Scène centrale de la fresque de la résurrection du taureau |
La légende de Saint Silvestre (on le trouve aussi mentionné sous cette orthographe) a été racontée par Voragine dans sa Legenda aurea (La légende dorée). Il fut le premier pape (de 314 à 335) à ne pas être martyrisé. Son avant-dernier miracle fut de ressusciter un taureau C'est en tout cas ce que l'on voit représenté dans l'admirable fresque que peignit Maso di Banco (vers 1341-1346) dans la chapelle Bardi de l'église de Santa Croce à Florence.
Voici une traduction de ce que Jacques de Voragine en écrit dans la Legenda aurea, composée vers 1261-1266. L'empereur Constantin, qui avait été frappé d'une lèpre incurable, s'est converti au christianisme après en avoir été guéri par Saint Sylvestre. La mère de l'empereur l'apprend et adresse des reproches à son fils :
[...] Lorsqu’elle apprit cette conversion, l’impératrice Hélène, mère de Constantin, qui se trouvait alors à Béthanie, écrivit à son fils pour le louer d’avoir renoncé au culte des idoles, mais aussi pour le blâmer vivement de ce que, au lieu de croire au Dieu des Juifs, il se fût mis à adorer comme dieu un homme crucifié. L’empereur lui répondit de ramener avec elle à Rome les principaux docteurs juifs, en ajoutant qu’il les placerait en face des docteurs chrétiens, afin que la discussion réciproque fît apparaître la vérité en matière de foi. Hélène ramena donc avec elle cent soixante et un docteurs juifs, dont douze surtout brillaient par leur science et leur éloquence. Et quand Silvestre avec son clergé se présenta devant l’empereur pour discuter avec ces Juifs, on convint, d’un commun accord, de prendre pour arbitres du débat deux païens très savants et très estimés, appelés Craton et Zénophile. Alors, en présence de ces arbitres, saint Silvestre réfuta tour à tour les arguments des douze fameux docteurs juifs, dont les noms étaient : Abiathar, Jonas, Godolias, Annas, Doeth, Chusi, Benjamin, Aroel, Jubal, Thara, Siléon et Zambri. Et, chaque fois, les deux arbitres, et l’empereur et sa mère, et la foule s’accordèrent à reconnaître qu’il avait complètement réfuté et anéanti les arguments de son adversaire. Si bien que, exaspéré, Zambri, le douzième docteur, s’écria : « Je m’étonne que vous, juges très sages, vous prêtiez foi aux ambages des paroles et vous imaginiez que la toute-puissance de Dieu se puisse estimer par la raison humaine. Finissons-en avec les paroles, et venons-en aux faits ! Insensés ceux qui adorent le crucifié, tandis que le nom du Dieu tout-puissant est si fort que nulle créature ne supporte de l’entendre ! Et, pour que je vous prouve la vérité de ce que je dis, faites-moi amener un taureau furieux : dès qu’il aura entendu ce nom sacré, il mourra sur-le-champ ! » Et Silvestre lui dit : « Mais alors, toi-même, comment as-tu pu entendre ce nom sans mourir ? » Et Zambri répondit : « Il ne t’appartient pas de connaître ce mystère, à toi, l’ennemi des Juifs ! » Et l’on amena un taureau furieux, que cent hommes vigoureux avaient peine à traîner ; et aussitôt que Zambri eut prononcé un nom dans son oreille, on vit la bête mugir, renverser les yeux, et tomber morte. Sur quoi tous les Juifs d’acclamer violemment leur homme et d’insulter Silvestre. Mais alors celui-ci : « Ce nom, que ce docteur a prononcé, dit-il, n’est pas le nom de Dieu, mais celui du pire des démons, car mon Dieu Jésus-Christ non seulement ne tue pas les vivants, mais fait revivre les morts. De pouvoir tuer et de ne pas pouvoir faire revivre, c’est le propre des lions, des serpents, et d’autres bêtes féroces. Si donc cet homme veut me prouver que ce n’est pas le nom d’un démon qu’il a prononcé, qu’il fasse revivre ce qu’il a tué ! Car Dieu a écrit : « Je tuerai et je ferai revivre ! » Et comme les juges invitaient Zambri à ressusciter le taureau, il dit : « Que Silvestre le ressuscite, au nom de Jésus le Galiléen, et nous croirons tous en lui ! » Et tous les Juifs firent la même promesse. Alors Silvestre, après une prière, s’approcha de l’oreille du taureau mort, et dit : « Ô nom de malédiction et de mort, sors de cette bête par ordre du Seigneur Jésus, au nom duquel je dis : « Taureau, lève-toi, et va aussitôt en paix rejoindre ton troupeau ! » Et aussitôt le taureau se leva et s’en alla en toute douceur. Et alors l’impératrice, les Juifs, les juges, et tous les témoins du miracle, se convertirent à la foi chrétienne. [...]
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