Pavol Breslik a une nouvelle fois conquis le public munichois en donnant un récital dans le bel amphithéâtre du Prinzregententheater de Munich, avec, au programme une vingtaine de Lieder de Schubert, Tchaikovski, Strauss et Rachmaninov.
La scène nue porteuse d´un grand piano et d´un bouquet d´épis de glaïeuls rouges cerclés de grandes feuilles de philodendrons est bientôt habitée par un Pavol Breslik très élégant dans un costume mao anthracite très sobre avec pour seule coquetterie des brillants sur les empeignes des mocassins. Très vite, dès l´attaque du premier Lied de Schubert, An Silvia, on est sous le charme des qualités exceptionnelles de ce grand ténor lyrique: la beauté du timbre vibrant d´une jeunesse virile, la perfection de l´articulation, de la diction et de la projection de la voix, la qualité toute naturelle du phrasé, tous éléments qui rendent le texte parfaitement compréhensible, et surtout l´expression d´une riche palette d´émotions dont le chanteur slovaque interprète les moindres nuances. Le chant de Pavol Breslik s´élève dans sa beauté lumineuse avec le support de l´accompagnement musical intelligent et complice d´Amir Katz. Le chant et le piano s´interpellent et se complètent en parfaite complicité. Breslik a une approche passionnée du Lied et nous fait participer des tons et des émotions propres á chacun des compositeurs qu´il a choisi de présenter. Il aborde d´abord les grands thèmes romantiques de Schubert avec ses évocations de la nature, de l´amour, de la mort et du fantastique, avec en apothéose le célèbre Roi des Aulnes, dont Pavol Breslik souligne à merveille la montée de l´intensité dramatique mêlée d´un trouble diffus qui conduit à la mort de l´enfant. Après l´entracte, Pavol Breslik revient vêtu d´une tunique anthracite aussi simple que seyante et dont les soieries légéres conviennent sans doute bien à la chaleur caniculaire accablante. Il chante avec passion la fureur des amours tourmentées de Tchaikovski et d´une âme que les passions torturent, la tristesse des amours refusées ou finissantes, avec des mélodies composées par le compositeur russe à partir de poèmes d´Apoukhtine ou de Pouchkine. Il passe ensuite à la sérénité des Lieder de Strauss et en véhicule la douceur heureuse avec une tendresse d´interprétation sensible et délicate. Il conclut avec trois Lieder de Rachmaninov en rendant l´émotionnalité profonde de Ne chante pas pour moi, ma belle ou d´Un reve, ou la force bouillonnante d´Eaux de printemps.
La soirée est couronnée d´un tonnerre d´applaudissements et de trépidations enthousiastes, que le gracieux chanteur accueillera en offrant trois Lieder supplémentaires. à un public comblé.
Luc Roger
Luc Roger
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