Constantinos Carydis |
Gerhard Oppitz |
Changement de ton dans la deuxième partie avec des oeuvres moins théâtrales mais très inspirées. Beaucoup découvrent avec bonheur la composition de Carl Nielsen qui illustre de manière réaliste la thématique grcque antique qu'elle veut représenter, et que Nielsen a sans doute découverte par le biais des Métamorphoses d'Ovide. Le poème symphonique illustre l'invention de la flûte de Pan par le dieu qui est tombé amoureux de la nymphe Syrinx. Poursuivie, cette dernière a demandé l'aide des nymphes de la rivière. Elle fut alors transformée en un roseau creux qui se mit à émettre un son sifflant et chantant lorsque le vent s'est mis à souffler. Pan se mit alors à couper les roseaux de longueur inégale et les attacha ensemble avec de la cire pour créer un instrument de musique auquel il donna le nom de syrinx, en souvenir de son amour déçu pour l'hamadryade. Nielsen a écrit une oeuvre qui privilégie les solos de bois, un travail nuancé et rigoureux, d'une grande force poétique, avec des touches inspirées et charmantes, que l'orchestre et ses solistes ont rendu avec une délicatesse toute impressioniste. Le poème symphonique se joue en seulement dix minutes de pure déléctation.
On attendait avec grand intérêt la manière dont Constantin Carydis allait diriger La mer de Claude Debussy, sachant que le maestro grec dirigera une des premières les plus attendues de la saison munichoise, le Pelléas et Mélisande du compositeur français. Et son interprétation est des plus prometteuses: Carydis semble pénétrer l'esprit du compositeur pour en communiquer la quitessence avec une sensibilité pénétrante et une émotion habitée. L'idée de juxtaposer cette oeuvre phare de Debussy avec le poème symphonique de Nielsen est des plus heureuses et témoigne de la finesse de l'esprit de recherche qui anime le maestro. Il nous fait voyager dans la cosmologie debussyienne en surfant sur ses vagues et en nous laissant emporter dans ses tempétueuses bourrasques ou en nous en faisant admirer les palettes croissantes d'un lever de soleil. L'orchestre de Bavière se laisse lui aussi emporter par la vision de Constantin Carydis: le mouvement des cordes et des flûtes qui symbolise le flux et le reflux des vagues est tout simplement magnifique, les violoncelles chantent le retour de la bonce et le son de la flûte s'élève comme l'envol d'un oiseau marin, le théâtre national a disparu, l'orchestre et son chef nous font partager leur croisière. Et l'émotion des passagers que nous sommes devenus de se traduire dans des bravi et des trépignements d'allégresse et de reconnaisance lyrique.
Le Pelléas et Mélisande qui ouvrira le Festival d'été de l'opéra bavarois (Münchner Opernfestspiele) est confié aux meilleures mains, des mains qui, "vers le ciel plein de lacs de lumière, s'envolent quelquefois telles des oiseaux blancs", les mains de Carydis qui dirigent l'orchestre sans baguette et convient les âmes à des océans de musique.
En radio, BR-Klassik diffuse ce soir le concert du Bayerisches Staatsorchester en direct du Théâtre national de Munich à partir de 20 H. Le concert est ensuite disponible à l'écoute pendant sept jours sur le site internet de la radio bavaroise. L'occasion de découvrir le travail et la vision d'un grand chef. www.br-klassik.de
Constantin Carydis dirigera ce mois-ci les représentations du Don Giovanni de Mozart, et le Pelléas et Mélisande lors du Festival d'été.
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