"Improved Gramophone" d´Emil Berliner, vers 1898. Collection Reinhard Häfele, Frastanz |
Le Musée juif de Munich présente jusqu´au 22 novembre 2015 une exposition centrée sur l´importante contribution juive à l´histoire du disque analogique depuis l´invention du gramophone.
L'exposition se concentre sur une facette de la culture populaire juive qui a contribué à changer la face du monde. A la la fin du 19ème siècle, en 1887, Emil Berliner (1851-1929), un Juif allemand réfugié aux États-Unis, inventa le gramophone, une invention qui à terme fit entrer le monde dans l'âge du divertissement de masse: le gramophone enregistre le son sur un disque plat, qui a pour avantage par rapport au phonographe de Thomas Edison, enregistrant sur cylindre, de pouvoir se reproduire facilement par pressage. Berliner publie en 1894 son premier catalogue de disques musicaux en enregistrant des chanteurs connus et fonde en 1898 sa société de production d'enregistrements musicaux, la Berliner Gramophone, dont la branche allemande sera à l'origine de la compagnie Deutsche Grammophon. Pendant une centaine d´années, jusqu´à l´apparition des CDs et de la culture digitale de l´internet, les disques 78 tours puis 45 et 33 tours ont servi à véhiculer la culture populaire dans le monde entier. Les disques ont recueilli toutes les expériences du 20ème siècle, ses utopies et ses catastrophes, ses illusions et ses espoirs. Les disques, reproduits en masse, ont à la fois exprimé le goût collectif et servi de moyens d´expression de l´identité personnelle, ils ont aussi été l´objet de rituels. L´expérience juive du 20ème siècle a elle aussi trouvé à s´exprimer par le truchement du disque, depuis l´enregistrement du chant religieux des chantres (cantors ou hazanims) qui dirigent l´office religieux dans les synagogues et qui ont pour certains développé un art vocal impressionnant jusqu´à celui de la musique punk en passant par la musique de films ou de comédies musicales, le klezmer et les chansons de grandes stars de la chanson populaire comme Barbara Streisand, Bob Dylan, Léonard Cohen ou Georges Moustaki.
Le titre de l´expo Jukebox, jewbox est né d´un jeu de mots homophone: la première syllabe de jukebox se prononce de la même manière que le mot jew, juif en anglais. L´expo présente d´abord une série de phonographes et de gramophones et nous conduit ensuite dans un espace dont les parois sont constituées de couvertures de 78 ou de 33 tours, ces pochettes où les graphistes ont pu exprimer leurs talents. avec au centre une grande table d´écoute qui nous invite à chausser des écouteurs pour entendre une sélection de musiques significatives. Un espace détente invite à regarder sur des tablettes toute une série de vidéos (" jew tube", clin d´oeil à youtube) avec des musiques d´artistes juifs du 20ème siècle.
Un impressionnant catalogue réalisé par le concepteur de l´exposition, le Dr Hanno Loewy, invite à une découverte plus approfondie de l´univers fascinant de la très importante contribution juive à l´univers du disque analogique et à la culture qu´il a médiatisée.
Une exposition à voir et à entendre au Jüdisches Museum München jusqu´au 22 novembre 2015.
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