
L'action se déroule un week-end de 1928 dans un élégant hôtel berlinois. Les histoires personnelles, les rêves et les désirs d'extravagants clients s'entremêlent avec ceux des membres du personnel, ce qui donne lieu à des situations tantôt comiques, tantôt tragiques: une primaballerina âgée, Elisaweta Gruschinskaja, ne veut plus jamais remettre les pointes de ses chaussons sur une scène,elle n'en finit pas de faire ses adieux et continue de se produire parce qu'elle est constamment désargentée , le jeune et sémillant baron Felix von Gaigern est lui aussi fauché comme les blés mais profite du luxe de l'hôtel en jouant les imposteurs et les voleurs, Preysing, qui possède une fabrique, risque la banqueroute et cherche à tromper la galerie, le comptable Kringelein est atteint d'une maladie mortelle et s'offre l'hôtel pour quelques jours pour, au moins une fois dans ce qu'il lui reste de vie, jouir d'un luxe élégant, une sténodactylo rêve de percer à Hollywood et finit comme finissent beaucoup de starlettes, dans les bras de vieillards qui profitent de sa naïveté, mais la morale est sauve, elle finira par accompagner le bon Krigelein à Paris, on sent bien que Kriegelein n'en veut pas à sa vertu, le jeune concierge de l'hôtel est anxieux parce que sa femme est sur le point d'accoucher et qu'il est retenu l'hôtel par son travail...

Comme toujours au Gärtnerplatz, la troupe sert le spectacle avec un engagement total où entre une grande part de coeur, ce qui incite à une connivence avec un public dont les aficionados font entendre leurs préférences. Le rôle de Gruschinskaja est porté par l'excellente April Hailer (photo ci-dessus), comédienne invitée, qui sait rendre avec conviction les désarrois d'une étoile finissante. Particulièrement remarquables, l'interprétation de la secrétaire de la danseuse chantée par une Marianne Larsen (photo ci-dessus) qui sait rendre avec conviction le dévouement quasi amoureux de l'humble servante pour une maîtresse adorée, et celle de Gunter Sonneson qui campe un Otto Kringelein extrêmement touchant.La Flämmchen de Milica Jovanovic a visiblement séduit le public.
Soulignons encore l'art du costumier,Christian Floeren, qui a su rendre l'atmosphère de glamour du public d'un grand hôtel berlinois de la fin des années 20.
Grand Hotel n'est pas un de ces music hall dont on sort en fredonnant une rengaine, il n'a pas donné lieu à des arias célèbres qui continuent de vous trotter dans la tête après la représentation. Au-delà des prouesses des chanteurs et des danseurs, des illusions de la mise en scène et de la choréographie, de la qualité de la direction musicale et de l'orchestre, perce une dimension existentielle qui nous interpelle et nous interroge. Même si ces thèmes sont traités avec la légèreté du music hall, cette tragi-comédie musicale touche à des thématiques qui nous laissent pensifs: l'appât du gain, l'abus de pouvoir et la tromperie, la vanité de la gloire, la déchéance physique et morale, les violences faites aux femmes, toute une comédie humaine que ne parviennent pas faire oublier l'ivresse du Sekt, les habits de soirée, la fumée des cigares ou les charlestons endiablés.
Renseignements et réservations: Theater-am-Gärtnerplatz. Il y a des représentations jusqu'au 28 juillet, calendrier et résa au bas de la page de l'hyperlien. Prochaines représentations les 7 et 23 février, puis 4 représentations en mars.
Pour préparer la soirée, on pourra lire le roman de Vicky Baum , paru en français chez Phébus, ou voir le film avec Garbo.
Crédits photographiques: Hermann Posch
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