LOUIS IV, dit le Bavarois, fils de Louis le Sévère, duc de Bavière, né en 1281, fut élu empereur, à la mort de Henri VII (1314), par cinq électeurs, tandis que les autres donnaient leurs voix au duc Frédéric d'Autriche. Élevé à Vienne avec ses parents, les fils du duc Albert d'Autriche, il succéda à son père, en 1294, sous la tutelle de sa mère, Malhilde de Habsbourg. En 1300 il devint co-régent de son frère ainé, et lors du partage effectué en 1310 il eut pour son lot les contrées situées sur la rive gauche de l'Isar. Par suite de la double élection au trône impérial, qui venait d'avoir lieu, une guerre civile ne tarda point à éclater entre les deux anti-empereurs, et ravagea l'Allemagne pendant huit années. La glorieuse victoire remportée en 1322 à Muhldorf, en Bavière, par Seifried Schweppermann, capitaine aussi brave qu'expérimenté qui à cette occasion fit même Frédéric prisonnier, ne mit point fin à la lutte, parce que le pape et Léopold, frère de Frédéric, continuèrent avec plus d'ardeur que jamais à guerroyer contre Louis le Bavarois. Dans l'intervalle, Louis avait, en 1317, pris possession des domaines de son frère, Rodolphe du Palatinat, qui, jaloux de son élévation à l'Empire, avait embrassé le parti de l'Autriche. Cependant, après la mort de ce prince, en 1320, il se détermina à conclure avec ses héritiers un traité qui leur rendit leur héritage et qui déclara qu'à l'avenir la dignité d'électeur appartiendrait alternativement à la Bavière et au Palatinat. En même temps, pour augmenter la puissance de sa maison, il octroyait à son fils aîné Louis, en 1322, la Marche de Brandebourg, tombée en déshérence; puis, afin de mettre obstacle aux progrès de la puissance pontificale dans la haute Italie, il prenait parti pour les Visconti, réduits en ce moment à la situation la plus critique, mais qui grâce à son appui !'emportèrent bientôt sur les guelfes. Alors le pape Jean XXII, dont l'aversion pour Louis ne pouvait que devenir plus violente par suite même de ces succès, non seulement l'excommunia, mais encore excita les Polonais et les Russes à envahir le Brandebourg, en même temps qu'il concluait un traité secret avec l'Autriche et la France contre 1'empereur. Pour pouvoir mieux se défendre contre tant d'ennemis, Louis se détermina à faire la paix avec Frédéric et à lui rendre sa liberté moyennant qu'il renonçât au trône et qu'il lui restituât les villes qu'il occupait encore, ainsi que les domaines impériaux situés dans la Souabe. En même temps un traité imposa au roi Jean de Bohême l'obligation de faire la guerre aux Polonais, peuple qui était l'objet tout particulier de sa haine. Mais Frédéric s'étant trouvé dans l'impossibilité de remplir ses engagements par suite du refus absolu de son frère Léopold de souscrire à la transaction conclue entre lui et l'empereur, revint se constituer le prisonnier de Louis, qui, touché de ce noble exemple de fidélité à la parole donnée, voulut alors partager la souveraineté avec son généreux rival ; mais les électeurs s'y opposèrent Bientôt après, en 1327, Louis entreprit au delà les monts une expédition pendant laquelle il se lit couronner à Milan en qualité de roi d'Italie, et à Rome comme empereur, en même temps qu'il tirait vengeance des trahisons de Galeas Visconti, qu'il intronisait Nicolas V comme pape en remplacement de Jean XXII, et que, secondé par une flotte sicilienne, il commençait une guerre contre les Florentins et le roi de Naples. Mais une révolte des Romains et d'autres mouvements menaçants qui éclatèrent sur divers points de l'Italie, joints à l'affaiblissement toujours croissant de son armée, décimée par les maladies, le déterminèrent, en 1329, à se retirer d'abord dans la haute Italie, puis, en 1330, à s'en retourner précipitamment en Allemagne. La nouvelle qu'il y reçut