Ivan Liška et les danseurs du Terpsichore Gala 2016 |
Le Ballet d´Etat de Bavière vient de donner la douzième édition de son Gala Terpsichore en mettant cette année son Directeur général, Ivan Liška, à l´honneur. Né en 1950 à Prague, le danseur et chorégraphe tchèque a joué pendant 18 saisons un rôle majeur en présidant de 1998 à 2016 aux destinées du célèbre ballet bavarois et en le marquant profondément de son empreinte. Il avait en 1998 repris les rênes d´une Maison qu´avait magistralement guidée la regrettée Konstanze Vernon qui avait permis cette même année l´émancipation du Ballet d´Etat de Bavière, qui jusqu´alors faisait partie du Bayerische Staatsoper.
Le Gala Terpsichore a été organisé par la troupe du Bayerisches Staatsballet et coordonné par Ivan Liška lui-même. Toutes les grandes étoiles du ballet bavarois étaient présentes sur scène, à l´exception de Lucia Lacarra, souffrante, une artiste que le Gala Terpsichore avait consacrée en 2015. Des invités prestigieux comme Polina Semionova et Jason Reilly avaient fait le déplacement pour apporter leur prestigieuse contribution à ce gala d´exception dont le programme retrace les dix-huit années d´aventures, de prises de risques et de défis relevés, pendant lesquelles Ivan Liška a fait du Bayerisches Staatsballett la remarquable Maison qu´elle est aujourd´hui.
L´Orchestre d´Etat de Bavière était placé sous la direction experte de Myron Romanul, un chef d´orchestre spécialisé dans la direction de ballets, qui collabore depuis des années avec le Ballet d´Etat de Bavière et qui ces dernières années a dirigé nombre de nouvelles productions. Il a ouvert la soirée avec les Voix du printemps, une valse fameuse de Johann Strauss, pendant laquelle furent projetées des photos, marquées de phylactères remplis de clins d´oeil et d´humour complice et joyeux, retraçant la carrière munichoise d´Ivan Liška.
La première partie de la soirée a débuté par l´époustouflant Pas de deux de Tchaikovsky de Balanchine dansé par Iana Salenko et un Steven Mc Rae (photo ci-contre) dont la virtuosité dépasse l´imaginable avec une maîtrise absolue de la grammaire chorégraphique. Huit minutes à couper le souffle pendant lesquelles bravoure et prouesses techniques se succèdent. On a pu encore admirer ce danseur, Principal au Royal Ballet de Londres, dans une de ses propres chorégraphies, Czardas, un numéro de claquettes où il parvient à combiner l´art des claquettes et la danse classique en coordination parfaite avec la musique de Vasko Vassilev. Déjà Vu, une chorégraphie bourrée d´humour de Petr Zuska est dansée par Alina Nanu et Giovanni Rotolo, inénarrables de tendresse et de drôlerie dans l´exécution de cette petite étude pleine de charme sur les stéréotypes de genre et les changements de rôle. Suivent Polina Semionova et Jason Reilly eux aussi formidablement acclamés par un public surchauffé dans le Pas de deux de l´Onegin de John Cranko. Enfin, la première partie se termine par le Birthday offering de Frederick Ashton, sur des musiques d'Alexandre Glasounov, une pièce jouée pour la première fois en Allemagne, où cette chorégraphie n'avait jamais été montée, lors du gala de l´an dernier. Sept variations pour couples de danseurs ont donné l'occasion aux artistes du Ballet d'Etat bavarois de rivaliser de talent, et spécialement aux ballerines pour qui ces solos ont été conçus, des solos dans lesquels elles étaient assistées des danseurs stars de la compagnie, avec en point d'orgue le pas de deux exécuté par Daria Sukhorukova et Cyrill Pierre.
Maria Eichwald et Friedemann Vogel |
En seconde partie, quatre danseurs et danseuses de la Junior Company du BSB ont donné The new 45, une chorégraphie de Richard Siegal sur des musiques jazz présentée pour la première fois au Festival d´Athènes en 200. Une excellente prestation des jeunes danseurs où Flemming Puthenpurayil, un danseur né et formé à Vienne, s´est montré particulièrement remarquable. Suit le Ricercare chorégraphié par Ivan Liška en 2005 sur une musique de Ligeti et dont il a confié la danse à Jonah Cook, un danseur issu des rangs de la Junior Company et aujourd´hui demi-soliste, une des figures montantes du Bayerische Staatsballett. Remarquable encore, le pas de deux du troisième acte de la Manon de Kenneth MacMillan dansé par deux danseurs inouïs, Maria Eichwald, qui fut soliste dans la Maison et exprime ici avec une grâce et un art infinis la fin et la mort de l´héroine avec une langueur et une capacité d´abandon des plus dramatiques, et Friedemann Vogel, du Ballet de Stuttgart, qui interprète un Des Grieux éperdu de douleur dans son impuissance à sauver la femme qu´il adore. Ces deux danseurs ont été salué par un tonnerre d´applaudissements et de trépignements pour ce numéro qui couronne la soirée. Comme grand final et en apothéose, des solistes et la troupe du Ballet bavarois donnent le Choreartium de Leonid Massine. Lors des applaudissements, au moment où Ivan Liška vient saluer un public fidèle dont il est adulé et qui lui réserve une standing ovation au comble de l´émotion et de la reconnaissance, une pluie de paillettes dorées tombe des cintres pour remercier le grand homme du ballet munichois de son immense talent mis et de son dévouement sans limite. Une soirée mémorable.
Crédit photographique: Wilfried Hösl
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