Depuis 1976, le Festival de musique ancienne d'Innsbruck a lieu chaque année pendant plusieurs semaines de juillet et d´aout. En 2016, il fêtera son quarantième anniversaire. Innsbruck perpétue ainsi aujourd´hui une tradition musicale qui date de la Renaissance et de l’époque baroque, alors que les Habsbourg, y régnaient et résidaient, faisant de la capitale tyrolienne l’un des hauts lieux de la musique européenne en y attirant les musiciens les plus renommés de l´époque. Aujourd´hui les organisateurs du festival ont pris le relais et y invitent les meilleurs interprètes de musique ancienne.
Un vaste programme attend les festivaliers et les visiteurs de la ville au toit d´or. Dans le Hofgarten, on peut assister à des concerts gratuits pendant l´heure du déjeuner et des fanfares animent les places de la ville. Sur les hauteurs d´Innsbruck, on va entendre des concerts de musique de la Renaissance dans la célèbre salle espagnole du château d´Ambras. En ville, des concerts sont organisés dans la salle d’apparat du Palais de la Hofburg que Marie-Therèse fit décorer dans le style Rococo viennois. Le grand théâtre d´Innsbruck et la cour de la faculté de théologie sont les lieux de représentations d´opéras baroques.
Le programme 2015 est placé sous le signe du stylus phantasticus, un style musical propre au baroque allemand, dont Johann Mattheson précisait la définition en 1739:
« Dans ce style, la manière de composer, de chanter et d'exécuter est la plus libre, la moins contrainte qui se puisse imaginer, pour qui y découvre d'abord telle idée et ensuite telle autre, du fait qu'on n'y est lié ni par les mots, ni par la mélodie, seulement par l'harmonie, de sorte que le chanteur ou l'exécutant peut en jouer avec habileté. Toutes sortes de progressions par ailleurs inaccoutumées, d'ornements cachés, de tours et de colorations ingénieux sont amenés sans souci d'observer la mesure ou la tonalité, sans considération pour ce qui est placé sur la page, sans thème ni ostinato formel, sans thème ou sujet à mener à bien ; ici rapide et là hésitant, tantôt à une voix, tantôt à plusieurs et de temps à autre en retard sur la battue, sans mesure du son, mais non sans se montrer tout entier résolu à plaire, à surprendre et à étonner» ( Extrait du livre de Gilles Cantagrel, Dietrich Buxtehude, Paris, Fayard, 2006, p. 238-239, qui cite et traduit Mattheson).
Un art de l´improvisation similaire à ce qu´on peut trouver dans le jazz ou le rock contemporains, et qui n´étaient pas inhabituels dans l´interprétation des fantaisies, des capriccios, des préludes ou des toccatas du baroque ou de la Renaissance.
Parmi les oeuvres du prestigieux programme de l´édition 2015, signalons Il Germanico, l´opéra de Porpora dirigé par Alessandro De Marchi, ou encore l´intermezzo de Niccolo Jommelli, Don Trastullo, par l´Academia Montis Regalis, et les récitals de chanteurs aussi exquis que la soprano Sandrine Piau ou le contre-ténor Valer Sabadus.
Pour accéder au programme en anglais ou en allemand, cliquer ici.
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