Pour sa nouvelle production du célèbre opera buffa de Rossini, le Theater-am-Gärtnerplatz a fait salle comble d'un public qui a témoigné d'un enthousiasme ininterrompu du début à la fin de la représentation.
Avec L'Italiana, le metteur en scène viennois Thomas Enzinger fait sa grande entrée sur une des scènes préférées du public munichois. Il a conçu sa mise en scène dans le plus pur style d'une commedia dell'arte en chansons, ce qui correspond bien à l'esprit du livret de l'opéra. Avec Enzinger, l'action ne se déroule plus en Alger mais sur un bateau de croisière, disons au large des côtes algériennes. La référence au film Titanic est constante, mais, dans l'ensemble, la croisière s'amuse et on se rend vite compte qu'on a embarqué sur un Loveboat de carnaval. L'action se déroule essentiellement sur le pont du bateau ou entre les vagues , de temps à autre même près des chaudières, qu' un des prisonniers du Sultan, Lindoro, est chargé d'alimenter, et qui se transformeront en sauna à l'occasion.
Le Sultan Mustafa est entouré de fidèles janisssaires qui semblent sortir d'une boîte de loukoums, tout de rose bonbon vêtus, en pantalons bouffants (comme il se doit dans un opéra bouffe...) et arborant de larges couvre-chefs du plus beau grenat. On se rend vite compte qu'on est entré de plain pied dans le monde de l'emphase et du grotesque. Les décors sont à l'avenant, où apparaissent requins et poissons de carton pâte tout droits issus du monde de la bande dessinée.
Un peu plus loin, les janissaires deviennent des feddayins d'opérette et l'artillerie de Mustafa descend un avion dont Isabelle sera parachutée. L'entrée en scène de l'héroïne, ombrelle déployée à la main, tient de l'apparition de Mary Poppins.
Toutes les ficelles du théâtre populaires sont tirées et appréciées par un public enchanté tout acquis à une troupe d'acteurs boulevardiers, complices, talentueux et généreux.
Le metteur en scène excelle aussi dans l'art du cliché et de la caricature : aucun des pays évoqués dan L'Italienne en Alger n'est épargné. Sont ainsi brocardés les dictateurs acclamés par des foules serviles. On s'amuse d'un Orient de pacotille rempli de harems ou de hammams, meublé de poufs et de tapis, dirigé par un sultan qui menace d'empaler tout qui bouge et lui déplairait. On s'esclaffe des poncifs sur l'Italie: au point d'être libérés, les prisonniers italiens du Sultan révèlent leurs dessous de footballeurs de la squadra azzura et s'alimentent de pizzas. Juste avant le final apparaît un sous-marin qui arbore le drapeau suisse et qui sous prétexte d'assistance vient en fait embarquer les deniers de la banque d'Algérie.
En bon Titanic, le bâteau du sultan finira par couler et l'opéra s'achève dans un monde sous-marin où flottent des tas de poissons de carton-pâte.
Parmi les moments forts de la soirée, qui en comporte de nombreux, notons la scène très réussie de l'intronisation du sultan qui se voit décerner le titre honorifique (et inexistant au demeurant) de papatacci. Enzinger a eu la bonne idée de la déplacer dans la chaudière du navire, qu'il transforme en hammam. Le Sultan, Lindoro et Taddeo y prennent un sauna revêtus de simples serviettes. Ce sera l'occasion d'une choréographie burlesque des plus réussies, servie par des comédiens-chanteurs enthousiastes.
Une production très réussie, dans la plus pure tradition du théâtre populaire et d'opérette. Les décors et les costumes sont à l'aune de la mise en scène. Ils sont signés Toto, un décorateur qui a déjà souvent travaillé avec le metteur en scène et qui a fourni un travail extrêmement réussi et parfaitement complice. Le public adore les comédiens-chanteurs de la troupe qui le lui rendent bien par un travail où ils se donnent sans compter.
Il faut donc courir acheter des billets. On peut prédire un brillant avenir et de nombreuses représentaions à ce nouveau spectacle du répertoire du Theater-am-Gärtnerplatz!
Direction musicale: Lukas Beikircher
avec notamment:Rita Kapfhammer (Isabella), Stefan Sevenich (Mustafa) , Karol Kozlowski (Lindoro), Juan Fernando Guttiérez (Taddeo), Stefanie Kunschke (Elvira) et Derrick Ballard (Haly, Kapitan)
Infos et réservations: Staatstheater-am-Gärtnerplatz
Programmation jusqu'en juin 2011
Les 17, 21 et Janvier 2011
Les 8 et 19 février
Les 3 et 6 mars
Les 6 et 20 avril
Le 21 mai
Le 26 juin
Réservations en ligne : cliquer ici puis cliquer sur Karten bestellen en fonction de la date choisie et suivre la procédure
(A noter certains soirs, prix spéciaux soirée jeune public)
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