Voici un extrait d´un ouvrage consacré au 76e de cavalerie, une partie de la brigade Roguet, dirigée par le Maréchal Ney dans la campagne d´Allemagne et d´Autriche, où il est question de la région de Mittenwald.
L´ouvrage est accessible en ligne comme livre numérique gratuit.
L´extrait
[...]
Il ne restait donc à Ney que sa 3e division (Malher) et la 2e brigade (Roguet) de la 2° division. Le 76e [...] fait partie de cette brigade. Il avait en outre 150 cavaliers et un peu d'artillerie.
IV. — Marche sur Inspruck.
Dans quelles conditions s'effectue la marche. —Le maréchal Ney, chargé d'envahir le Tyrol et de couvrir ainsi le flanc droit de la Grande Armée en marche sur Vienne, « avait heureusement choisi, dit Thiers, le débouché de Scharnitz, la porta Claudia des anciens, pour y pénétrer ».
« C'est l'un des accès les plus difficiles de cette contrée, mais il avait l'avantage de conduire droit sur Inspruck, au milieu des troupes disséminées des Autrichiens qui, s'attendant peu à cette attaque, étaient répandus depuis le lac de Constance jusqu'aux sources de la Drave.
« Le maréchal Ney avait à peine 9 à 10 000 hommes 2, soldats intrépides comme leur chef et avec lesquels on pouvait tout entreprendre. Il leur fit escalader dans le mois de novembre les cols les plus élevés des Alpes, malgré les rochers que les habitants précipitaient sur leur tête; car les Tyroliens, fort dévoués a la maison d'Autriche, ne voulaient pas, ainsi qu'on les en menaçait, passer sous la domination de la Bavière. »
Itinéraire jusqu'à Mittenwald. — La colonne du 6° corps quitta les environs d'Ulm, précédée seulement d'une faible avant-garde et de la cavalerie. Les cantonnements de chaque jour furent échelonnés sur la route suivant Tordre des troupes pendant la marche.
Le 76°, en tête de colonne, part le 5 brumaire (27 octobre), à 10 heures du matin, passe Piller près d'Ulm, à Unterkirchberg, tourne au sud, et arrive dans la nuit à Memmingen. Le lendemain, marche vers l'Est : le 76°, toujours en tête, pousse jusqu'à Turkheim sur la Werlach.
Le 7 brumaire (29 octobre), le 76e part dès 7 heures du matin, franchit le Lech à Landsberg et cantonne à Burgen, Schwetflingen et Hoffstetten prèsde Landsberg où presque toute la colonne est réunie. Le sous-lieutenant Guy François Glatigny , du 76e, qui marchait à l'avant-garde, reçut, ce jour-là, un coup de feu à l'épaule gauche.
Le 9 brumaire (31 octobre), la colonne reprend sa direction primitive vers le sud et le 76° atteint Weilheim, où il cantonne avec le 69e.
Le 10 brumaire (ler novembre), la brigade Roguet continue le mouvement vers le sud, atteint Murneau, remonte un affluent de Tlsar, traverse Partenkirchen et s'établit à Garnischgau.
Le 11 brumaire (2 novembre), marche sur Mittenwald : une compagnie de voltigeurs du 76° forme l'avantgarde avec une compagnie de voltigeurs et une compagnie de grenadiers du 69e. Nos cavaliers se sont repliés. En arrivant devant Mittenwald, la petite avant-garde trouva le défilé occupé par un détachement de 60 hommes de l'archiduc Louis.
Attaqués immédiatement par nos voltigeurs et 25 chasseurs du 10°, les Autrichiens sont dépostés et laissent entre nos mains 1 officier et 43 hommes prisonniers. 200 hommes sortis du fort de Scharnitz *pour secourir le poste de Mittenwald furent rejetés dans le fort avec le même entrain. La brigade Roguet prit possession de Mittenvald, surveillant avec ses grand'gardes les chaussées de Scharnitz et de Leutasch. La 3° division n'était encore qu'à Garmischgau.
Le lendemain 12 brumaire (3 novembre), le 6e corps garda à peu près les mêmes positions. Dans la fusillade qui eut lieu aux avant-postes, le sous-lieutenant Glatigny, déjà blessé le 29 octobre, reçut un coup de feu à la hanche gauche. Les reconnaissances nous apprirent que les deux forts de Scharnitz et de Leutasch, qui barrent le passage de la vallée de l'Isar à celle de l'Inn, étaient sérieusement occupés.
