Un article de la Semaine religieuse du diocèse de Rouen du 10 juillet 1886 , un bulletin de l'Eglise catholique du Diocèse de Rouen, édité par Fleury à Rouen, relate l'annonce faite à la reine Marie de la mort de son fils dans sa retraite d'Elbigenalp.
" BAVIÈRE. Depuis 1876 la reine-mère de Bavière a échangé ses résidences ordinaires d'été pour une pauvre maisonnette d'Elbigenalp qui lui a été léguée par son propriétaire, en souvenir du digne curé de cette campagne qui avait catéchisé la reine et l'avait convertie à la foi catholique en 1874.
C'est là qu'elle vit modestement, joignant à la prière et à la lecture le travail des mains ; son bonheur est de visiter et de consoler les pauvres, les malades, les abandonnés. Elle ne s'accorde à elle-même que le strict nécessaire, vivant de peu et donnant beaucoup ; c'est ainsi qu'elle traite son corps depuis de longues années.
C'est dans cette modeste retraite d'Elbigenalp que la pauvre reine connut les épreuves qu'il avait plu à la Providence de faire tomber sur elle et sur sa maison.
On savait à Munich que l'état de la reine-mère exigeait les plus grands ménagements. On chercha de quelle manière il fallait prévenir ce cœur de mère du coup terrible et fatal qui avait fait perdre à son fils, le roi, son trône et la vie. La princesse Thérèse, fille du prince Luitpold, fut chargée de ce message. Elle partit pour la vallée alpine et arriva à Elbigenalp le mardi de l'après-midi 15 juin, surlendemain du suicide du roi.
Le courrier de Munich nous apporte le touchant récit de cette mission.
Lors de son arrivée, la princesse trouva la reine alitée, très souffrante depuis quelque temps de douleurs rhumatismales. Sa Majesté était avec ses quelques familiers habituels, parmi lesquels la comtesse Desmoulins, d'une vieille famille émigrée française, des Sœurs de charité et son aumônier. La princesse Thérèse fit part de sa douloureuse mission au confesseur de la reine, qui convint avec elle de la manière dont on apprendrait à la malheureuse mère la triste nouvelle.
On se réunit dans la chambre de l'auguste malade pour lire l'office des Vêpres, et lorsque le confesseur fut arrivé au verset : Dominus a dextris tuis confregit in die irse suse reges du psaume Dixit Dominus, il répéta le verset à trois reprises; la reine se leva dans son lit et demanda avec anxiété si c'était le roi son fils que Dieu avait brisé dans sa colère. La comtesse Desmoulins répondit alors que le roi était dangereusement malade. « Non, dit la reine-mère, le roi n'est pas malade, il est mort! »
La princesse Thérèse inclina affirmativement la tête et se mit à pleurer.
Alors la reine pleura amèrement. Après avoir retrouvé le calme, elle dit aux assistants qu'elle se soumettait avec résignation à la volonté divine, et elle les supplia de lui faire l'aumône de leurs prières, afin d'obtenir pour elle de Dieu la patience et la résignation chrétiennes, si nécessaires dans ses malheurs. "
L'article du dicoèse de Rouen fut sans doute emprunté à un article consacré à la reine-mère de Bavière que le chroniqueur H.G. Fromm publia le 5 juillet 1886 dans le quotidien catholique l'Univers. H.G. Fromm conclut :
" Nous avions raison de dire, dès le premier jour de la catastrophe, que l'entrée de la reine de Bavière dans l'Eglise lui vaudrait les consolations et les prières si nécessaires à ce cœur si éprouvé. La façon dont elle a appris et accepté la terrible nouvelle prouve que ces prières ne lui ont pas fait défaut. Il ne lui reste plus maintenait que Dieu en partage. Loin du trône et des grandeurs humaines, elle servira quand même d'exemple à son peuple, qui lui gardera un éternel souvenir. Confirmée par le malheur, sa conversion à la religion catholique n'en est devenue que plus éclatante et n'en sera que plus utile à la gloire de Dieu et de l'Eglise."
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