Le 14ème Festival de danse contemporaine de Munich s´est ouvert hier à la Muffathalle et au Gasteig avec trois spectacles, le début des Dancing Days de Stefan Dreher, Asobi.Adult game de Kaori Ito et Landscape de SaburoTeshigawara.
Stefan Dreher avoue qu´à un certain point, il a décidé de danser pour toujours. Son projet pose la question de savoir combien de temps une personne peut-elle danser sans s´ arrêter. Et lorsqu´on danse ensemble, à quel moment en a-t-on assez? Pendant toute la durée du festival, six danseurs au minimum danseront six heures par jour! Ce marathon, auquel participent des artistes internationaux et munichois, est ouvert à tous, les spectateurs et les passants peuvent s´y joindre à tous moments.
rendez-vous chaque jour du Festival au forum du Gasteig (Celibidacheforum) de 16H16 à 22H16!
Kaori Ito: Asobi. Adult game
La japonaise Kaori Ito nous a offert le point d´orgue de la soirée avec un spectacle confondant d´intensité théâtrale. C´est la première fois que cette incomparable artiste produit un spectacle à Munich, et c´est déjà, dés cette première soirée, un des moments phares de ce festival! Le spectacle est annoncé comme une dernière mondiale, et c´est fort dommage, car on le reverrait volontiers et sans attendre!
Voici comment le spectacle est présenté sur le site de la chorégraphe:
En japonais, Asobi désigne le jeu, dans un contexte adulte, sensuel. C´est également ce que nous faisons en marge des obligations de notre vie. Les choses légères, les activités passagères, les obsessions mineures.
Les humains et certains animaux au cerveau complexe connaissent cet aspect de la vie, cet amusement à créer des actions différentes de celles que nous devons accomplir pour survivre. Le mot évoque également la fuite, la déconcentration, le lâcher prise, l’ivresse que procure sa pratique. Par extension, il invoque aussi les jeux de hasard, la concurrence, le combat, et le vertige provoqués par les manèges, les jeux d’enfants.
Dans la société japonaise contemporaine, sa connotation est aussi érotique, évoquant fortement les jeux d’adultes se mettant en scène tels des enfants. Il est surtout véhiculé par les hommes car les femmes Japonaises ne sont pas tenues, encore à l’heure actuelle, d’avoir de telles pratiques. Que se passerait-il si c’était le cas? Explorant l’idée du fétichisme, et des pratiques dites ASOBI dont certains aspects magnifient telle ou telle partie du corps, le spectacle abordera cette question, à travers des jeux entre femmes. L’obsession du corps et de son reflet, le voyeurisme dans un décor évoquant les « Magic Mirrors » - avec un grand miroir transparent au plafond. L’idée est inspirée des « hôtels d'amour » au Japon où, faisant l'amour, on peut se regarder dans le miroir au plafond. Ce jeu de voyeurisme incite à être observé, à ne pas être observé, à se rendre compte qu'on nous observe, à ne pas se rendre compte qu'on nous observe, etc.
Il s'agit également de faire le portrait de trois femmes et deux hommes, cinq façons différentes de posséder une partie de leur corps, cinq personnalités, deux sensualités. Les matériaux comme le cuir, les corsets, les talons hauts contribuent à cette recherche dans l’animalité féminine, la déformation du mouvement, du corps et de son reflet. Les hommes observent la partie animale et sensuelle des femmes. Les deux danseurs représentent le regard du public.
Kaori Ito crée effectivement un spectacle participatif avec tout d´abord son décor d´un ensemble de douze miroirs cabossés et au tain abîmé avec de nombreuses zones ombrées. Avant même que le spectacle ne commence, le public placé sous les projecteurs s´installe et se mire partiellement dans ces surfaces réfléchissantes qui font un peu penser à la carrosserie d´une auto défoncée. Les quatre danseurs pratiquent des jeux de déshabillage vertical partiel, la moitié du corps étant dévêtue, ou de réhabillage, un danseur revêtant une petite robe noire. D´emblée les spectateurs sont pris dans le jeu de l´invitation érotique et sensuelle et dans les entrelacs d´une confusion des genres. Les spectateurs sont aussi sollicités lorsque la chorégraphe s´insinue langoureusement et avec une progression féline dans le public en y frôlant et caressant des hommes et des femmes, acteurs et actrices malgré eux. Le spectacle démultiplie les sexualités, de l´érotisme tendre à la violence passionnée, en faisant des gammes sur les lignes mouvantes de la complexité humaine. Les quatre danseurs et danseuses, tous exceptionnels, Csaba Varga, Jann Gallois, Kaori Ito et Péter Juhász, expriment chacun des rapports différents au corps et au désir. Si au Japon l´Asobi est une pratique essentiellement masculine, le spectacle la décline aussi et surtout du point de vue de l´animalité féminine.
En japonais, Asobi désigne le jeu, dans un contexte adulte, sensuel. C´est également ce que nous faisons en marge des obligations de notre vie. Les choses légères, les activités passagères, les obsessions mineures.
