La comédie musicale de langue allemande actuellement représentée au Deutsches Theater de Munich a été écrite par Sylvester Levay (musique) et Michael Kunze (livret). Elle nous raconte l'histoire d'Élisabeth de Wittelsbach, plus connue sous le nom d'Impératrice Sissi. Comme il se doit, la première eut lieu en 1992 à Vienne. Depuis lors, plus de dix millions de spectateurs ont assisté au spectacle de par le monde. La véritable histoire de Sissi est devenue la plus célèbre des comédies musicales de langue allemande. Le Deutsches Theater reprend jusqu´au 7 juin 2015 la production dans la mise en scène conçue en 2008 par Harry Kupfer avec les décors très réussis de Hans Schavernoch.
Le destin de la belle Impératrice d'Autriche touche et fascine des générations entières depuis plus d'un siècle. Tout le monde connaît les films avec l'inoubliable Romy Schneider dans le rôle de Sissi et Karlheinz Böhm dans celui de l'empereur François Joseph. Michael Kunze et Sylvester Levay ont abordé la fascinante personnalité de Sissi (ou de Sisi, les Autrichiens optant pour une orthographe avec un seul S) sous un tout autre angle: ils refusent le kitsch et décrivent le chemin de vie de l'Impératrice avec ses hauts et ses bas, ses bonheurs et ses doutes, son engagement et son retrait.
Les auteurs lui prêtent une histoire d'amour avec la Mort (qui est bien un homme, car le nom "mort" est masculin en allemand). Michael Kunze a placé cette figure masculine aux côtés d'Elisabeth, une figure androgyne qui personnifie la personnalité profonde de Sissi. Et cela fait hélas sens: le destin de Sissi est en effet éminemment tragique. Le metteur en scène balafre d´ailleurs la scène d´une grande passerelle oblique en forme de coutelas, comme si la Parque rodait omniprésente autour de la vie de l´héroïne. D´entrée de jeu, le cadavre d´un suicidé y pend au bout de sa corde. On est prévenu, on ne vient pas ici pour écouter une histoire de princesse de conte de fées. C´est là d´ailleurs l´ambiguïté de Sissi: une ravissante jeune fille que tout appelait à vivre une vie heureuse et comblée tombe amoureuse de l´Archiduc d´Autriche, l´épouse et se retrouve écrasée par les conventions, le protocole et une belle-mère rigide et dominatrice. Un autre personnage sert de fil et de narrateur, c´est l´anarchiste italien assassin de Sissi, qui apparaît en entrée de la comédie, et qui la termine par le geste tragique que l´on sait. Le chanteur qui l´interprète revient constamment en scène sous diverses apparences, témoin omniprésent et acteur fatal de la vie de l´Impératrice. De noirs corbeaux, représentés par des figurants porteurs d´une grande aile noire unique à longues rémiges menaçantes circulent sur scène comme autant de porteurs de malheurs et de mauvais présages.
Le metteur en scène devait résoudre le problème de l´absence totale d´unité de lieu: l´action se déroule dans toute l´Europe, de la Bavière à Bad Ischl, de Bad Ischl à Vienne, à Budapest et en Italie, puis, lorsque Sissi se met à voyager à Madère ou à Corfou, en croisière, ailleurs encore....La technique contemporaine du décor photo ou vidéo est sollicitée pour le fond de scène, avec ses panneaux coulissants s´ouvrant pour laisser pénétrer les acteurs, et, combinée à de grands objets de décor, donne des effets saisissants, on se trouve avec Sissi sure la grande roue du Prater dont les nacelles portent pour l´occasion les aigles impériales, des photographies prises sous des angles souvent inhabituels nous entraînent à la Hofburg de Vienne, à la Cour de Budapest ou au Cap Sounion. Ici un grand char impérial trône sur scène avec une tète de mort comme décoration d´un de ses essieux, là le plus célèbre des tableaux représentant Sissi est présent lui aussi, il s´anime et l´impératrice en descend.
Si les décors et la mise en scène sont très réussis, si les chanteurs (trois casts différents alternent sur la période de représentations) et l ´orchestre donnent le meilleur d´eux- mêmes, le bémol vient de la composition de Sylvester Levay, beaucoup trop répétitive et dont les leitmotiv manquent de relief et de définition. Les appels lancinants constamment repris par divers personnages qui chantent le nom de l´impératrice deviennent vite lassants. Mais les vicissitudes de la vie de l´Impératrice sont bien rendues et la mise en scène compense largement la faiblesse de l´écriture musicale, qui offre d´ailleurs quelques grands airs de qualité, comme le célèbre Ich gehör nur mir. Les décors et les somptueux costumes font le reste. Ceux que le destin tragique de Sissi fascine y trouveront largement leur compte.
Selon la programmation, on retrouvera avec plaisir de grands interprètes de comédies musicales comme, entre autres, Roberta Valentini, une Bavaroise de souche, en Impératrice Sissi, Marc Seibert qui chante le personnage de la Mort avec une grande élégance scénique, ou Maximilian Mann en Empereur François Joseph
Une production de Semmel Concerts.
Du 26 mars au 7 juin 2015 au Deutsches Theater de Munich.
Les réservations en ligne sont déjà ouvertes: cliquer ici puis sur tickets.
Voir aussi http://www.elisabeth-das-musical.com/
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