Roland Schneider/ Le diablotin, Paul Schweinester Keawe, Katharina Ruckgaber/Kokua |
Le livret met en place l'action de manière schématique et rapide sans donner beaucoup de contours aux personnages: Keawe ne peut épouser Kokua, sa bien-aimée, parce qu'il se fait dérober la bourse qui contenait toutes ses économies/ il rencontre le possesseur de la bouteille magique et la lui achète/ il souhaite la richesse et devient très riche par la mort soudaine de son oncle/ la richesse ne lui apporte pas le bonheur espéré et il revend la bouteille/ il est alors atteint de la lèpre,... La succession des événements est énoncée de manière assez sèche et précipitée, et les personnages présentés tout en superficie. Ce n'est qu'après l'entracte que l'action s'anime un peu et que la sauce prend enfin. Le thème de l'amour rédempteur est bien mené: tant Kokua que Keawe veulent se sacrifier pour se sauver l'un l'autre de la damnation éternelle. Le quatuor final est assez réussi. Kokua et Keawe peuvent enfin déployer les ailes de leur amour, et le marin ivre qui a acheté la bouteille maudite refuse de s'en séparer et s'en va retrouver le génie androgyne pour peut-être filer avec lui un amour alcoolisé, infernal et éternel.
La mise en scène et les décors doivent faire avec les moyens du bord: la Carl-Off Saal du Gasteig ne dispose pas des possibilités techniques d'un grand théâtre. La mise en scène de Nicole Claudia Weber utilise intelligemment les projections vidéos qui tiendront lieu d'effets magiques. Comme il s'agit d'un conte, on se serait cependant attendu à une meilleure définition des costumes et des décors avec une plus grande différenciation des différentes cultures en présence. Là aussi, on ne sent pas de direction précise. Faire chanter le diable en lui demandant de simuler un accent parigot ne suffit pas à créer une atmosphère tahitienne, c'est incongru, cela nous rapproche plus de Paris que de Papeete.
Restent les interprètes: le contre-ténor Roland Schneider se démène comme un beau diable avec un excellent jeu de composition de son personnage, mais il lui est parfois demandé d'interpréter l'esprit du Mal par un fausset criard qui écorche les oreilles, il a l'art et le sens des planches, et anime une soirée qui sans lui semblerait s'étirer sans fin. On est sensible au joli soprano de Katharina Ruckgaber dans son interprétation de Kokua, et on admire le métier de Heinz Schmidtpeter qui incarne avec un égal talent Kiano, le père de Kokua, et un mendiant.
Le public accueille la production par des applaudissements polis, saluant surtout la performance de l'orchestre et des chanteurs.
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Huit représentations jusqu'au 28 février. Cliquer ici pour le chemin vers les réservations.
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