Le Festival de Bregenz reprend cet été l'extraordinaire production montée l'an dernier par le Directeur général du festival, David Pountney. A chaque représentation, 7000 personnes peuvent assister à la féerie mise en place par le metteur en scène britannique.
David Pountney a relié l'opéra de Mozart aux mythologies anciennes qui, de la Chine ou du subcontinent indien ou aux Iroquois amérindiens, placent le monde sur la carapace d'une immense tortue. Diverses cultures ont fait de la tortue, ronde sur le dessus et plate en dessous, la représentation vivante de l'univers: la tortue nageant dans l'océan primordial a contribué à la formation de la terre; cosmogonique, elle se fait cosmophore. L'histoire mozartienne de la lutte entre les forces obscures et magiques de la nature et les forces solaires et transformatrices des épreuves initiatiques et de l'avancée vers une humanité nouvelle prend ici place dans les eaux primordiales du lac de Constance et conduit à la création d'un nouvel Adam et d'une nouvelle Eve qui à la fin du spectacle viendront rejoindre les spectacles et en renouveler l'humanité. Pountney inclut ainsi les spectateurs dans sa vision du monde: chacun de nous peut être un Tamino ou une Pamina et parcourir un trajet initiatique de développement personnel.
David Pountney est sans doute un génial rêveur ludique et inventif dans le processus créatif, un créateur qui s'amuse et veut donner du plaisir, mais c'est à la fois un excellent gestionnaire qui a su s'entourer d'une équipe de créateurs et de techniciens extrêmement performants. Sous le rêve se trouvent un montage financier d'envergure et une ingénierie technique audacieuse.
Quelques chiffres, éléments du superlatif
L'estimation du coût des décors: plus de 7 millions d'euros sur un budget total de 20 millions! Les organisateurs espèrent dépasser les 75 pour cent d'occupation, c'est-à-dire plus de 300.000 spectateurs par saison.
Le décor doit rester en place le temps de deux festivals, il doit résister à l'hiver comme à l'été: les matériaux utilisés doivent supporter des températures allant de moins vingt à plus quarante degrés Celsius.
La scène sur le lac est construite sur pilotis: 119 pieux de bois et d'acier sont enfoncés dans le sol du lac.
80 hauts-parleurs sont dissimulés sur scène et 800 autres dans l'amphithéâtre. Le fameux système BOA (Bregenz Open Acoustics) permet aux spectateurs de localiser l'origine du son sur scène.
Un carrousel sous-marin constitué de rails entoure la scène centrale et permet de convoyer toute une série d'objets mobiles en donnant l'illusion qu'ils naviguent: la main sur laquelle Tamino fait son entrée en scène, la barque funéraire du père de Pamina, la tortue qui porte une cage de verre où est enfermée Pamina, l'oeuf qui convoie Papagena vers son bien aimé,...
Les dragons-chiens ont une hauteur de 27 mètres et dissimulent toute une technique et des escaliers qui permettent aux chanteurs et aux acrobates d'accéder aux passerelles supérieures qui les relient entre eux. Les passserelles ont respectivement 19 et 25 mètres de longueur et sont situées à 17 mètres au-dessus de la surface du lac.
La scène centrale, la carapace de la tortue, peut pivoter sur elle-même de 180 degrés en 40 secondes et permet les changements de décor: on passe du monde vert de la nature avec sa gigantesque forêt de graminées qui peuvent se dresser au s'affaisser (par gonflage et dégonflage) au monde minéral et doré de Sarastro, avec ses poings symboliques. 125 énormes brins constituent la forêt. Ils sont recouverts de toile spéciale pour ballons et ont été confectionnés par les ateliers du festival. Le plus haut des 'brins' atteint 6 mètres 30.
16 containers de 6 mètres de longueur se trouvent dissimulés en arrière scène et servent d'entrepôts et de garde-robes. La superficie totale de rangement de l'arrière-scène est de 828 mètres-carrés .
Le spectacle a été réduit pour des raisons organisationnelles (il commence à la tombée de la nuit et doit se terminer à temps pour que les spectateurs aient accès aux derniers trains). Il dure 2 heures 15 minutes, soient une vingtaine de minutes de moins que lorsque l'opéra est joué dans son intégralité. les coupures concernent essentiellement les dialogues parlés et un tercet au deuxième acte. Le spectacle se déroule sans entracte.
Tout est à vendre après les deux saisons festivalières, des costumes aux chiens dragons, s'ils trouvent des acquéreurs qui s'occupent de les transporter, tâche peut-être impossible.
Reportage photographique: éléments techniques
La tortue a une tête de dragon bourrée de technique,
des techniciens soignent les derniers détails.
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Mise en abyme: les pattes de la tortue sont elles-mêmes des tortues
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Derrière la scène sur le lac, le monde de la technique, invisible pour le public
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Une main géante attend d'être placée sur la carrousel subaquatique
qui entoure la scène sur le lac. |
Les mains du monde doré de Sarastro attendent d'être placés sur la scène
comme éléments du décor
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de même que la robe de la Reine de la Nuit, au centre de laquelle une plate-forme
qui peut être élevée attend sa cantatrice.
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Les Dames montées sur leurs oiseaux mythiques, la gondole endeuillée
du père de Pamina, et l'oeuf nautique qui mènera Papagena après
sa transformation vers son Papageno.
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Une passerelle mène les Dames vers la scène centrale. |
Le décor de la Festspielhaus, vert et or, où les détenteurs de places de première
catégorie pourront continuer à suivre le spectacle en cas d'intempéries.
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Maquette pour l'entrée en scène de Tamino sur sa main géante |
Maquette pour les yeux de la forêt |
Maquette pour la gueule du dragon (tête de la tortue) |
Modèle d'écailles de tortue |
Echantillon de tissu pour la robe de la Reine de la Nuit. |
Dessin préparatoire pour la forêt de graminées |
Photos (C) Luc Roger
Renseignements et réservations
Un spectacle à ne pas manquer, du 24 juillet au 25 août 2014.
Source et plus d'infos sur le Festival en allemand ou en anglais en cliquant ici.
Dates des représentation et réservations en ligne: cliquer ici
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