Pie IX, une estampe de Marcellin Desboutin |
Tentative d'humour français en mars 1870. Le Figaro du 3 mars 1870 parvient à fourrer ensemble, en seulement quelques lignes la princesse Pauline de Metternich (ici désignée par le prénom de son mari, Richard, ambassadeur d'Autriche à Paris), le pape Pie IX, Richard Wagner, le roi Louis II de Bavière et son frère le prince Othon, sans parler de quelques monsignori de la Curie vaticanesque, le tout signé par " le masque de fer ", ce qui nous ramène encore à l'époque de Louis XIV :
Que dira la Princesse Richard de .... de ce mot de Pie IX, sur Richard Wagner, Lorsque le prince Othon de Bavière fut présenté au Pape, vers la fin de l'année dernière, par Mgr Pacca, majordome de Sa Sainteté, et Mgr Ricci, maître de la Chambre pontificale, Pie IX, après les préliminaires d'usage, dit vivement au prince:
— Etes vous, mon fils, aussi mélomane que le roi votre frère?
— Non, très saint père, répondit en souriant le prince Othon, et j'avoue à votre sainteté que si Dieu voulait que je succédasse au roi, mon frère, mon premier soin serait de vous prier de prendre M. Richard Wagner pour votre maître de chapelle.
— Oh oh! fit Pie IX, mais savez-vous bien que ce serait là un cas d'excommunication majeure ?
Trois constatations :
- Je ne savais rien de l'anti-wagnérisme, supposé par l'article, du Pape Pie IX (1792-1878), dont le pontificat dura 31 ans, mais à lire son Syllabus et son encyclique Quanta cura on se rend vite compte qu'il fut opposé à toute forme de modernisme. Il se rendit également célèbre par sa trouvaille célèbre du dogme de l'infaillibilité pontificale, contre lequel le roi Louis II eut le bon goût de mener campagne. C'est lui aussi qui promulga le dogme de l'Immaculée Conception. C'est lui enfin qui s'opposa à l'annulation du mariage de la princesse Carolyne de Sayn-Wittgenstein, qui, du coup, ne put épouser son amant Franz Liszt...
- Je ne savais pas davantage que le prince Othon s'était rendu à Rome et qu'il avait été reçu en audience par le Saint-Père, ni qu'il fût à ce point anti-wagnérien.
- Et je m'incline face à la somme de connaissances du " masque de fer " et des lecteurs du Figaro de l'époque qui furent capables de décoder cette information si condensée, et, tant qu'à faire, à leur sens de l'humour.
Un aimable lecteur a pris la peine de nous communiquer l'identité du journaliste qui se dissimulait sous le pseudonyme du masque de fer. Il s'agit de Philippe Gille (1831-1901), qui fut littérateur, auteur dramatique, critique d'art. Grand merci à Monsieur Michel Casse, Président des Rencontres wagnériennes de Bordeaux.
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