Prise du fort de Leutasch. — Ce même jour (12 brumaire), le général Loison reçut du maréchal l'ordre de se porter le lendemain à Seefeld avec la brigade Roguet, pour y couper la retraite aux défenseurs du fort de Scharnitz, que Ney se proposait de faire attaquer par sa 3° division.
Il devait passer par Lautersée, Farchensée, le mont Loecthen et le petit fort de Leutasch. C'était une rude tache; mais « on pouvait tout tenter avec la brigade Roguet ».
L'avant-garde, formée de 6 compagnies de voltigeurs (celles du 25° Léger, du 69° et du 76° de ligne), arriva non sans peine jusqu'au pied du Loecthen.
Là, au milieu des bois qui couvrent le flanc nord de la montagne, il fallut gravir homme par homme un sentier tortueux taillé dans le roc et dominé par un poste détaché du fort de Leutasch. La position de ce poste était si avantageuse que le petit détachement qui l'occupait aurait pu barrer la route à toute la division. Il fut néanmoins repoussé par l'avant-garde.
Nos voltigeurs, à peine au sommet du Loecthen, en redescendent les pentes sud-est en se dirigeant de manière à tourner le fort.
Leutasch était occupé par le 4° bataillon du régiment de Kinski, à l'effectif de 760 hommes, et par un millier de Tyroliens. Il était armé de 4 bouches à feu. Son commandant, informé de notre arrivée, alla à notre rencontre avec 150 Autrichiens, une pièce et un corps tyrolien. Il eut le même sort que son poste du Loecthen et fut si brusquement repoussé qu'il dut se retirer jusqu'à Seefeld.
Lorsque le gros de la brigade arriva, les voltigeurs, malgré le feu violent de la défense, avaient déjà franchi le petit ruisseau de Leutasch qui couvre le flanc gauche du fort. Pendant que le 69°, avec un de ses bataillons, fait face au front nord dans la prairie qui en forme le glacis, et, avec l'autre bataillon, tourne l'ouvrage par sa gorge, le colonel Lajonquière, du 76°, reçoit l´ordre d'envoyer son premier bataillon sur le flanc droit du fort pour empêcher toute sortie de ce côté, et de se porter, avec le 2e, vers la gorge de l'ouvrage à la gauche du bataillon du 69° déjà établi sur ce point.
Il était quatre heures. Le 2° bataillon était formé en colonne pour l'assaut, quand le général Loison fit sommer le commandant du fort de capituler. Leutasch se rendit avec 580 Autrichiens dont 50 blessés, quelques Tyroliens et 3 bouches à feu. Le reste avait réussi à s'échapper dans les montagnes.
La brigade Roguet reprit alors sa marche sur Seefeld. Elle y arriva à 11 heures du soir et dut en forcer l'entrée en essuyant le feu de quelques paysans tyroliens.
Le 76e bivouaqua en arrière du village avec le 69°; les voltigeurs furent disposés de manière h garder tous les débouchés. Nos pertes étaient presque nulles.
Prise du fort de Scharnitz. — Le 14 brumaire (5 novembre), dès une heure du matin, le commandant du fort de Scharnitz ayant appris la capitulation de Leutasch, décampa en toute hâte avec son artillerie, laissant seulement une cinquantaine d'hommes à la porte Claudia, pour lui servir de rideau et ralentir la marche de notre 3e division qui ne pouvait manquer d'arriver bientôt.
Vers 4 heures du matin, les avant-postes de la brigade Roguet furent attaqués par les Autrichiens qui venaient de Scharnitz et voulaient h tout prix se frayer un passage pour gagner Inspruck.
Nos avant-postes sont d'abord refoulés sur Seefeld : « Prendre les armes et marcher à l'ennemi, dit le rapport du maréchal Ney, fut l'affaire d'un moment. La 2° compagnie de grenadiers du 76e se porte sur la route d´Inspruck, pour couper toute retraite à l´ennemi, tandis que les autres compagnies de grenadiers et l'infanterie des deux régiments attaquent de front les Autrichiens et les mettent en déroute. »
L'ennemi nous laissa 300 prisonniers et 12 pièces, toute son artillerie.
Le soir même la brigade Roguet, conduite par le général Loison, entrait à Inspruck, où le maréchal Ney porta son quartier général. La brigade n'avait perdu, clans les journées de Leutasch et cle Scharnitz, que 8 tués et 23 blessés.
Le 76° prit position à Vittau, à la porte d'inspruck.
*Le défilé de Scharnitz était déjà retranché du temps des Romains. En 1628, l'archiduchesse Claudia fit construire le front de fortification qui porte son nom.
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