Alexandra Flood (Marguerite) Maximilian Mayer (Valentin) |
Sous le titre Dr Faust jr, Le Theater-am-Gärtnerplatz présente en première munichoise une version allemande du Petit Faust de Florimond Ronger, alias Hervé. Le livret de cet opéra bouffe en 3 actes avait été écrit par Hector Crémieux et Adolphe Jaime fils. C´est Stefan Troßbach qui a réalisé le texte des chansons en allemand. La production munichoise du Theater-am-Gärtnerplatz est le résultat d´une collaboration avec l´Académie bavaroise de théâtre August Everding et la Haute école de musique et de théâtre de Munich.
L´opérette d´Hervé, créée en 1869, fait bien entendu référence au Faust de Gounod qui avait été joué pour la première fois dix ans auparavant en mars 1859. Les deux oeuvres s´inscrivent dans la lignée du Faust de Goethe qui date lui de 1808. Le Petit Faust connut alors un succès immédiat puisque il fut représenté plus de deux cents soirées consécutives. L´ouvrage fut souvent repris en France, mais disparut des scènes quelques années avant la seconde guerre mondiale pour une longue période puisque il ne fut remonté en France qu´à partir de 1990.
David Sitka (Dr Faust) et Elaine Ortiz Arandes (Méphisto) |
Elaine Ortiz Arandes (Méphisto) et le choeur |
Ce Petit Faust d´Hervé n´est 'petit' qu´en comparaison avec le 'grand' Faust qu´est le Faust de Gounod. Hervé n´pas tellement fait une parodie de l´oeuvre de Gounod, il ´s´est plutôt amusé à créer une fantaisie sur le thème de Faust. L´argument a tout d´une offenbachiade. Le Dr Faust, un homme âgé, est professeur de son état et fait cours à des jeunes filles délurées. Des soldats font irruption dans la classe, ils sont sur le point de partir à la guerre. L´un deux, Valentin, contraint le professeur d´accepter sa soeur Marguerite dans sa classe. Marguerite se dispute avec ses nouvelles compagnes de classe, plus jeunes qu´elle. Le Dr Faust doit la punir, mais est troublé par les charmes de la demoiselle, et son désir, irrépressible, fait apparaître Méphisto, ici un rôle travesti. Méphisto rend au Docteur Faust sa beauté et sa jeunesse perdues. L´histoire de l´opérette s´éloigne sensiblement de celle des Faust de Goethe et de Gounod. Le professeur, désespéré d´avoir perdu Marguerite qui a disparu, assiste à un bal, où Méphisto lui a promis de rassembler toutes les jeunes femmes prénommées Marguerite que porte la planète, mais il n´y trouve pas sa Marguerite. Cette dernière finit cependant par y faire une apparition et il est dit qu´elle revient de Londres où elle a exporté le french cancan. Le professeur veut emmener Marguerite mais en est empêché par Valentin, de retour de la guerre, qui, choqué de ce qu´il découvre, provoque le professeur Faust en duel. Faust, aidé de Méphisto, se débarrasse de l´encombrant soldat et enlève Marguerite. Au troisième acte, on en apprend de belles sur la vie passée de Marguerite, parsemée de galants, et du Dr Faust, qui avait fait fortune par des moyens douteux puisque il avait vendu son âme au diable pour recouvrer la jeunesse et faire fortune. Le fantôme de Valentin apparaît dans une soupière. Le diable Méphisto mène le bal et condamne Faust et Marguerite à ne plus se quitter et à danser ensemble pour l´éternité, tandis que Valentin, dont l´honneur est ainsi vengé, remonte au paradis.
