Aux néantisées
C'est en vain qu'aujourd'hui le monstre néantiste
Ose lever son front de Moloch criminel,
Nos regards, malgré nous, se tournent vers le ciel,
Ne pleurons plus nos morts, puisque leur âme existe.
Ils sont là près de nous les très chers disparus,
Nous frôlant, nous pressant de leur forme invisible,
Et comme les objets sur la plaque sensible
Ils sont dans notre cœur pour ne s'effacer plus.
Hélas ! nos sens grossiers souffrent de l'impuissance
De percer le rideau du vieux théâtre humain ;
Mais le pressentiment nous montre le chemin
Du pays où la mort est une renaissance.
De ce pays, dit-on, nul être ne revient
Et le vulgaire croit en la fausse science
Qui répète : néant ! un peu de patience,
Attendez, les chercheurs, l'invisible vous tient.
Malgré vous, ô savants, vous y viendrez en foule,
Insensés qui voyez la matière partout,
Sans songer qu'au-dessus vibre dans le grand Tout
L'Esprit intelligent dont l'univers découle.
Et vous serez vaincus, confondus par les faits ;
L'au-delà méconnu chantera sa victoire,
Et les murs décrépits de votre tour d'ivoire
Comme un château d'enfant s'écrouleront défaits.
Julien Larroche
Julien Larroche
Paris. Janvier 1902.
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