Le 3 juillet 1904, le Ménestrel rapportait l'information suivante :
"Toute l'Europe est surexcitée par la découverte sensationnelle qui vient d'être faite en compulsant les papiers posthumes du roi Louis II de Bavière. On a trouvé un nouvel ouvrage de Wagner; la musique et le libretto sont terminés; il y a même des indications de mise en scène. Une notice, écrite par le roi défunt, explique pourquoi l'on n'entendit jamais parler de cet opéra. Il fut écrit pour Louis II seul, et ne devait être représenté que devant lui et ses invités. Mme Wagner a réclamé l'oeuvre comme sa propriété, mais les juges furent d'avis que la partition devait être considérée comme faisant partie du patrimoine de la nation. Le titre du nouvel ouvrage est Sarah. Le sujet est extrait de la Bible. Au premier acte, qui sert d'introduction, la création du monde est figurée musicalement et scéniquement. On entend un choeur immense d'anges invisibles. Les paroles que Dieu prononce pour donner l'existence aux choses et appeler à la vie les êtres sont dites par six basses chantant ensemble à travers un gigantesque porte-voix construit de manière à prêter au son un volume colossal. L'acte se termine par un tableau représentant le paradis terrestre avec l'arbre de la science du bien et du mal derrière lequel Adam et Eve disent un duo d'amour. Les personnages du drame humain sont Abraham, Sarah, Agar, Isaac et Ismaël. Il y a plusieurs scènes à sensation, par exemple le Déluge universel, la Destruction de Sodome et Gomorrhe, la Prise de Babylone... Le finale est une apothéose de 5 prophètes et des sibylles, figurés par des hommes et des femmes jouant de la harpe, du violon et des instruments à vent. La durée du spectacle est de quinze heures, mais Wagner a ménagé un premier entr'acte pour le lunch, un second pour le dîner, un troisième pour dormir, un quatrième pour le déjeuner du lendemain et ua cinquième pour le lunch du second jour. En vue d'une exécution éventuelle de Sarah, des lits seront préparés au théâtre même. M. Conried n'a pas encore câblé à l'intendance de Munich relativement à cet opéra. D'autres offres vont être prises en considération.
Voici, certes, un scénario tout fait pour les musiciens de l'avenir."
Précisons que cet article du Ménestrel était introduit de la manière suivante:
"Un journal humoristique américain, Town Topies, a publié, comme lui venant de Munich, la lettre suivante, beaucoup trop longue pour ce qu'elle renferme; nous traduisons en abrégeant".
Fake news de 1904...
Fake news de 1904...
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