August Friedrich Pecht. huile sur toile. 131,4 x 117,5cm, Metropolitan Museum of Art, donné par Frederick Loeser en 1889 |
Un portrait réalisé par le peintre Friedrich Pecht (1814-1903), que Wagner avait côtoyé tant à Paris qu'à Dresde. Richard Wagner y est représenté la main posée sur une partition devant un buste du jeune Roi. Cette huile sur toile se trouve dans les collections du Metropolitan Museum of Art de New York.
Le tableau doit dater de la fin de l'année 1864 ou tout au plus de début janvier 1865 puisque le Roi adresse à Wagner des remerciements pour ce portrait dans une lettre datée du 30 janvier 1865:
"Mein theurer Freund!
Soeben vom Spaziergange zurückgekehrt, finde ich das herrliche Bild! - Welch' eine
Überraschung für mich! - Wie bezaubernd gut getroffen! - Empfangen Sie meinen heißesten,
innigsten Dank! -[...]- Dank, innigen Dank. Bis in den Tod Ludwig.
den 30. Jan. 1865."
"Mon très cher Ami! Rentré à l'instant de ma promenade, je trouve le splendide tableau!-Quelle surprise pour moi!- C' est un enchantement que sa réussite! Recevez mes remerciements les plus chaleureux et les plus sincères. [...]. Merci, remerciement sincère. Jusqu'à la mort Ludwig, le 30 janvier 1865."
Le paiement de ce tableau fut à la source d' un malentendu, dont la presse s'empara aussitôt pour rompre des lances contre Wagner. Le chanteur Ludwig Schnorr von Carolsfeld l' évoque dans une lettre à sa mère:
" König Ludwig schenkte Wagner ein Ölbild von sich und äußerte dabei den Wunsch, Wagner möge dem Maler Joseph Bernhardt sitzen zu einem Portrait für ihn, den König. Wagner wünschte dem aber enthoben zu sein, da es ihm unmöglich wäre, einem Maler, der er und der ihn nicht kenne, zu sitzen. Nach einiger Zeit trifft Wagner bei Pecht, den er kennt, ein Portrait, was ihm gefiel, und er machte mit Pecht aus, daß dieser ihn portraitieren und im Fall des Gelingens sie den König damit überraschen wollten. Eines Tages findet denn auch der König in seiner Stube dies Bild aufgestellt und ist so entzückt von der Ähnlichkeit, daß Wagner dieselbe Stunde noch ein Briefchen bekömmt, in welchem der König ihm dankt und sagt, daß er das Bild in seinem Kabinett aufgehängt habe. Acht Tage darauf kömmt Pfistermeister zu Wagner und frägt ihn, wie es denn mit dem Portrait stände von wegen der Bezahlung. Auf Wagners Bemerkung, daß er sich nicht erlauben dürfe, dem König damit ein Gegengeschenk zu machen, weil er sich ihm dadurch gleichstelle, beschließen sie, daß Pfistermeister sich mit Pecht darüber einigen solle. Währenddessen geht dieser aber zum König und meldet, daß Wagner 1000 Gulden für das Bild wünsche. Der König hatte aber das Bild als Geschenk Wagners angesehen, wie es Pfistermeister wußte, und war sehr erschrocken über diese Wendung."
"Le Roi Louis avait donné à Wagner une peinture à l'huile le représentant et avait à cette occasion émis le souhait que Wagner posât pour le peintre Joseph Bernhardt pour un portrait qui lui était destiné, lui, le Roi. Mais Wagner voulut en être déchargé parce qu' il ne voulait pas poser pour un peintre qui ne le connaissait pas et que lui ne connaissait pas non plus. Après quelque temps Wagner vit chez Pecht, qu'il connaissait, un portrait qui lui plut, et il convint avec Pech que ce dernier fît un portrait de lui, pour que, en cas de réussite, ils puissent en faire la surprise au Roi. Un beau jour, le Roi trouva le portrait présenté chez lui et fut tellement ravi de la ressemblance que Wagner reçut dans l'heure une petite lettre, dans laquelle le Roi le remerciait et lui disait qu' il avait accroché le portrait dans son cabinet. Huit jours plus tard, Pfistermeister se rendit chez Wagner et lui demanae ce qu'il en était du paiement. Sur la remarque de Wagner qu'il n'oserait se permettre de remercier le Roi avec un cadeau en retour, parce qu' il se mettrait par là même sur le même pied que lui, ils décidèrent que Pfistermeister trouverait un arrangement avec Pecht. Sur ces entrefaites, il se rendit chez le Roi et lui dit que Wagner voulait 1000 florins pour le tableau. Le Roi avait cependant compris que le tableau était un cadeau de Wagner, comme le savait Pfistermeister, et il fut très saisi de ce retournement."
La presse s' empara de l'affaire, comme en témoigne cette caricature parue la presse munichoise en 1865:
Un portrait de Wagner par Pecht. 1000 fl.[pour 1000 florins] |
Sur cette affaire encore, on peut lire cet entrefilet dans le Münchener Punsch du 19 février 1865:
"Wenn Richard Wagner unaufgefordet dem König von Bayern sein Ölporträt für 1000 Gulden schickt, so veranlasst er ja gewissermaße Se. Majestäzt selbst, ihn an den Nagel zu hängen".
"Si Richard Wagner envoie sans qu'il en ait été prié son portrait à l' huile pour 1000 florins au Roi de Bavière, il fait s'arrange en quelque sorte pour que Sa Majesté elle-même l' accroche au clou".
Un jeu de mots sans doute, car An den Nagel signifie à la fois accrocher à un clou , ce qui est le cas du tableau, et abandonner ce qu'on avait l'intention de faire, en l'occurence, pour Louis II, arrêter de soutenir Wagner.
Le Münchner Punsch publie dans la même édition la célèbre caricature où le Münchner Kindl montre à Wagner en train de patiner sur la glace le trou dans lequel il va se précipiter parce qu' il porte la tête trop haute et ne peut donc voir le trou de la disgrâce un mètre devant lui.
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