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mardi 31 janvier 2017

Ein Königstraum (Le songe d'un Roi), un livre rare sur l'amitié musicale qui lia le Roi de Bavière à Richard Wagner

Ein Königstraum (Le songe d'un Roi) fut publié en 1900 par le Dr Victor Ritter von Fritsch chez l'éditeur munichois Hanfstaengl. Il comporte des extraits des opéras de Wagner illustrés de photogravures de Ferdinand Leeke (1859-1937).

Le livre fut mis en dépôt chez l'éditeur parisien  Fischbacher qui le distribua dès 1900. La presse parisienne de l'époque s'en était fait un écho louangeur. Nous reproduisons ci-dessous trois coupures de presse, la première est extraite du Journal des débats politiques et littéraires du 23 décembre 1900, la deuxième, au style très fleuri, du Ménestrel du 10 février 1901 et la troisième du Monde artiste du 10 octobre 1903.

Le journal des débats politiques et littéraires

    Le culte de Wagner a inspiré tous les arts poésie, musique, peinture et sculpture. Un admirateur du maître de Bayreuth, le docteur Fritsch, vient de publier chez le grand éditeur d'art de Munich, Haufstaengl, un magnifique volume, sous le poétique titre Ein Königstraum, contenant un morceau de chaque opéra de Wagner.
   Ces morceaux sont accompagnés d'une paraphrase lyrique, toute allégorique, en l'honneur de Louis II de Bavière, et illustrés de superbes photogravures d'après Ferdinand Leeke, représentant les scènes principales des opéras wagnériens. C'est la un précieux livre d'or, luxueusement édité qui sera recherché par les bibliophiles épris de grande musique et de beaux dessins.


Le Ménestrel

   Ne faut-il pas toujours être plus royaliste que le Roi? Quand ce prince se nomme,LouisiII de Bavière il est malaisé, pourtant, de s'engager à sa suite... Le voici qui revit dans une publication luxueuse encore : Ein Königstraum.
   Un Songe royal, en effet, cette épopée moderne, intérieurement vécue en plein XIXe siècle bourgeois! Je feuillette, je regarde, je devine. Et Delacroix, disait justement que la peinture est soeur de la musique, car, en dehors du texte précis, le sujet figuré produit l'effet de la musique à programme, qui remue des sentiments sans définir des idées: l'image ou la mélodie n'est que suggestion. D'abord, le site romanesque, le burg altier dans le frisson des grands arbres, que reflète l'étang cher aux cygnes. Puis, le « Roi vierge » en personne, svelte et pommadé dans sa pelisse moderne, avec son air dur; un croissant de lune a poétisé les monts. Plus loin, sont-ce des femmes ou des fées? Mais voici Venise, où mourut Richard Wagner, et le palais Vendramin, la lagune morte, et la noire gondole illuminée d'une apparition. Un coin de page accueille l'italienne prière de Rienzi. C'est Tannhäusser au Venusberg, ce joli troubadour, avec son luth, aux pieds d'une danseuse? Oui, puisque la germanique prière d'Elisabeth obtient toute la page suivante. Ortrude et Frédéric complotent dans un pan d'ombre et l'écharpe d'Yseult se fait théâtrale sur un fond de pierre. Plus émouvante, la plainte de Tristan  malade devant le trait d'encre de l'océan vide... Le poète-cordonnier cause avec la blonde Evchen, avant que le veilleur ne projette son ombre dans la ruelle moyen-âgeuse et fleurie de lune. Les trois ondines serpentent et glissent entre les doigts velus d'Alberich; le dragon Fafner mord le texte et croque les notes; la Walkyrie chevauche dans une frise; le Rhin se déroule entre les rocs, et les destins s'accomplissent : la Trauermarsch passe, nocturne et lugubre. Parsifal sauveur élève le Graal. Une allégorie finale luit au front du Roi. Le beau sujet! Ce qui manque trop souvent à ces illustrations reposantes, c'est le style, le charme secret, ce vague lunaire et cette généralité poétique qui nous rend vite amoureux de la petite Isolde échevelée d'un Fantin-Latour.  M. Ferdinand Leeke traduit les Drames de Wagner comme feu Gustave Doré les Idylles de Tennyson : en enjolivant la légende. L'ombre de Boecklin ne rudoie point ses veilles! Les vignettes sont très supérieures aux photogravures, et les petits paysages aux grands décors.

Lohengrin par Ferdinand Leeke. La photogravure du Königstraum reproduit
la gouache en noir et blanc.


Le Monde artiste a procédé en 1903 à un simple copier-coller du Journal des débats en y apposant un titre et en traduisant le titre du livre...

— Un rêve de roi.

    Le culte de Wagner, compositeur, a inspiré tous les arts: poésie, musique, peinture et sculpture.
    Un admirateur du maître de Bayreuth, le docteur Fritsch, vient de publier à Munich, un magnifique volume, sous le titre Ein Koenigstraum: un rêve de roi, contenant un morceau de chaque opéra de Wagner.
    Ces morceaux sont accompagnés dune paraphrase lyrique, tout allégorique, en l'honneur de Louis II de Bavière, et illustrés de superbes photogravures d'après Ferdinand Leeke, représentant les scènes principales des opéras wagnériens. C'est là un précieux livre d'or, luxueusement édité, qui sera recherché par les bibliophiles épris de grande musique et de beaux dessins. Il commémorera l'amitié célèbre qui unit Louis II, mort fou, et Wagner.

Trouver le livre

On ne le trouve plus que dans quelques bibliothèques ou rarement en librairie de livres anciens ou en salle de vente. Un exemplaire se vend actuellement sur internet à 450 euros.

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