L´Accademia giocosa a donné hier soir son concert "à la française" avec des pièces de François Couperin, Jean-Sébastien Bach, Jean-Philippe Rameau, Jean-Marie Leclair et Georg Philipp Telemann. Les musiciens avaient sélectionné des compositions créées entre 1724 et 1741. A cette époque Louis XV règne sur la France, le mouvement intellectuel des Lumières marque toute l´Europe de son empreinte, tout comme le goût français. Dans les cours allemandes on s´exprime en français, on bâtit et on compose de la musique a la française. Les choix musicaux de l´Accademia giocosa ont voulu souligner ce phénomène en incluant dans ce concert "à la française" la deuxième suite de Bach avec sa succession de danses françaises et une sonate du très européen Telemann.
L´Accademia giocosa joue uniquement sur des instruments baroques d´époque, d´un maniement parfois délicat, comme ce clavecin qu´il a fallu installer plusieurs jours avant le concert pour des raisons d´acclimatation. Quatorze musiciens se produisaient hier soir en diverses formations selon les pièces exécutées, du trio à l´ensemble orchestral d´une dizaine de musiciens.
Les musiciens ont d´abord exécuté le huitième concert " dans le goût théâtral" de Couperin le Grand, extrait des "Goûts réunis", une oeuvre au style synthétique où le « goût italien » et le « goût français » se conjuguent, à certains moments non sans humour. Couperin mêle le goût de la danse et l´ornementation à la française au goût de la symétrie et à un chromatisme discret à l´italienne. Dès ce premier morceau, on a pu apprécier le jeu délicat et tendre d´Henrik Wiese à la flûte traversière dont il joue avec une douce fraîcheur, comme en flânant d´abord, puis avec une sensualité langoureuse.
On a ensuite entendu un extrait des "Pièces de clavecin en concerts" de Rameau, qui constituent le seul exemple de musique de chambre du compositeur et qui ont été composées en pleine maturité. Rameau dans ces pièces donne l´avantage au clavecin, joué hier soir avec virtuosité par Peter Kofler, l´accompagnement étant réservé au violon et à la viole de gambe. ´Le compositeur a dédié les trois parties du cinquième concert à un gambiste et à une cantatrice de son temps, et, pour la troisième, au compositeur de la cour de Louis XIV Marin Marais.
En fin de première partie, la deuxième suite de Bach, avec à nouveau une mémorable interprétation de Henrik Wiese à la flûte traversière, qui culmine en apothéose dans le morceau de bravoure final de la badinerie.
La seconde partie nous fait d´abord découvrir la "Deuxième récréation de musique", op. 8 Jean-Marie Leclair, une oeuvre d´exécution facile selon les dires du compositeur qui était lui-même un violoniste virtuose. L´oeuvre, composée pour deux violons, une viole de gambe et un clavecin et a été remarquablement exécutée par les musiciens de l´Accademia giocosa, avec Rodney Prada à la viole de gambe. A voir et à entendre la qualité de l´interprétation, on ne peut que sourire au propos de facilité du compositeur.
L´Accademia giocosa termine la soirée par une sonate de Telemann (TWV 50:4) qui nécessite la présence d´un ensemble orchestral de dix musiciens, une sonate que l´on peut retrouver sur le CD d´oeuvres inédites de Telemann enregistré par l´académie, un CD dont l´excellence a recueilli un diapason d´or.
On pourra bientôt écouter ou réécouter le concert sur le site web de BR-Klassik en vidéostream de haute définition: cliquer ici.
Prochain concert le 19 mai dans la salle impériale de la Résidence de Munich.
Prochain concert le 19 mai dans la salle impériale de la Résidence de Munich.
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