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vendredi 7 avril 2017

Mayerling par le Stanislavski de Moscou au Théâtre national de Munich

Le prince héritier Rodolphe (Serguei Polounine),
la Princesse Stéphanie de Belgique, (Anastasia Limenko)
Marie Vetsera (Natalia Somova)  et la mort, le ménage à quatre de Mayerling
Crédit photographique: M.Logvinov

Pour son  deuxième grand spectacle de sa semaine du ballet (Ballettfestwoche 2017), le Bayerisches Staatsballett a invité le Théâtre académique musical Stanislavski et Nemirovich-Danchenko de Moscou qui danse pour deux représentations Mayerling du chorégraphe Kenneth Mac Millan.

C'est en 1978 que Kenneth Mac Millan avait créé cette chorégraphie qui est considérée comme le projet le plus ambitieux de sa carrière. Elle met en scène les intrigues au coeur de l'empire  austro-hongroise, avec pour personnage principal le Prince héritier Rodolphe, une personnalité sombre shootée au sexe et à la morphine, manipulé tant par ses parents qui lui imposent un mariage dont il ne veut pas, que par son ancienne maîtresse Marie Larisch et encore par des séparatistes hongrois qui s'en servent pour comploter. Rodolphe, qui joue fréquemment avec des revolvers finira par se suicider en compagnie de sa jeune maîtresse Marie Vetsera dans un relais de chasse au plus profond de la forêt viennoise.

Un spectacle extrêmement sombre qui met en scène les noirceurs de l'âme humaine dans un scénario assez embrouillé, foisonnant de personnages qu'il est extrêmement difficile de tous identifier si on n'a pas étudié à fond le livret. A la complexité de l'intrigue et de la situation historique s'ajoutent la baroquisation des décors et des costumes de Nicholas Georgiadis. Mac Millan a un souci extrême du détail:  chaque geste, chaque regard, chaque motif visuel a été minutieusement ordonnancé par le chorégraphe, qui conduit ce ballet de type narratif à l'extrême des procédés du genre. L'atmosphère pesante de la cour est rendue par de longs défilés fort protocolaires, ce qui donne des tableaux sans doute fort étudiés, mais à la fois fort statiques. La surabondance du détail n'est pas dénuée d'une certaine lourdeur qui peut s'avérer engourdissante pour un public non averti.

Une fois admises les règles du genre, le spectacle vaut surtout par la qualité de danseurs prestigieux, et, primus inter pares, par le Rodolphe aussi ténébreux que déjanté de Sergueï Polounine. Polounine, souvent acclamé comme un des meilleurs danseurs de sa génération, est familier de l'oeuvre de Kenneth Mac Millan pour avoir été danseur principal au British Royal Ballet avant de devenir la star du Stanislavski moscovite. C'est le nouveau directeur général du Bayerisches Staatsballett, Igor Zelenski, qui invita Polounine à venir travailler en Russie. Les récentes invitations munichoises sont la suite logique, et heureuse pour le public bavarois, d'une longue collaboration entre les deux hommes. Ce danseur à la ligne admirable, à la théâtralité et à la technique impeccables, donne une interprétation particulièrement torturée, proche de la folie, du Prince Rodolphe. Au centre de la chorégraphie, il incarne à lui seul la fin d'un empire. Il est entouré d'une pléiade d'étoiles féminines, dont Oxana Kardash (Mitzi Caspar), Nathalia Krapivina (l'Impératrice Elisabeth) et Anastasia Pershenkova (Comtesse Larisch). Natalia Somova en Marie Vetsera s'abandonne sans réserve à la passion sensuelle qu'elle éprouve pour Rodolphe, une passion portée au paroxysme, sans tabous, exacerbée par la drogue, que les deux protagonistes expriment  dans des scènes aux portés acrobatiques magnifiques. Tout en contraste avec Mary, la princesse Stéphanie de Belgique, l'épouse du Prince Rodolphe, est dansée avec une retenue offensée,et les mouvements vite réprimés du désir d'aimer, par Anastasia Limenko, qui exprime avec une grande expressivité les sentiments blessés de la jeune mariée, dont la vie pleine d'espérances se voit définitivement détruite le jour même de ses noces. Signalons encore l'extraordinaire Bratfisch  de Saryal Afanasev qui remporte une belle ovation pour sa prestation d'une époustouflante virtuosité au début du deuxième acte. 
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Le public a bien sûr salué tous ces excellents interprètes de chaleureux applaudissemnts, mais le spectacle de Mac Millan n'a pas remporté l'enthousiasme inconditionnel qui avait salué Les aventures d'Alice au pays des merveilles en ouverture de festival.  Igor Zelenski a choisi deux ballets narratifs pour son premier festival, dont le premier renouvelle et modernise radicalement et très heureusement la forme du genre. Quant au second il a plutôt la forme d'un testament parfaitement rédigé, mais qui donne envie de tourner la page.

Le Théâtre académique musical Stanislavski et Nemirovich-Danchenko de Moscou donne sa seconde représentation de Mayerling ce soir, à guichets fermés.

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