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mercredi 3 avril 2019

Un portrait de Bismarck par Arthur Savaète, l'auteur du Cygne des Wittelsbach

" Bismarck tuait aussi, mais il le faisait en homme politique, en diplomate brutal. S'il nous apparaît donc de quelques degrés au-dessus de l'escarpe et du bandit, dont il avait d'ailleurs les goûts violents et tous les instincts pervers, c'est uniquement parce qu'il était plus haut placé; mieux entouré; parce que ses bandes étaient des armées régulières, et ses chefs de file, des Moltke, des Ronn, des Hasèler et des Waldersée; nous négligeons les princes prussiens et les vassaux fédérés qui, alors même qu'ils marchaient en tête d'une colonne, avaient encore l'air de le suivre.

L'art de Bismarck, outre la brutalité et la férocité propres aux brigands de marque, consistait à apporter, dans les crimes qu'il commettait, des formes acceptables ; à les entourer de circonstances qui déconcertaient aussi bien l'opinion que la justice et le droit des gens. En toutes choses blâmables, il ne s'occupait exclusivement que de l'intérêt, de l'avenir de la Prusse et des Hohenzollern, à la fortune desquels il estimait que le sort des siens était lié indissolublement.

J'affirme donc, et personne ne me contredira, que Bismarck, tout en ayant l'air de les combattre, tout en les combattant même et très vigoureusement en Allemagne, était de connivence avec les fénéans [orthographe d’époque], avec les nihilistes, avec les anarchistes de tous crus. Tous ces gens-là se connaissaient intimement et s'ils s'adressaient au Chancelier, c'était comme le frère maçon à son grand-maître. Bon nombre de ces malfaiteurs émargeaient au fonds guelfe ; de Berlin ils recevaient, en temps utile, des avis salutaires, des sauf-conduits et d'inappréciables concours."

Ce portrait donne le ton du Cygne des Wittelsbach d'Arthur Savaète dont nous avons retrouvé et publié les textes dans Louis II de Bavière. Le Cygne des Wittelsbach.



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