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lundi 21 mars 2022

'L'amour humilié. Le haut pays du cygne', un roman 'bavarois' de Michel Davet

Un roman sentimental oublié publié en 1957, qu'on trouve en ebook ou chez les bouquinistes. Le roman se déroule vers 1900 à Hohenschwangau, le haut pays du cygne.

L'autrice

Hélène Marty (1905-1990), dite « Michel Davet ». a choisi comme nom d'écrivain Michel Davet, nom de jeune fille de sa grand-mère. Elle a aussi écrit sous le nom de plume de « Laura Mirandol ». Elle a publié des nouvelles dans Marie Claire et des romans entre 1930 et 1983. 


Présentation 

Fréda Triberg, fille cadette d’un petit médecin de campagne bavarois est amoureuse d’un violoniste, Siegfried, auquel elle accorde des rendez-vous dans la forêt voisine. Mais Fréda ne tarde pas à connaître son premier désespoir d’amour : une autre femme partage déjà la vie de l’homme qu’elle aime. Par fierté, elle accepte alors d’épouser le hobereau de la petite ville, le baron Mainau de Radolfzell. Étrange mariage vite décidé, vite conclu, dans lequel le jeune mari ne semble par réellement épris. Au retour du voyage de noces, Fréda a la surprise de trouver au château la cousine de Mainau, la belle Gisela, qui s’y conduit en maîtresse de maison. D’autres indices lui révèlent peu à peu que Mainau ne l’a pas épousée sans de curieuses arrière-pensées. Fréda ne peut supporter de voir son amour humilié pour la seconde fois. Mais lorsqu’elle veut fuir elle s’aperçoit que, dans sa vie, tous les ponts sont coupés : Siegfried est très malade, il va mourir ; Mainau subitement disparaît. Seule demeure au château, avec Fréda, la vieille tante de Mainau. Cette petite carabosse sera la bonne fée de la jeune femme. Elle lui indiquera le chemin au bout duquel Fréda trouvera un amour clair et sûr, qui porte enfin le visage du bonheur. Cette histoire d’amour pour laquelle Michel Davet a choisi le décor romantique de la Bavière du début du siècle est racontée sans fard et sans fadeur, avec la délicatesse, la maîtrise et la poésie qui firent le succès de Barbara et de Adieu Valentine, Ma belle-mère l’ogresse, le Prince qui m’aimait...

Extrait

CHAPITRE PREMIER

Ce village s’appelle Hohenschwangau, « Le Haut Pays du Cygne », le burg de Parsifal, le Walhall. En fait, il ne s’agit que d’un village de trois rues. Dans l’une de ces rues, une façade couleur de tilleul avec coeur et guirlande peints en couleurs tendres au-dessus des volets, et quatre jeunes filles aux cheveux ruisselants contemplant, en bas un petit équipage. 

— « À qui est ce vieux landau ? Est-ce la Margrave d’Anspach ou la femme du conseiller aulique ? » — « Ma chère, c’est le Barberousse qui vient acheter des maultaschen en compagnie de sa cousine. C’est la veuve et splendide Gisela. »

Les quatre sœurs se ressemblaient et ne ressemblaient en rien à leur père, le placide, le lunaire D' Triberg. Il était veuf depuis quatre ans. Une Mme Louisa dévote et entendue gouvernait la maison. 
À cette époque, aux environs de 1900, le village bavarois de Schwangau, entre ses lacs de perle et ses deux châteaux hoffmannesques, était devenu le lieu saint du romantisme et du patriotisme bavarois, le terme de la Route Enchanteresse. Les tours gothiques spectrales, inachevées de Neuschwanstein plaquées sur les sapins des Alpes Algoviennes, se dressaient saisissantes au-dessus du gouffre de la Pollatz. Brumes, vols de corneilles, dernier décor des Nibelungen. Depuis le drame de son roi et l’asservissement de la Bavière, la station montagnarde devenait le lieu de pèlerinage de l’aristocratie bavaroise humiliée. Les vieux du vieux royaume se résignaient mal à cette déchéante intégration à une Prusse héréditairement hostile. Sadowa et la politique de Bismarck avaient marqué l’écroulement de la sainte Bavière en même temps que celui de toutes les joyeuses petites cours de l’État germanique. L'Empire allemand se construisait. La violence était en marche.

À la fois hommage, gage de fidélité à un trône ébranlé, pèlerinage romantique aux fantômes tourmentés du vallon, ces rendez-vous d’Hohenschwangau devenaient aussi une mode. L'endroit était splendide. Vienne y envoyait aussi ses fidèles en souvenir d’un cousinage historique et sentimental. La légende voulait que l’Impératrice d'Autriche se fût baignée nue dans l’Alpsee un soir de clair de lune. Le reste du pays offrait d’ailleurs d’authentiques et solides merveilles, comme l’Abbaye d’Ettal, les églises de Wiess et de Fussen, le Château de Linderhof, les neiges de Garmisch, toutes les symphonies fastueuses du Baroque, des terres et des pierres nourries d’histoire. 

Dans ce pays de ruines échevelées, le château des Barons de Radolfzell avait l’air d’un dessin de Gavarni. De petite fortune mais de grande morgue, Mainau de Radolfzell ne se montrait guère et ne parlait pas. Il avait hérité le domaine de son grand-père [...]

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