Les humains et certains animaux au cerveau complexe connaissent cet aspect de la vie, cet amusement à créer des actions différentes de celles que nous devons accomplir pour survivre. Le mot évoque également la fuite, la déconcentration, le lâcher prise, l’ivresse que procure sa pratique. Par extension, il invoque aussi les jeux de hasard, la concurrence, le combat, et le vertige provoqués par les manèges, les jeux d’enfants.
Dans la société japonaise contemporaine, sa connotation est aussi érotique, évoquant fortement les jeux d’adultes se mettant en scène tels des enfants. Il est surtout véhiculé par les hommes car les femmes Japonaises ne sont pas tenues, encore à l’heure actuelle, d’avoir de telles pratiques. Que se passerait-il si c’était le cas? Explorant l’idée du fétichisme, et des pratiques dites ASOBI dont certains aspects magnifient telle ou telle partie du corps, le spectacle abordera cette question, à travers des jeux entre femmes. L’obsession du corps et de son reflet, le voyeurisme dans un décor évoquant les « Magic Mirrors » - avec un grand miroir transparent au plafond. L’idée est inspirée des « hôtels d'amour » au Japon où, faisant l'amour, on peut se regarder dans le miroir au plafond. Ce jeu de voyeurisme incite à être observé, à ne pas être observé, à se rendre compte qu'on nous observe, à ne pas se rendre compte qu'on nous observe, etc.
Il s'agit également de faire le portrait de trois femmes et deux hommes, cinq façons différentes de posséder une partie de leur corps, cinq personnalités, deux sensualités. Les matériaux comme le cuir, les corsets, les talons hauts contribuent à cette recherche dans l’animalité féminine, la déformation du mouvement, du corps et de son reflet. Les hommes observent la partie animale et sensuelle des femmes. Les deux danseurs représentent le regard du public.
Kaori Ito crée effectivement un spectacle participatif avec tout d´abord son décor d´un ensemble de douze miroirs cabossés et au tain abîmé avec de nombreuses zones ombrées. Avant même que le spectacle ne commence, le public placé sous les projecteurs s´installe et se mire partiellement dans ces surfaces réfléchissantes qui font un peu penser à la carrosserie d´une auto défoncée. Les quatre danseurs pratiquent des jeux de déshabillage vertical partiel, la moitié du corps étant dévêtue, ou de réhabillage, un danseur revêtant une petite robe noire. D´emblée les spectateurs sont pris dans le jeu de l´invitation érotique et sensuelle et dans les entrelacs d´une confusion des genres. Les spectateurs sont aussi sollicités lorsque la chorégraphe s´insinue langoureusement et avec une progression féline dans le public en y frôlant et caressant des hommes et des femmes, acteurs et actrices malgré eux. Le spectacle démultiplie les sexualités, de l´érotisme tendre à la violence passionnée, en faisant des gammes sur les lignes mouvantes de la complexité humaine. Les quatre danseurs et danseuses, tous exceptionnels, Csaba Varga, Jann Gallois, Kaori Ito et Péter Juhász, expriment chacun des rapports différents au corps et au désir. Si au Japon l´Asobi est une pratique essentiellement masculine, le spectacle la décline aussi et surtout du point de vue de l´animalité féminine.
En voici le trailer filmé lors d´une présentation précédente du spectacle:
Landscape de SaburoTeshigawara
Saburo Teshigawara est venu présenter au festival munichois la dernière de ses productions, ce qui en fait une première pour l´Allemagne. Le spectacle résulte de la rencontre du travail du chorégraphe et danseur, de la danseuse Rihoko Sato et d´une star du piano, le pianiste compositeur Francesco Tristano.
La musique et la danse occupent un espace scénique défini par le jeu d´un éclairage très cru dessiné par le chorégraphe, qui a également conçu les costumes. Un grand piano à queue, des costumes noirs tant pour le pianiste que pour les deux danseurs qui évoluent aux rythmes de musiques de Jean-Sébastien Bach (les Variations Goldberg et le Clavier bien tempéré) et de John Cage, le tout avec un grand sens de la théâtralisation et de l ´emphase et un son amplifié jusqu´à l´assourdissement. Le pianiste, mis en scène, et la musique sont au coeur d´un spectacle où les danseurs se laissent inspirer par les ligne musicales qu´ils interprètent en en suivant les lignes rythmiques, avec parfois une rapidité de geste telle que la main qui fait le geste disparait et devient une ligne lumineuse sinueuse et mouvante.
Le spectacle est la résultante de la rencontre de la musique et de la danse, comme s´ils se produisaient l´un l´autre dans l´osmose des corps et des sons, avec des aspects lancinants et répétitifs, des contrastes de rapidité et de lenteur, une perfection de la gestuelle et de l´exécution musicale. Un spectacle d´une esthétique dépouillée qui s´auto-contemple et qui distille le temps dans le jeu de ses variations et de ses couloirs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire