Marie-Eve Munger, crédit djuBox Image et Création |
Dans la série de ses concerts du dimanche, une série qui donne souvent l'occasion d'entendre à Munich des opéras français du 19ème siècle, le Münchner Rundfunkorchester nous a gratifiés hier soir d'une mémorable Lakmé, un opéra bien connu pour ses fameux arias pour colorature ou pour son duo des fleurs, mais que l'on n'a que très rarement l'occasion d'entendre en Allemagne dans sa version intégrale.
Un bonheur n'arrivant jamais seul, le Münchner Rundfunk Orchester avait pris soin d'inviter le chef français Laurent Campellone, un chef qui s'est taillé une belle réputation dans sa direction du répertoire français, et des chanteurs au français irréprochable, avec, en étoile scintillante au firmament de la colorature, la soprano canadienne Marie-Ève Munger, qui nous a offert une délicieuse Lakmé.
Habillée avec simplicité d'une élégante robe bustier noire qui souligne la jolie rondeur des épaules, Marie-Eve Munger séduit d'entrée en scène par une beauté naturelle et sans artifice dont le charme sera bientôt complété par un chant aux lignes très pures, au soprano agile, avec de longues tenues, des vocalises ailées qui portent leur envol gracieux jusque dans le suraigu, une voix d'une belle étendue jusque dans le médium et une rare finesse dans l'expression nuancée des émotions. D'entrée de jeu, dès les premières notes de la prière à Durga, le silence du public s'est fait plus attentif et se maintiendra quasi religieusement jusqu'à la fin du spectacle. Chaque mot est chanté avec spontanéité, comme s'il était né pour la première fois dans le coeur d'une jeune femme que l'amour surprend, la fraîcheur de l'interprétation n'ayant de pair que l'agilité vocale. Son air des clochettes aux coloratures délicieusement maîtrisées est un régal et un modèle du genre. Marie-Eve Munger confirme sa réputation d'excellente comédienne jusque dans le troisième acte qui, après la virtuosité des deux premiers, demande une interprétation plus lyrique dans l'expression de cet amour qui défie la toute-puissance fanatique du père et s'offre en victime expiatoire à la mort. Le duo des fleurs chanté avec l'excellente Mallika de Rachel Frenkel a d'emblée soulevé l'enthousiasme.
Très remarquée aussi, parce que très remarquable, la très belle interprétation de Nilakhnta par Andrew Foster-Williams, un habitué des concerts du dimanche où on put l'entendre dans Cinq-Mars ou plus récemment dans Proserpine. Il aborde le rôle du père terrifiant de la jeune hindoue en divinité courroucée, avec sa voix puissante de baryton-basse, une projection impeccable, une forte présence scénique et les mimiques féroces d'un gardien et protecteur des lois divines. Fort bien jouée également, la gouvernante Mistress Bentson de Blandine Folio Peres qui donne une belle démonstration de comique d'interprétation. L'Ellen de Chantal Santon-Jeffery et la Rose d'Antoinette Dennefeld sont toutes deux fort bien chantées et fort bien typées.
Le bémol de la soirée vient de l'interprétation peu convaincante de Gérald par le ténor belge Reinoud van Mechelen, qui sort pour ce rôle d'un répertoire baroque dans lequel il excelle et qui a fait sa réputation. Reinoud van Mechelen n'est jamais vraiment rentré dans le rôle de Gérald, et n'est pas parvenu à communiquer le tourbillon émotionnel qui emporte un jeune homme déjà fiancé et en train de piétiner son honneur militaire. Face à la prestation grandiose de Marie-Eve Munger, cela donne un couple déséquilibré; et de même, face au père impérieux et intransigeant, le Gérald de van Mechelen n'a que peu de résistance vocale à offrir. Par contre le baryton Enrique Sánchez-Ramos, nous a offert un Frédéric de fort belle tenue.
Le Münchner Rundfunk Orchestrer, bien rôdé au répertoire de l'opéra français, s'est vu pousser des ailes sous la direction dynamique et sensible de Laurent Campellone. Enfin, last but not least, les choeurs du Theater-am-Gärtnerplatz, entraînés par Felix Meybier, ont contribué au succès d'une soirée qui fut couronnée de l'immense ovation d'un public aux anges.
