés de la réincarnation de l'inoubliable Maître et on chantait avec vigueur les louanges de Siegfried (...)
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(...) Tönen in alle Landen verkündet. Und man forderte gebieterisch alle Menschen auf, ihn als rechtmäßigen Kronprinzen der Musik anzuerkennen. Eines Tages aber merkte Siegfried, daß es in (...)
(...) en les proclamant dans tous les pays du monde. Et on invitait impérieusement tous les gens à le reconnaître comme Prince héritier légitime de la musique. Mais un beau jour, Siegfried remarqua que (...) |
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(...) seinem Haupte stille wurde, und er öffnete seine Kopfhöhle. Der Singvogel war tot. Er war verhungert.
(...)sa tête était devenue silencieuse, et il ouvrit sa boîte crânienne. L'oiseau chantant était mort de faim.
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Source: tous les numéros du Simplicissimus ont été digitalisés et sont accessibles en ligne par une formidable équipe de spécialistes.
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Traduction libre de Luc Roger.
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