L'écrivaine, journaliste et femme politique française Françoise Giroud (1916-2003) avait publié chez Fayard en 1996 une biographie romancée de Cosima Wagner sous le titre accrocheur de Cosima la sublime. Une oeuvre sans doute agréable mais d'une composition rapide et pour laquelle l'auteure n'a pas livré un travail de recherche sérieux.
Quatrième de couverture
Cosima est l'héroïne d'une grande histoire d'amour romantique, telle qu'on en connaît peu. Eprise de Richard Wagner, qui avait vingt-quatre ans de plus qu'elle, elle a su le capturer et devenir sa femme malgré les obstacles inouïs qui se dressaient devant elle: le roi de Bavière, Louis II, Franz Liszt, son père, son propre mari, Hans von Bülow, qui lui refusait le divorce.
Mise au ban de la société de Munich, la force de sa passion et de celle qu'elle a su inspirer à Wagner ont triomphé. Les Wagner ont vécu quatorze ans d'une union sublime qu'elle a soignée comme une plante précieuse, irriguée de tout son talent d'amoureuse.
Quand la mort lui a enlevé Wagner, elle a failli succomber au désespoir. Mais une oeuvre l'attendait: la poursuite du festival de Bayreuth tel que Wagner l'avait créé. Défi formidable en son temps pour une femme, défi qu'elle a relevé avec un succès complet, y trouvant son propre accomplissement.
Telle est la femme énigmatique à certains égards, irritante parfois, captivante toujours, dont Françoise Giroud a choisi, cette fois, de raconter la vie.
L'extrait
Va alors entrer en scène, tel un magicien, un personnage paré de toutes les grâces, Louis de Wittelsbach, roi de Bavière, singulier à tous égards: grand, beau malgré une tête trop petite, charmant sous ses boucles noires, avec des yeux bleu foncé, il est aussi, à dix-neuf ans, le puissant souverain du deuxième Etat allemand, depuis que son père, Louis Ier, a abdiqué [sic]. Son grand-père Maximilien [sic] a été contraint, lui, de quitter le trône après avoir abusé de folies somptuaires en faveur de la danseuse Lola Montès [sic].
Louis II n'aime pour sa part que les hommes, plus particulièrement son aide de camp, le prince Paul de Tour et Taxis, très cher et joli compagnon. (p.53 de Cosima la sublime)
Les erreurs historiques se combinent aux approximations et aux facilités stylistiques. En 1864, le Royaume de Bavière n'est pas le deuxième état allemand, mais le deuxième état en importance au sein de la Confédération germanique. Louis II n'est pas le fils de Louis Ier, mais son petit-fils: son grand-père Louis Ier fut contraint à l'abdication suite au scandale de son affaire avec Lola Montés. C'est son fils Maximilien II qui accéda alors au trône. Maximilien II mourut soudainement en 1864, ce qui porta le jeune Louis II au trône. La manière de traiter de l'orientation sexuelle du Roi est par trop réductrice et facile.
Sachant le rôle capital que le Roi Louis II joua dans la vie et l'oeuvre de Wagner, ces erreurs grossières ne peuvent être considérées comme anodines. Que le comité de lecture de l'éditeur ne les ait pas relevées pose également un problème, et non des moindres,
Tout ceci entache la crédibilité du récit, dont nous ne pouvons recommander la lecture.
Cosima Wagner, maîtresse de la colline, par Oliver Hilmes
Les lecteurs francophones disposent heureusement aujourd'hui d'une biographie solidement documentée, celle d'Oliver Hilmes, dont la traduction est parue chez Perrin.
Cosima Wagner, maîtresse de la colline, par Oliver Hilmes
Les lecteurs francophones disposent heureusement aujourd'hui d'une biographie solidement documentée, celle d'Oliver Hilmes, dont la traduction est parue chez Perrin.
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