L´édition 2016 du Festival Richard Strauss s´est terminé en apothéose avec un extraordinaire concert ciselé par le maestro chinois Muhai Tang, un brillant orfèvre au pupitre, qui dirigeait l´excellente Philarmonie slovaque de Bratislava, le plus important des orchestres symphoniques de Slovaquie.
En première partie, on a pu entendre les troisième et quatrième mouvement ainsi que le final de Schlagobers (Crème fouettée), une musique de ballet joyeuse créée en 1924 à Vienne et dans laquelle
Strauss joyeux faisait la nique à la morosité d'après-guerre avec ses rythmes de valses, de mazurkas et de polkas traduits dans le génie de son langage propre. Romain Rolland, dont on connaît l´amitié pour Richard Strauss, reconnaissait dans cette musique "beaucoup de talent, un matériel intéressant, de curieuses trouvailles de rythmes et d'harmonies, un assortiment d'étoffes fines, moelleuses et brillantes, un papillotage de couleurs, une dépense continuelle d'invention et d'esprit.". Aux 'étoffes' de Romain Rolland, on devrait dans le cas de Schlagobers parler d'un assortiment de saveurs fines. le travail de l'orchestre et de son directeur nous met en appétit et cette entrée s´avère d´emblée un des plaisirs gourmands de la soirée.
Mais après l´excellence de ce hors d´oeuvre, le plat principal allait nous révéler le meilleur de la soirée. Nous eûmes alors le privilège d´entendre le premier concerto pour violoncelle de Camille Saint-Saens interprété par rien moins que Daniel Müller-Schott, un des meilleurs violoncellistes de sa génération. Si le concerto est assez bref, son exécution exige un virtuose tant l´agilité des doigts est sollicitée. Le violoncelle fait d´emblée son entrée tourbillonnante, fougueuse et passionnée. Et avec Daniel Müller-Schott ce ne sont pas seulement les cordes de l´instrument qui vibrent mais une voix humaine qui s´élève et qui se met à chanter avec noblesse et élégance dans une justesse de ton incomparable. Quelle inspiration et quelle présence en scène!
A l´emportement du premier thème succède un deuxième thème plus onirique, comme une méditation contemplative que chante le violoncelle accompagné par les cordes. Puis le troisième thème vient faire la synthèse plus resplendissante des deux premiers. Dans le menuet du deuxième mouvement le violoncelle chante d´une voix simple avec une finale dramatique. Entre drame mélancolique et fougue tumultueuse, c´est l´optimisme qui finit par l´emporter dans une ode à l´existence exprimée dans les aigus du final.
La communication entre le violoncelliste et l´orchestre atteint à la perfection. La noblesse et le raffinement de l´exécution de Daniel Schott-Müller, qui joue sa partie entièrement de mémoire avec une concentration inspirée, rendent heureusement hommage à la délicieuse musique du premier concerto de Saint-Saens.
En deuxième partie, on retrouve Daniel Müller-Schott dans le Don Quixote (Don Quichotte), op. 35 ce long poème symphonique pour violoncelle, alto et grand orchestre, que Richard Strauss, omposa à Munich en 1897. L'œuvre, inspirée du Don Quichotte de Cervantès porte le sous-titre de Variations fantastiques sur un thème à caractère chevaleresque .
Le violoncelle incarne le personnage de Don Quichotte, tandis que la clarinette basse, le tuba et l'alto (joué par Martin Ruman) interprètent le motif du serviteur, de Don Quichotte, Sancho Panza. Le violoncelle donne sa voix à Don Quichotte et exprime la personnalité et les combats du chevalier de la Manche dans les aventures qu´il traverse. Richard Strauss se serait dit-on identifié au chevalier, et ce sont ses propres difficultés et combats qu´il décrit au travers de cette oeuvre à forte connotation autobiographique.
Une brillante soirée d´adieu au festival, mais cet adieu n´est qu´un au revoir! On réserve déjà ses dates pour Le Festival Richard Strauss 2017, qui clôturera le cycle des grands poèmes symphoniques, et qui aura lieu du 24 ou 30 juin 2017.
Au programme 2017, on entendra entre autres Une vie de héros, la Sinfonia domestica et Une symphonie alpestre.
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