Voici ce qu'écrivit la princesse Odelscalchi, née Zichy à propos du comte contre-amiral Karl Albert von Bombelles (1832–1889), Oberhofmeister de l'archiduc Rodolphe:
Lorsqu'il eut
atteint l'âge où les archiducs, d'après les usages du pays, reçoivent leur cour
spéciale, il choisit pour grand-maître le comte Marc de Bombelles. Doué de bien
des qualités précieuses pour la haute situation qu'il devait occuper, le comte
était cependant de mœurs légères et frivoles. L'éducation du prince avait été
dirigée, jusqu'à ce jour, par le comte de Gondrecourt, homme sévère et froid,
de principes et de sentiments ; le jeune prince avait conservé, sous cette
direction, jusqu'à l'âge de dix-huit ans, une innocence d'âme complète, bien
salutaire pour le développement de son corps, sa constitution n'étant pas des
plus fortes.
À peine Bombelles
se fût-il aperçu de l'ignorance de son jeune maître, sur les grands problèmes
de la nature, que son premier soin fut de lui faire connaître la femme, la
passion, l'amour.
Jusqu'à ce jour
les sciences, les arts et la chasse avaient seuls fait battre ce jeune cœur ;
les nouvelles expériences qu'il venait de faire troublèrent et bouleversèrent
donc profondément tout son être, il se sentit comme attiré vers les jouissances
que dorénavant il regardait comme les seules qui pouvaient lui rendre la vie
désirable.
Bientôt il
s'adonna à une vie de débauches effrénées ; les occasions ne lui manquèrent
point, à lui qui avait tout pour séduire, jeunesse, charmes personnels. Sa
haute situation d'héritier du trône le parait d'un attrait de plus et le
rendait irrésistible à toutes les femmes. Il les choisit dans toutes les
classes de la société ; aucune de celles qu'il désirait, soit jeune fille, soit
jeune femme ne lui fut cruelle ; et c'est ainsi qu'il sema le malheur dans
bien des familles, les plus nobles et les plus fières de l'Empire.
Au début de cette vie
désordonnée, l'empereur, qui lui aussi avait eu son printemps orageux, ferma
l'œil sur les aventures de son fils, disant : « Il faut que jeunesse se passe.
» [...]
L'Oberhofmeister est le Grand Maître ou encore le Surintendant de la maison du prince héritier. Bombelles est souvent présenté comme l'initiateur du jeune archiduc aux charmes supposés de la débauche.
Le comte Bombelles mourut en août 1889, quelques mois après l'archiduc. Le Gil Blas du 15 août 1889 écrit que le comte a été tué par la disgrâce dans laquelle il est tombé après la mort du prince : de la couronne, Rodolphe. L'empereur et l'archiduchesse Stéphanie ont été très amers envers lui qui a été toute sa vie le constant compagnon du prince; d'abord, comme précepteur, ensuite comme grand maître de la maison de Son Altesse. Il devait bien savoir que les choses allaient mal, et jamais il n'en informa l'empereur ; au contraire, il fit son possible pour couvrir le kronprinz. Immédiatement après la catastrophe, le comte fut obligé de donner sa démission de toutes ses fonctions ; on lui fit une pension, et sa carrière fut terminée, car il fut absolument exilé de Vienne.
Le 18 janvier 1885, il faisait la une du journal satirique viennois Der Floh, non comme surintendant de la maison de l'archiduc Rodolphe mais comme auteur d'amusantes pièces de théâtre en un acte. Der Floh écrit en page 2 :
Eigentlich halten wir es nur mit Herrn Carl Albert zu thun, denn ein Herr Carl Albert ist es, von dem dieser Tage im Carltheater zwei lustige, flotte Einacter „Ein April scherz" und „Ein Weihnachtsabend" zur Aufführung gelangt und sehr beifällig aufgenommen worden sind. [...]
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