Tout cela pourrait donner lieu à un spectacle des plus réjouissants, mais nous n´avons pas vraiment pu déguster le bon potage qui aurait pu nous être servi de la soupière spectrale. Si les décors et les costumes de Rainer Sinell sont des plus réussis, la musique souffre du manque de contact visuel entre le chef Michael Brandstätter et les chanteurs qui ne peuvent le suivre que par le relais de deux moniteurs, et la mise en scène de Rudolf Frey, sauf quelques belles scènes très réussies, ne rend pas la vivacité ni de l´oeuvre ni de l´esprit français qu´elle déploie. L´option du Theater-am-Gärtnerplatz de produire l´oeuvre en allemand, si elle facilite l´accès de l´oeuvre au public munichois, la dessèche car elle lui ôte sa substantifique moelle, le génie de la langue française. Et les quelques rares accroches au public émises en français par Méphisto avec le délicieux accent espagnol d´Elaine Ortiz Arandes ne permettent pas de rattraper la mayonnaise tournée. Le texte de Crémieux et de Jaime traduit en allemand voit ses clins d´oeil à Gounod éborgnés. On ne peut ici arguer que le Faust d´origine est le Faust allemand de Goethe. Même ce Faust là, le public du Second Empire le connaissait dans l´excellente traduction de Gérard de Nerval. Le Faust d´Hervé est un Faust bien franco-français et, quelles que soient les qualités de la traduction de Stefan Troßbach, l´oeuvre y laisse des plumes et perd de sa gouaille.
L´orchestre est placé derrière un grillage figurant des arcades en léger arrière plan à gauche de la scène. Des bancs d´école à l´ancienne placés sur roulettes pour les déplacer facilement sont là pour accueillir les écoliers et les écolières de la classe du professeur Faust. Rudolf Frey invente un prologue au récit pendant lequel Méphisto habillé en maître de cérémonie de la comédie musicale Cabaret souhaite la bienvenue au public et se met à chercher parmi les spectateurs quelqu´un qui pourrait participer au spectacle pour jouer le Dr Faust. Méphisto finit par trouver un candidat qui n´est bien entendu, -c´est cousu de fil blanc-, qu´un chanteur assis dans le public. Le procédé est connu et hélas éculé, et le public ne marche pas. Plus tard, au moment du french cancan, les chanteurs essayent une nouvelle fois de faire participer le public à qui ils demandent de mimer la danse par des mouvements des mains. Mais voila, ces chanteurs ne sont pas des danseurs, et les mouvements des femmes qui sur scène agitent leurs jupons pour suggérer la célèbre danse n´entraînent guère l´adhésion du public qui ne réagit que très mollement à leurs sollicitations. C´est un peu à l´aune de cette mise en scène qui part un peu dans tous les sens et rate le rendez-vous avec l´oeuvre de l´inventeur supposé de l´opérette. D´avoir transformé Méphisto en animateur de cabaret donne au diable un aspect bon enfant et suave, ce diable -là n´est point trop dangereux, c´est un bien bon diable.
La mise en scène se rattrape dans les mouvements de groupes, qui sont bien agencés. Ainsi du ballet des bancs d´école ou surtout du bal du début du deuxième acte avec les très beaux costumes figurant un bal Second Empire dont les participants portent pour un moment tous des masques surdimensionnés reprenant la physionomie de Marguerite. Toutes les Marguerites du monde sont bien présentes comme l´a promis le diable qui mène le bal.
Elaine Ortiz Arandes ne parvient pas vraiment à convaincre en Méphisto, et la faute ne est sans doute davantage à la mise en scène qu´à l´excellence de cette chanteuse que l´on a souvent vu briller sur la scène du Theater-am-Gärtnerplatz. Alexandra Flood donne une Marguerite pétulante. David Sitka avec son ténor léger encore juvénile ne brille pas par son jeu d´acteur. Il ne parvient pas vraiment à camper le vieux professeur Faust, mais c´est que, avant l´ouverture, faut-il le rappeler, Méphisto a été chercher un jeune homme dans le public que l´on costume en Dr Faust en scène en l´affublant de vêtements d´époque, de barbe et de perruque postiches. C´est la performance de Maximilian Mayer en Valentin avec un beau ténor solaire qui laisse la meilleure impression d´une soirée qui a surtout l´avantage de faire connaître aux Munichois une oeuvre du répertoire d´opérette qu´ils ne connaissaient pas.
