Dominique Wagner |
Les lauréats du Concours de musique international ARD 2016 sont en concert pour trois soirées consécutives. Hier soir, lors du premier de ces concerts, le public munichois les a retrouvés avec plaisir dans des morceaux en solo ou avec accompagnement de piano.
Le concert, présenté par Jerzy May et diffusé en direct et en live stream sur BR Klassik, a commencé avec le contrebassiste austro-allemand Dominik Wagner, qui a inteprété avec fougue le Grand Allegro pour contrebasse et piano de Giovanni Bottesini. Contrebassiste de grand talent, surnommé par ses contemporains le Paganini de la contrebasse, Bottesini dédie ce Grand Allegro à Felix Mendelssohn-Bartholdy, en y introduisant des références musicales marquées. Le jeune Dominik Wagner, -il n´a que dix-neufs ans-, vient de réaliser l´exploit de se présenter à deux concours musicaux en même temps, celui de l´ARD et l´Eurovisions-Young-Musicians-Contest à Cologne et d´y remporter à chaque fois un troisième prix, à moins d´une semaine d´intervalle! Avec l´Allegro alla Mendelssohn, Dominik Wagner a fait chanter l´âme romantique de sa contrebasse dans une interprétation inspirée. La pianiste Lilian Akopova a tenu avec brio la partie pour piano, mais, et c´est fort dommage, s´est curieusement avancée au premier plan lors des applaudissements, laissant le modeste contrebassiste en retrait, ce qui est plutôt incongru lors d´un concert des lauréats.
Nicolas Ramez |
Félix Dervaux |
Deux cornistes français, Nicolas Ramez et Félix Dervaux, ont remporté un troisième prix ex aequo dans leur discipline. Nicolas Ramez s´est enthousiasmé tout petit pour le cor, un instrument qu´on ne peut pratiquer avant 8 ou 9 ans, les conditions physiologiques nécessaires à la pratique de cet intrument n´étant pas remplies avant cet âge. En attendant de pouvoir réaliser ses rêves de corniste, le petit Nicolas se consacra jusqu´à 7 ans à l´étude et à la pratique du piano. Hier soir, il a interprété une Sonate pour cor et clavier de York Bowen, qui fut lui-même ancien corniste de la Garde écosssaise et qu´on redécouvre ces dernières années. Quant à Félix Dervaux, qui se produit deux soirées consécutives, il a interprété le morceau imposé du concours, le Tipsy Howl pour cor solo que Zhou Long vient de composer sur commande du Concours ARD. Déjà lors des épreuves, Félix Dervaux avait déjà joué cette création mondiale sans partition, réalisant l´exploit de la mémoriser en fort peu de temps. L´oeuvre présente de nombreuses embûches techniques dont Dervaux semble se jouer. Il interprète avec virtuosité l´architecture complexe de cette oeuvre déroutante et amusante qui, comme son titre l´indique, expose les accords variés d´un hurlement éméché. Un exploit longuement applaudi.
Rino Kayegana |
La harpiste japonaise Rino Kageyama quant à elle a interprété son morceau favori pour harpe solo, la Ballade fantastique qu´Henriette Renié composa en 1913 en s´inspirant du Coeur révélateur, une nouvelle d´Edgar Allan Poe. Rino Kayegama en donna une interprétation fascinante avec des moments musicaux qui rappellent la musique traditionnelle japonaise. La harpiste, qui fait montre d'une concentration hors du commun, utilise tous les moyens à sa disposition pour restituer les émotions de cette oeuvre narrative et nous entraîne dans un monde onirique étrange et captivant. Sa concentration profonde et quasi méditative crée un silence attentif sur lequel vient s´inscrire une musique fluide et dynamique.
Quatuor Aris |
Last but not least, le Quatuor Aris, deuxième prix dans sa catégorie et véritable coqueluche du public qui lui a également décerné son prix, interprète en fin de programme Le Quatuor du Cavalier de Joseph Haydn (quatuor en sol mineur, op. 74, n° 3). ARIS n´est pas le nom d´un dieu ou d´un fleuve grec, mais un acronyme de la dernière lettre des prénoms des musicien.ne.s de groupe d´ami.e.s très soudé et dont l´amitié remonte à la fin de l´adolescence. L´amitié est aussi au centre de ce quatuor d'une série de quatre que le compositeur écrivit un an après la mort de Mozart. On y ressent l´extraordinaire proximité des deux compositeurs, spécialement au coeur du mouvement lent, un des plus beaux passages qu´Haydn ait écrit. Les qualités musicales du Quatuor Aris se doublent d´un jeu de scène fascinant où l´on voit la complicité des musiciens à l´oeuvre. Le violoncelliste Lukas Sieber donne les entames et organise les silences d´où s´élance la musique de Haydn. Les instrumentistes semblent se passer la musique d´un instrument à l´autre en la faisant sautiller avec une allégresse joyeuse. Avec les violonistes Anna Katharina Wildermuth et Noémi Zipperling, et l´altiste Caspar Vinzens, ils donnent de cette oeuvre magnifique une interprétation joyeuse, vivante, très théâtralisée et d´une rare unisson, celle qui résulte de l´histoire d´une longue amitié et d´un travail intense dans la durée. Le public salue cette performance impeccable d´une longue ovation où les bravi se me sont mêlés aux trépignements enthousiastes.
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