Le concert, diffusé en direct par BR Klassik, a également fait l'objet d'une captation pour un cd cpo.
Un bonheur n'arrivant jamais seul, le Münchner Rundfunk Orchester avait pris soin d'inviter le chef français Laurent Campellone, un chef qui s'est taillé une belle réputation dans sa direction du répertoire français, et des chanteurs au français irréprochable, avec, en étoile scintillante au firmament de la colorature, la soprano canadienne Marie-Ève Munger, qui nous a offert une délicieuse Lakmé.
Habillée avec simplicité d'une élégante robe bustier noire qui souligne la jolie rondeur des épaules, Marie-Eve Munger séduit d'entrée en scène par une beauté naturelle et sans artifice dont le charme sera bientôt complété par un chant aux lignes très pures, au soprano agile, avec de longues tenues, des vocalises ailées qui portent leur envol gracieux jusque dans le suraigu, une voix d'une belle étendue jusque dans le médium et une rare finesse dans l'expression nuancée des émotions. D'entrée de jeu, dès les premières notes de la prière à Durga, le silence du public s'est fait plus attentif et se maintiendra quasi religieusement jusqu'à la fin du spectacle. Chaque mot est chanté avec spontanéité, comme s'il était né pour la première fois dans le coeur d'une jeune femme que l'amour surprend, la fraîcheur de l'interprétation n'ayant de pair que l'agilité vocale. Son air des clochettes aux coloratures délicieusement maîtrisées est un régal et un modèle du genre. Marie-Eve Munger confirme sa réputation d'excellente comédienne jusque dans le troisième acte qui, après la virtuosité des deux premiers, demande une interprétation plus lyrique dans l'expression de cet amour qui défie la toute-puissance fanatique du père et s'offre en victime expiatoire à la mort. Le duo des fleurs chanté avec l'excellente Mallika de Rachel Frenkel a d'emblée soulevé l'enthousiasme.
Très remarquée aussi, parce que très remarquable, la très belle interprétation de Nilakhnta par Andrew Foster-Williams, un habitué des concerts du dimanche où on put l'entendre dans Cinq-Mars ou plus récemment dans Proserpine. Il aborde le rôle du père terrifiant de la jeune hindoue en divinité courroucée, avec sa voix puissante de baryton-basse, une projection impeccable, une forte présence scénique et les mimiques féroces d'un gardien et protecteur des lois divines. Fort bien jouée également, la gouvernante Mistress Bentson de Blandine Folio Peres qui donne une belle démonstration de comique d'interprétation. L'Ellen de Chantal Santon-Jeffery et la Rose d'Antoinette Dennefeld sont toutes deux fort bien chantées et fort bien typées.
Le bémol de la soirée vient de l'interprétation peu convaincante de Gérald par le ténor belge Reinoud van Mechelen, qui sort pour ce rôle d'un répertoire baroque dans lequel il excelle et qui a fait sa réputation. Reinoud van Mechelen n'est jamais vraiment rentré dans le rôle de Gérald, et n'est pas parvenu à communiquer le tourbillon émotionnel qui emporte un jeune homme déjà fiancé et en train de piétiner son honneur militaire. Face à la prestation grandiose de Marie-Eve Munger, cela donne un couple déséquilibré; et de même, face au père impérieux et intransigeant, le Gérald de van Mechelen n'a que peu de résistance vocale à offrir. Par contre le baryton Enrique Sánchez-Ramos, nous a offert un Frédéric de fort belle tenue.
Le Münchner Rundfunk Orchestrer, bien rôdé au répertoire de l'opéra français, s'est vu pousser des ailes sous la direction dynamique et sensible de Laurent Campellone. Enfin, last but not least, les choeurs du Theater-am-Gärtnerplatz, entraînés par Felix Meybier, ont contribué au succès d'une soirée qui fut couronnée de l'immense ovation d'un public aux anges.
Le concert, diffusé en direct par BR Klassik, a également fait l'objet d'une captation pour un cd cpo.
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