Tout cela pourrait donner lieu à un spectacle des plus réjouissants, mais nous n´avons pas vraiment pu déguster le bon potage qui aurait pu nous être servi de la soupière spectrale. Si les décors et les costumes de Rainer Sinell sont des plus réussis, la musique souffre du manque de contact visuel entre le chef Michael Brandstätter et les chanteurs qui ne peuvent le suivre que par le relais de deux moniteurs, et la mise en scène de Rudolf Frey, sauf quelques belles scènes très réussies, ne rend pas la vivacité ni de l´oeuvre ni de l´esprit français qu´elle déploie. L´option du Theater-am-Gärtnerplatz de produire l´oeuvre en allemand, si elle facilite l´accès de l´oeuvre au public munichois, la dessèche car elle lui ôte sa substantifique moelle, le génie de la langue française. Et les quelques rares accroches au public émises en français par Méphisto avec le délicieux accent espagnol d´Elaine Ortiz Arandes ne permettent pas de rattraper la mayonnaise tournée. Le texte de Crémieux et de Jaime traduit en allemand voit ses clins d´oeil à Gounod éborgnés. On ne peut ici arguer que le Faust d´origine est le Faust allemand de Goethe. Même ce Faust là, le public du Second Empire le connaissait dans l´excellente traduction de Gérard de Nerval. Le Faust d´Hervé est un Faust bien franco-français et, quelles que soient les qualités de la traduction de Stefan Troßbach, l´oeuvre y laisse des plumes et perd de sa gouaille.
L´orchestre est placé derrière un grillage figurant des arcades en léger arrière plan à gauche de la scène. Des bancs d´école à l´ancienne placés sur roulettes pour les déplacer facilement sont là pour accueillir les écoliers et les écolières de la classe du professeur Faust. Rudolf Frey invente un prologue au récit pendant lequel Méphisto habillé en maître de cérémonie de la comédie musicale Cabaret souhaite la bienvenue au public et se met à chercher parmi les spectateurs quelqu´un qui pourrait participer au spectacle pour jouer le Dr Faust. Méphisto finit par trouver un candidat qui n´est bien entendu, -c´est cousu de fil blanc-, qu´un chanteur assis dans le public. Le procédé est connu et hélas éculé, et le public ne marche pas. Plus tard, au moment du french cancan, les chanteurs essayent une nouvelle fois de faire participer le public à qui ils demandent de mimer la danse par des mouvements des mains. Mais voila, ces chanteurs ne sont pas des danseurs, et les mouvements des femmes qui sur scène agitent leurs jupons pour suggérer la célèbre danse n´entraînent guère l´adhésion du public qui ne réagit que très mollement à leurs sollicitations. C´est un peu à l´aune de cette mise en scène qui part un peu dans tous les sens et rate le rendez-vous avec l´oeuvre de l´inventeur supposé de l´opérette. D´avoir transformé Méphisto en animateur de cabaret donne au diable un aspect bon enfant et suave, ce diable -là n´est point trop dangereux, c´est un bien bon diable.
La mise en scène se rattrape dans les mouvements de groupes, qui sont bien agencés. Ainsi du ballet des bancs d´école ou surtout du bal du début du deuxième acte avec les très beaux costumes figurant un bal Second Empire dont les participants portent pour un moment tous des masques surdimensionnés reprenant la physionomie de Marguerite. Toutes les Marguerites du monde sont bien présentes comme l´a promis le diable qui mène le bal.
Elaine Ortiz Arandes ne parvient pas vraiment à convaincre en Méphisto, et la faute ne est sans doute davantage à la mise en scène qu´à l´excellence de cette chanteuse que l´on a souvent vu briller sur la scène du Theater-am-Gärtnerplatz. Alexandra Flood donne une Marguerite pétulante. David Sitka avec son ténor léger encore juvénile ne brille pas par son jeu d´acteur. Il ne parvient pas vraiment à camper le vieux professeur Faust, mais c´est que, avant l´ouverture, faut-il le rappeler, Méphisto a été chercher un jeune homme dans le public que l´on costume en Dr Faust en scène en l´affublant de vêtements d´époque, de barbe et de perruque postiches. C´est la performance de Maximilian Mayer en Valentin avec un beau ténor solaire qui laisse la meilleure impression d´une soirée qui a surtout l´avantage de faire connaître aux Munichois une oeuvre du répertoire d´opérette qu´ils ne connaissaient pas.
Prochaines représentations à la Reithalle de Munich les 20, 22 et 23 mai.
Crédit photographique: Christian POGO Zach
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