de la mort de son rival Frédéric le porta à essayer de se réconcilier avec les autres ducs d'Autriche ; et comme le duc Léopold, jusque alors son ennemi le plus irréconciliable, était mort en 1326, tous y consentirent moyennant une indemnité pour les frais de la guerre. Ce traité fut dû à l'intervention du roi Jean de Bohême, qui voulut prouver de la sorte à Louis sa reconnaissance pour le titre de vicaire de l'Empire en Italie qu'il lui avait conféré. Jean de Bohême fut moins heureux dans ses efforts pour amener une réconciliation entre le pape Jean XXII et l'empereur, quelque ardemment que celui-ci la souhaitât. L'influence de la politique française sur les papes, qui maintenant résidaient à Avignon, déjoua toutes les tentatives faites pour amener un accord pacifique avec Benoît XII de telle sorte que les plus humbles avances de l'empereur étant demeurées inutiles, les électeurs prirent le parti de lever eux-mêmes l'excommunication dont le pape l'avait frappé ; et à la diète de l'Empire tenue le 15 juillet 1338 à Rense sur le Rhin, ils décidèrent à l'unanimité et érigèrent en loi de l'Empire que « quiconque avait été élevé au trône impérial par la majorité des électeurs, et d'une manière légitime, devait dès lors être tenu pour le véritable et légitime empereur et roi, sans que pour cela il fût besoin du consentement et de la confirmation du pape ». Désormais rassuré de ce côté, Louis le Bavarois s'occupa alors d'agrandir sa puissance, sans reculer pour arriver à ce but devant l'arbitraire ni la violence. Indépendamment du Brandebourg, il s'empara encore en 1341, sans avoir égard aux droits de ses cousins, des domaines de Henri de la Basse Bavière puis il maria la fameuse Marguerite Maultasche, que de sa propre autorité il fit divorcer d'avec son mari, Jean Henri de Bohême, à son fils le margrave Louis de Brandebourg ; mariage qui fit entrer le Tyrol dans sa famille. Enfin, du chef de sa femme Marguerite, sœur du comte Guillaume de Hollande, il acquit la Hollande, la Zélande, la Frise et le Hainaut à la mort de ce prince, qui ne laissait pas d'héritiers directs. Que si déjà l'acquisition illégitime du Tyrol lui avait fait un ennemi irréconciliable dans la maison de Luxembourg, que la Bohême rendait si puissante, la mort de Benoit XII, suivie tout aussitôt après de l'élection de Clément VI, lui valut un adversaire d'une hostilité encore plus acharnée que Jean XXII. Celui-ci, non content de lancer solennellement contre lui les foudres de l'excommunication, le jeudi saint de l'an 1346, somma encore les électeurs d'avoir à procéder à l'élection d'un nouvel empereur, déposa l'archevêque de Mayence parce qu'il était favorablement disposé pour Louis le Bavarois, et adjugea l'archevêché, ainsi déclaré vacant, au comte Gerlach de Nassau. En même temps il agit avec tant d'habileté sur les autres électeurs, que le 1er juillet 1346 ils élurent empereur, en remplacement de Louis le Bavarois, le margrave de Moravie, qui prit le nom de Charles IV. Charles ne put pas, il est vrai, se faire reconnaître, et Louis de Brandebourg l'expulsa même du Tyrol, dont il avait essayé de s'emparer; mais Louis le Bavarois, qui se préparait à une nouvelle expédition contre Rome, mourut subitement sur ces entrefaites, le 13 octobre 1347, dans une grande chasse aux ours faite à Furstenfeld, près de Munich.
Source : Dictionnaire de la conversation et de la lecture : inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous, par une société de savants et de gens de lettres. Tome 12 / sous la direction de M. W. Duckett, e.a. Firmin Didot, Paris, 1853-1860.
La statue que la ville de Landshut fit fondre en 1622 en
l'honneur de son bienfaiteur, fut déplacée dans le parc de la
Hofburg, son emplacement actuel, en 1835
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