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lundi 7 novembre 2016

Rogelio de Esguquiza, un peintre espagnol ami de Richard Wagner

Rogelio de Esguquiza avec le buste de Richard Wagner

Rogelio de Egusquiza y Barrena (Santander, 1845-Madrid, 1915) était un peintre, sculpteur et graveur espagnol , spécialement connu pour son amitié avec Richard Wagner. Il a réalisé des peintures sur de thèmes wagnériens, et contribua à la la diffusion de son esthétique à Madrid.

Il reçut sa formation à Madrid et à l'École impériale des Beaux-Arts de Paris. A partir de la fin des années 1860, il vécut à Paris. Les thèmes de ses œuvres correspondent aux mouvements historicistes et symbolistes. Plus tard, il réalisa des portraits et de la peinture de genre ans un style académique.

Après la mort de Fortuny, il travailla dans son atelier à Rome, en collaboration avec Madrazo, Raimundo et  Ricardo, jusqu'en 1875.

Il découvrit la musique de Wagner en 1876, alors qu'il résidait  à Paris, ce qui l'incita à se rendre à Munich pour entendre l'Anneau des Nibelungen en 1879. Son enthousiasme pour la musique et les idées esthétiques du compositeur l'amena à le rencontrer personnellement la même année à Wahnfried, la  demeure bayreuthoise de Richard Wagner. Par la suite, il rencontra encore  le compositeur à plusieurs reprises: à Venise en  1880, à Berlin en  1881 et à nouveau à Bayreuth en 1882. A cette dernière occasion, il assista à la première de Parsifal. Il fut l'un avec le critique musical Joaquin Marsillach l'un des deux seuls amis espagnols de Wagner et le premier à avoir établi un contact personnel avec le compositeur.

Parsifal, une peinture de 1906 (Musée du Prado)

La rencontre avec Wagner marqua un tournant décisif dans la carrière d'Egusquiza qui se consacra à partir de ce moment  à la peinture des thèmes wagnériens, en réalisant dans un style symboliste  des portraits de ses personnages, et plus rarement  des scènes spécifiques. Il travailla à la représentation  de Parsifal de manière presque obsessionnelle, fasciné par ce personnage qui incarnait le salut de l'humanité. Esguquiza représente Parsifal baigné dans la  lumière surnaturelle qui émane du Saint Graal. Il exprime l'intensité sublime de la communion spirituelle par l'expression hallucinée des figures, dans un style théâtral à la gestuelle déclamatoire de manière à communiquer la profondeur de leurs drames intimes.



Il peignit également des  portraits, comme ceux de Wagner, de Schopenhauer et de Louis II de Bavière. Ses portraits de Wagner participent de la même spiritualité messianique que ceux de la série consacrée à Parsifal. Il fut aussi le seul espagnol, mis à part le Dr Jose de Letamendi, à collaborer au magazine Bayreuther Blätter avec un article sur l'éclairage dans le théâtre, intitulé «Über die Beleuchtung der Bühne", qu'il écrivit à Paris en décembre 1884 et qui fut publié dans le numéro de juin 1885 des Bayreuther Blätter.

Il participa aux Salons de la  Rose-Croix  des années 1892, 1893, 1896 et 1897. Il a présenté des gravures sur le thème de  Parsifal (Kundry, Amfortas, Parsifal, Titurel et le Saint Graal) à l'Exposition Universelle de Paris en 1900, où il se vit décerner une médaille d'argent. Son ami Aureliano de Beruete faisait partie du  jury. Le gouvernement français lui décerna la Légion d'Honneur.

Alors qu'il résidait à Paris, il rentra souvent à Madrid, où vivait sa soeur et dont il intégra le cercle wagnérien qui se réunissait au célèbre restaurant  Lhardy. Sa personnalité et son travail artistique influencèrent la réception wagnérienne dans la capitale. Voici ce qu'en dit  Paloma Ortiz de Urbina et Sobrino :

"Egusquiza apparaît comme un médiateur clé dans la diffusion de l'esthétique wagnérienne à Madrid. Domicilié à Paris et immergé dans le mouvement symboliste français, son contact permanent avec l'Espagne et sa relation étroite avec la capitale en feront le guide spirituel des peintres liés au wagnérisme madrilène. Il leur apporte avec son symbolisme wagnérien un modèle de l' esthétique et de la technique francaises alors quasi inconnues  à Madrid au moment où le peintre commence sa production wagnérienne,c'est-à-dire dans les années dans les années 1880."

L'Association wagnérienne de Madrid fut fondée en 1911 et  Egusquiza lui offrit  sept exemplaires de la réduction pour voix et piano de plusieurs opéras de Wagner, ainsi qu'une centaine de gravures de son célèbre portrait de Wagner, afin qu'elles soient mises en vente auprès des sociétaires de manière à alimenter les fonds  de l'Association.  En 1913,  Rogelio de Egusquiza fut nommé  membre d'honneur de la Société.  

Il ne se réinstalla à Madrid que contraint et forcé par le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914. Il est mort dans la capitale espagnole  le 10 février 1915.

On trouve des oeuvres de Rogelio de Egusquiza dans les collections  du Musée d'Art moderne de Paris, auquel le peinte avait fait un don en 1902, du British Museum de Londres. du Musée des Beaux-Arts de Bilbao. du Musée du Prado,  de la Bibliothèque nationale de Madrid, et  du Musée d'Art Moderne et Contemporain de Santander. En plus des dessins et des estampes, le Musée du Prado conserve un buste en bronze de Richard Wagner qu'Esguquiza réalisa en 1892.

Le  Musée de Santander consacra plusieurs expositions au peintre (en 1995 et plus récemment en 2015-2016) de même que  Prado en 2013. Lors de l'exposition madrilène, un commentateur relevait que le groupe de peintures, de dessins et de gravures présentés  évoque l'intense mysticisme héroique qui caractérise l'univers wagnérien tout en constituant un des exemples les plus intéressants du symbolisme européen.

Sources: Cet article résulte d'une traduction libre de l'article espagnol de la page Wikipedia consacrée au peintre, améliorée de renseignements et de commentaires glanés sur internet. On pourra consulter entre autres la page du Musée du Prado consacrée à l'exposition de 2013 (en espagnol) ou l'article sur le site du musée en anglais Evil vanishes. Egusquiza and Wagner´s Parsifal in the Museo del Prado. Le Musée de Santander avait publié un catalogue à l'occasion de l'exposition de 1995 qui reste une référence parmi les monographies consacrées à Rogelio de Esguquiza. Voir aussi son site pour la présentation de l'exposition de 2015. Enfin, le lecteur qui pratique l'espagnol pourra découvrir, parmi d'autres pages consacrées au peinte, une traduction de l'article publié dans les Bayreuther Blätter sur l'excellent site hispanophone Archivo Richard Wagner. 


Photothèque

Le cycle de Parsifal








    Tristan et Isolde



Le Roi Louis II de Bavière




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