Le post qui suit est spécialement dédicacé à ces fidèles lecteurs et lectrices qui ont lu Le roi Louis II de Bavière dans la poésie française (pp. 35 à 38).
Ces happy few se souviendront peut-être du poème Voeu, attribué à Louis II de Bavière dont il porte la signature, et qui est daté du 26 octobre 1885, un poème à l'hermétisme tout mallarméen. Il parut dans le numéro 32 du Décadent (1er au 14 avril 1889). Cette revue avait aussi publié des poèmes faussement attribués à Arthur Rimbaud, et curieusement Verlaine, qui collaborait quant à lui vraiment à cette revue, n'avait curieusement émis aucune protestation contre ce faux.
Nous avons démontré l'évidente impossibilité de l'attribution de ce poème au roi Louis II : le roi, qui avait une pratique courante du français, était cependant bien incapable des acrobaties stylistiques de ce poème. Par contre, nous n'avions pu retrouver l'auteur qui se cachait sous l'illustre signature, car le Décadent n'en avait pas fait mention, ni dans le numéro sous rubrique ni dans ses publications ultérieures.
Les hasards de la recherche nous ont enfin fait découvrir l'auteur du poème Voeu. Un éloge funèbre signé Ernest Raynaud et paru dans le Mercure de France en date du 1er février 1924 dévoile la clé de cette énigme. Il s'agit du poète Maurice du Plessys (1864-1924), un proche de Jean Moréas. Voici ce qu'Ernest Raynaud en écrit :
[... ] Il faut [...] louer sa conscience d'artiste et son dédain de toute réclame tapageuse et de publicité. Il ne voulait rien publier qu'il n'eut revu et corrigé jusqu'à le conduire à son état de perfection. Il se méfiait tellement de ses premiers sonnets qu'il les donna d'abord sous des noms étrangers. Deux sonnets de lui, dans le Décadent, ont paru sous la signature de Rimbaud. Un troisième sous la signature de Louis II de Bavière. Le quatrième fut donné comme un poème retrouvé de du Bellay. C'était une manière de former son style et de hâter l'opinion. Au reste, il ne se sentait pas mûr encore et son instinct protestait tout bas contre les théories décadistes auxquelles la mode l'avait un moment inféodé. Il avait composé, dans ce goût, toute une série de petits poèmes qu'il se proposait de réunir sous le titre la Peau de Marsyas qu'il ne devait pas tarder à renier.
J'en ai publié quelques-uns dans le Mercure de France en 1891 et je m'en applaudis, puisque ce sera autant d'arraché à l'oubli mais je dus me passer de l'autorisation de l'auteur, qui ne les trouvait pas dignes de l'impression, et je crois bien qu'il ne me l'a jamais pardonné. [...]
Invitation à la lecture
Ce livre se commande aisément en ligne sur les sites de la Fnac, d'Amazon, de Décitre, du Furet du Nord, etc. et sur la plupart des sites de commande en ligne, ou chez votre libraire. En prêt à la Bayerische Staatsbibliothek et en lecture à la BnF.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire