Le 15 juillet 1869, Judith Mendès, née Gautier, Catulle Mendès, son mari, et leur ami Auguste Villiers de l'Isle-Adam prenaient le train pour Bâle, premier étape d'un voyage qui devait les mener à Lucerne pour y rencontrer Richard Wagner, puis à Munich, où ils devaient assister à la création de l'Or du Rhin.
Le 15 au soir, ils dînaient à l'hôtel de la Cigogne à Bâle, dont le restaurant était réputé, puis, malgré la fatigue du voyage, allaient saluer le Rhin qui les fascina et, attirés par le chant d'un choeur d'homnes qui chantait du Wagner, se précipitèrent vers la brasserie où ces chanteurs étaient réunis. Heureux présage pour le début d'un voyage qui allait marquer leurs existences.
Extrait des Voyageurs de l'Or du Rhin, ce fragment d'un article de Judith Mendès-Gautier intitulé " À Bâle "
" [...] Jamais le Rhin ne nous avait fait éprouver une
émotion aussi profonde ; il ne nous avait jamais paru aussi majestueusement
farouche. La première fois que nous l'avions vu, des larmes nous étaient venues aux yeux (et nous n'avons jamais pu nous
expliquer la cause de cette émotion inattendue) ; cette fois il nous effrayait
avec ses eaux noires et son emportement tumultueux. Tout à coup, tandis que
notre contemplation se prolongeait, un chant éclatant s'éleva du Rhin, un chœur
d'hommes sonore et pur. Nous crûmes à une hallucination de nos oreilles, et
l'idée de fuite nous reprit. Mais la mélodie de ce chant soudain et irréfutable
nous retint impérieusement. Cet air, nous le connaissions, nous l'avions entendu
et admiré bien des fois : c'était un chœur du Vaisseau fantôme. Quoi ! est-ce que le navire maudit venait errer
la nuit sur ce fleuve innavigable ? Est-ce que le Hollandais espérait trouver
parmi les héroïnes des légendes du Rhin celle qui l'aimerait jusqu'à la mort ?
La période de sept années après laquelle le sinistre capitaine descend à terre
était-elle écoulée ? Venait-il jeter l'ancre dans cette eau torturée comme son
cœur ? Il n'y avait pas à douter, ces voix qui se mêlaient dans des accords funèbres
montaient bien du fleuve ; elles étaient toutes proches ; on eût dit que
l'effroyable vaisseau invisible passait sous l'arche du pont. Une sorte de
vertige nous prit ; ce chant nous attirait comme un chant de sirène, et nous
pensâmes à nous précipiter du haut du pont, comme Senta du haut du rocher. [...]
Et pour découvrir tout leur voyage :
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